Mon Cauchemar

908 46 23
                                    

Attention ! Ce chapitre parle de violences graves.

PDV MOON :

J'étais seule, encore. Assise sur cette fichue balançoire. J'avais mal. Pire encore... je doutais.
Gladio... Lillie... Sun... Euphorbe... Pimprenelle... Tili...
En avais-je rêvé ? Existaient-ils ? Ou sortaient-ils de mon inconscient, de mon esprit fatigué, qui semblait jour après jour se rapprocher de la mort ?
Cela faisait deux mois maintenant. J'entendais encore cette voix grave, m'hurler « Je te retrouverai ».
Étais-je tombée amoureuse d'un mirage ?
S'il existait vraiment, je me sentais mal d'en douter ainsi. Mais ce que je savais, c'était que mensonge ou non, folie ou non, raison ou non...
Je l'aimais quand même. 
Je n'avais pas mangé depuis quatre jours. Kyle allait bien... enfin, façon de parler. Il était vivant au moins.
Mon nez me brûlait, et j'eus un haut le coeur : je me mis à vomir dans le fossé d'à côté.
Je voyais les passants et passantes me dévisager comme si j'étais une bête enfermée en cage dans un Zoo. Ils semblaient attristés, avaient pitié de moi. D'autres riaient de ma situation. D'autres me narguaient cruellement avec leur viande, leur pain, leur sucre. Je voyais la Tour Eiffel au loin, qui semblait me regarder de haut. Elle était magnifique.
Mais je préfère la mer...
Je n'avais pas ma place ici.
Ni au collège ni chez moi.
Le seul endroit où je m'étais sentie bien, c'était là, confortablement enlacée dans ses bras, sa douce chaleur se mêlant à la mienne. Son coeur battait rapidement, sa respiration était lente.
Là, quand ces yeux verts profonds m'observaient en silence, sans me juger, se dégoûter de moi, se lasser de moi.
Là, sur ce lit, entourée par cette odeur qui me répugnait, certes, mais mêlée à ce doux parfum, la sensation paraissait moindre, comme si ma peur s'envolait.
Là, sur cette montagne, dont la neige éternelle tombait doucement refroidissant l'air, mais qui pourtant, durant cet instant là, elle semblait réchauffer mon coeur.
Là, dans ce monde dont j'avais peut-être rêvé, mais qui m'avait appris à aimer et à être aimée.
Je n'ai jamais pu te redire je t'aime
La peur du vide sans doute
Plus rien ne donne de sens à la fête,
J'ai dû perdre le sens de l'humour
Finalement, il semblait froid mais avait plus d'humanité que ces autres vautours
Y'a des silences qui disent « je t'aime »
Et des « je t'aime » qui, putain, crient
Au secours...

Cette chanson s'en allait puis revenait dans mon esprit. C'était celle que j'avais chanté à Gladio. Et... le second couplet me ressemblait étrangement.
J'en riais, et pourtant, ce n'était pas drôle.
Au secours... entends-tu ces mots ?
Je me décidai enfin à rentrer, m'attendant au pire. Lorsque je franchis le seuil de ma porte, j'assistais à une dispute de mes parents.
Comme d'habitude.
Je montais rapidement dans ma chambre, espérant ne pas avoir été entendue.
J'entendis un cri, puis deux.
Comme d'habitude.
L'heure du repas invisible était venu. À peine descendue, je vis Kyle en larmes, Maman hurler de douleur. Je regardais dans le vide, je ne voulais pas voir tout ça. Je bouchais mes oreilles, là où les cris ne me parvenaient plus... jusqu'à ce que je sente une main m'agripper par les cheveux.
Mon souffle était irrégulier, mes plaies étaient encore ouvertes.
- Lâche-moi !
? : Depuis quand tu oses me répondre, fille ingrate !

Je me pris un poing dans la figure. Ma joue était couverte de bleus tous plus douloureux les uns que les autres. L'odeur de l'alcool régnait dans la pièce.
Je parvenais à me faire lâcher, et sortis en courant. Je n'avais toujours pas eu de repas.
Je préfère dormir dehors.
Comme d'habitude, en fait.
Je continuais de courir, tentant d'échapper à la voix masculine qui m'ordonnait de revenir. Je n'écoutais pas, et partis loin de lui.
Je finis par trébucher, et me retrouvais la tête collée au sol.
Des voix me jugeaient, là, derrière moi.
- Elle ne sait même pas courir. Ce genre de gosse est répugnant !
- Beurk, elle est sale ... et toute maigre !
- Waw. Pourquoi elle est pas au tribunal ? Elle est maso ?
- Écoeurant.
- Dégoûtante.
- Quelle pauvre enfant.
- Pourquoi elle est comme ça, maman ?
- Chut, ne la regarde pas.

Je voyais la mère mettre ses mains devant les yeux de son fils, seul qui paraissait outré de mon état.
- pauvre gamine.

C'est ça... pauvre gamine, mon oeil oui. Si vous vous souciez vraiment de mon état, vous m'auriez aidée.
Je me morfondais.
Je voulais rester dans ce havre de paix, même si ce n'avait été qu'un rêve.
J'aurais voulu rester à ses côtés toute ma vie. Je savais que je n'aurais pas dû en tomber amoureuse. Je le savais et pourtant... je savais aussi que c'était trop tard.
Je plongeais ma tête sur le sol, pleurant ce qu'il me restait de larmes. Je ne savais plus quoi faire.
Je veux y retourner...
? : Jeune fille. Tu m'entends ? Relève la tête.

Je refusais. J'étais sûre qu il se moquerait de moi, comme tous les autres.
? : Je sais que tu es consciente... tout va bien, je te le promets.
- Tout va bien, vous vous fichez de moi ?! Vous les passants, ne savez RIEN de moi !

Je relevais la tête, la fureur montant en moi. Un homme blond aux yeux verts m'observait.
Gla...dio?
Ah non, ce n'était pas lui. J'avais eu une hallucination due à la fatigue, la faim, la soif. L'homme était trop bronzé et avait les yeux marrons. Et... il était beaucoup trop vieux.
On dirait un paysan...
Il m'attrapa délicatement par le bras, me forçant à m'asseoir. Il prit des cotons dans son grand sac, du désinfectant, et commença à nettoyer mes plaies.
Il a des airs de Gladio tout de même...
? : Comment t'appelles-tu, jeune fille ?
-... Moon, monsieur.
? : C'est assez rare comme prénom. Bon je dis ça, mais le mien l'est encore plus. Du moins, sûrement de ton point de vue.
- C'est-à-dire ?
? : Je m'appelle Mohn.

J'avais l'impression que ce nom m'était familier, comme si je l'avais déjà entendu. Pourtant, il avait raison : c'était un nom vraiment hors du commun.
- Vous me faites penser à quelqu'un...
Mohn : Peut-être, haha !

Même son rire ressemblait à celui de Gladio, c'en était impressionnant.
Il me tendit une gourde remplie d'eau, que je reniflais, méfiante.
Mohn : Je ne vais pas t'empoisonner, jeune fille. Tu peux boire.

Je vidai avidement l'eau de cette gourde, me rendant compte que ma gorge était complètement sèche. Dès que l'eau franchissait mes lèvres pour se frayer un chemin dans ma gorge, la sensation me brûlait celle-ci.
Mohn : Doucement, gloutonne !

Manglouton !
Là, on dirait un Rattatac qui a trop mangé.
Plus le temps passait, plus je trouvais qu il lui ressemblait. Je regardai le sol, pensant encore et toujours à la même personne : Gladio.
Pensait-il encore à moi, ou m'avait-il oubliée ?
M'avait-il pleuré après ?
M'aimait-il encore ?
Parce que moi, toujours.
Les monuments de la ville de Paris semblaient m'observer, comme les gens qui passaient.
Je me sentais encore plus honteuse sous leur regard, après tout :
Qu'étais-je à leur comparaison ? Juste une fille sans avenir, que la mort n'allait pas tarder à chercher.
- Monsieur, je vous remercie pour l'eau.
Mohn : Ce n'est pas grand chose, mais tiens.

Il me tendit un sandwitch, que je refusais d'un signe de tête.
- C'est à vous, vous l'avez payé.
Mohn : J'insiste.
- Pourquoi vouloir autant m'aider ?

Il semblait soudain triste. Comme si j'avais dit quelque chose qu'il ne fallait pas.
Mohn : Parce que je refuse de laisser une enfant qui a besoin de mon aide. Je refuse de refaire cette erreur.
- Quelle... erreur ?

Je savais que ça ne me regardait pas, mais cet air triste et cette ressemblance avec mon amour perdu me laissaient perplexe.
Mohn : C'est l'histoire d'un homme passionné par ses recherches. Il faisait tout pour trouver une réponse à tout. Il avait une femme et deux enfants adorables. Il les aimait du fond de son coeur. Mais un jour, il eut trouvé la réponse d'une expérience qui l'intéressait tant. Il refusa l'idée d'utiliser un cobaye, cela le dégoûtait. Alors... ce fut lui, le cobaye. Malheureusement son expérience fut ratée, et il partit loin, très loin de sa famille. Il ne put jamais les revoir.
- Oh... je suis désolée.

J'entendis soudain une voix que je connaissais que trop bien.
? : MOON, RAMÈNE TON CUL LÀ !

On m'attrapa par la peau du cou. Mohn parut choqué, mais fut poussé brutalement à terre. Il retomba en arrière, pendant que mon Cauchemar me trainait jusqu'à chez moi. 
Gladio... au secours...

Coucou ! Voici pour ce chapitre 18. C'est triste, n'est-ce pas ?
Qui est Mohn ? Je pense que vous le savez héhé !
À pluuuus 😘😘

Le Monde dont tu viens { Moon X Gladio }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant