Chapitre ∞ 12

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Ça doit faire presque un mois que je suis revenue en France. Le pire mois que j'ai pu vivre, entre les disputes de famille, la santé de ma grand-mère qui ne s'améliore pas et le silence radio de San. Aucun message, aucun appel de sa part. Ai-je fait quelque chose de mal ? Me détestait-il ? Lorsque j'appelle mes amies, je n'ose pas demander des nouvelles de lui, surtout qu'elles ne voient pas beaucoup les garçons non plus.

Ce mois m'a servi à prendre une décision : faire une pause dans mes études. Il m'était impossible de travailler, de me concentrer. Mes pensées étaient beaucoup trop occupées et n'étaient pas positives. Ce mois m'a renfermé sur moi-même. J'ai un appétit d'oiseau, je reste dans ma chambre à dormir ou écouter de la musique. Je voulais juste être seule. Mais c'est bien évidemment contre l'avis de ma mère.

Bien que je sois adulte, j'étais toujours dépendante. Je sais que je peux être indépendante, mais il y a toujours cette habitude d'obéir à mes parents malgré mes réelles envies.

Ce soir, on accueille mes cousins à dormir chez nous. Je passe la plupart de mon temps sur mon téléphone dans ma chambre en compagnie de mon cousin le plus proche : Rayan. Il était calme et j'adorais passer du temps avec lui. Tous les deux, nous avons été élevés par nos parents comme des jumeaux, je n'avais que deux semaines de plus que lui.

La porte de ma chambre s'ouvre soudainement sur ma mère. Elle s'approcha de nous et me tend sa carte tout en me demandant de commander à manger pour tout le monde. Comme à mon habitude, j'obéis et me mets seule dans un coin pour pouvoir commander, j'étais mal à l'aise de le faire devant quelqu'un.

Tout ce passage bien pendant l'appel, les commandes ont été faites et j'ai dû leur donner un numéro de téléphone, par défaut le mien, en cas de problème. Pendant que les petits jouaient et les adultes parlaient et riaient, j'attendais patiemment à l'extérieur de la maison, devant mon portail, que la livraison vienne.

J'envoyais des messages avec les filles et jouais avec la carte bleue de mon autre main jusqu'à que j'entende un scooter et le vois s'arrêter devant ma demeure. Je m'approche du portail, l'ouvre, puis, lorsque que je croise les yeux du livreur, mon corps à cesser de bouger. Ce n'était pas possible, ça ne pouvait pas être lui. Je vois ma mère qui passe devant moi tout en me bousculant, et je me ressaisis instantanément. Ma mère prend les sacs pour les ramener à l'intérieur pendant que je paie.

Je tends la carte au livreur tout en l'observant. Pendant un instant, je pensais vraiment voir celui qui hantait mes pensées. Il me tend l'appareil pour que je tape le code puis lui rend tout en continuant de l'observer discrètement. Il me rend ma carte et le reçu. Il nous salue poliment avant de se remettre sur son scooter.

Il ressemblait à San. Que ce soit de par son apparence ou sa voix, mais l'odeur ne semblait pas être la même. Mais si c'était vraiment lui, il m'aurait adressé la parole n'est-ce pas ? Ou alors c'est moi qui commence à halluciner et à voir des San partout ! Je ne sais même pas quoi en penser mais ça me faisait perdre la tête. J'avais l'impression de perdre un grand pilier de ma vie...

Cela me coupa totalement l'appétit. Je restais par politesse à table avec ma famille tout en souriant, comme si de rien n'était. Je ne voulais faire qu'une seule chose : m'enfermer dans ma chambre en essayant de m'endormir ou de me divertir pour ne plus penser à lui. Ou bien partir voir ma grand-mère à l'hôpital pour tout lui raconter, comme je le faisais depuis toujours.

Le soir commence à tomber et mes cousins ainsi que mes frères et sœurs viennent dans ma chambre pour dormir. Je fus la dernière à rester éveillée, comme depuis mon arrivée. Les insomnies sont devenues mon mode de vie. D'autant que je n'arrêtais pas de penser à ce livreur. Je sais que ce n'était pas San, mais j'étais tout de même perturbée.

Même en étant loin de lui, quoi que je dise ou fasse, tout me rappelle San. J'interprète ça comme le destin qui me suit de près, qui ne me lâchera pas. Il est présent, tout comme San dans mon cœur et dans mon esprit, il m'appelle et toque à ma porte. On ne peut échapper à son destin, et j'en prenais vraiment conscience maintenant.

En regardant par la fenêtre, je remarque que le soleil commençait à se lever. Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Je me dirige silencieusement vers la salle de bain et vois mes cernes qui sont plus sombres et mon teint pâle. Je me rince le visage pour me réveiller puis commence à me préparer afin de rendre visite à ma grand-mère de la meilleure façon. Je sais qu'elle n'apprécierait pas de me voir comme ça.

J'écris rapidement un mot pour mes parents pour qu'ils ne s'inquiètent pas et sors enfin prendre l'air. Je me balade donc de transports en transports jusqu'à arriver à Paris. Sur mon chemin, je décide de m'arrêter devant une boutique de fleurs et d'en acheter quelques-unes pour les offrir.

En sortant de la boutique, je fus à nouveau frappée par une hallucination. Au feu juste devant la boutique se trouvait un van. À l'arrière, une fenêtre était ouverte montrant le magnifique de San. Je secoue tant bien que mal ma tête pour la faire partir, mais elle était toujours là. Un vent souffla et amena le parfum de San à mes narines. C'était lui. Je n'y crois pas.

— San ..., dis-je inaudiblement.

Je lâche le bouquet que je tenais dans la main. Mes jambes commèrent à trembler, j'avais du mal à me tenir debout. Sa tête tourna soudainement vers moi avec l'agitation de quelques personnes. Ses yeux se sont agrandis mais il n'eut le temps de faire quoi que ce soit que le van démarra et l'éloigna de moi. Il m'avait reconnu, j'en étais maintenant sûre. Mais pourquoi ne m'avoir rien dit ? Me détestait-il d'être revenu en France, de l'avoir éloigné de moi ?

Les larmes coulent le long de mes joues sans que je m'en rende compte pendant qu'une vieille dame reste près de moi et me console tout en me rendant mon bouquet. Quelques minutes plus tard, elle me laissa seule lorsque mes larmes cessèrent de couler. Puis j'entends mon prénom au loin, je cherche donc la personne qui m'appelle puis voit San courir vers moi.

— Shaïa !, crit-il à nouveau en courant vers moi à bout de souffle.

Il me prit instinctivement dans ses bras et j'y répondis instantanément. À ce moment, j'avais oublié tout ce qu'il s'est passé ce dernier mois et j'avais commençais à le serrer fortement contre moi pendant que celui-ci me releva. Il cale sa tête dans mon cou et je ressens quelques larmes sur ma peau. Je sers davantage son corps fin contre moi, je ne voulais plus le lâcher.

DESTINY || San ATEEZ || nearlyritaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant