Vingt-et-unième danse

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Alan,

J'ai fait quelque chose d'horrible. Et je me dois te le dire.

En réalité, je ne sais pas vraiment par où commencer. Alors je pense que je vais commencer par le tout début.

Comme tu le sais, il y a un peu plus d'une semaine, j'ai posté ma dance cover avec Matt et MODELS l'a notifiée. Par message privé, j'ai commencé à parler avec Aaron. On s'est tout de suite bien entendu alors c'était naturel pour nous deux. Et puis moi, je ne pensais pas à mal, tu étais d'ailleurs au courant de presque chaque message. Au début...

On s'est échangé nos numéros, mais c'était encore amical. Je trouvais ça tellement incroyable ce que je vivais que je n'ai pas fait attention. Peut-être aurais-je dû. Sûrement aurais-je dû.

Puis après, il m'a invité à une soirée. Cette soirée où tout a commencé. Où j'ai commencé à te tromper...

Sur le moment, je m'amusais juste et puis encore une fois, c'était un peu comme dans un rêve, j'aimais tellement leur travail... Aaron me faisait beaucoup de compliments, et ça me faisait plaisir, mais je pensais que c'était juste comme ça, que c'était dans sa nature et qu'il en faisait à tout le monde. Et puis, j'étais trop gênée pour lui dire quoique ce soit. Il était une star reconnue et les fréquenter c'était inespéré, alors je ne voulais pas tout gâcher. Au final, c'est notre relation que j'ai gâchée.

Peut-être que j'aimais bien ça. Être complimenté. Pourtant tu m'as toujours dit, depuis le premier jour, les plus gentilles choses auxquelles je pouvais avoir droit. Mais, quand c'est un de nos modèles, j'imagine que c'est différent. J'imagine qu'inconsciemment, on idéalise chaque mot et chaque geste sans raison. Ou peut-être que c'est juste moi.

On a continué de se voir avec Aaron. Beaucoup. Un peu trop pour que ça ne soit que professionnel ou qu'amical. Un ami, même quand on vient de le rencontrer, on n'a pas besoin de le voir aussi souvent, on n'est pas aussi attaché. Je n'ai pas vu que c'était déjà malsain à ce stade, que c'était de toi que j'étais censé être dépendant. Que c'était toi que j'étais en train de t'abandonner.

Je lui parlais de toi, tu sais, je ne lui ai jamais caché que j'avais un copain. Et puis de toutes façons, il l'avait vu sur mon Instagram, même si j'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne t'ai pas mis sur mon compte... Mais je pensais que ça excusait tout. Que ça suffisait à me dédouaner de toutes responsabilités. Alors quand il me complimentait, je ne le reprenais pas. Parfois même, je crois que j'en jouais. Et je me déteste d'avoir fait cela désormais.

Je t'ai laissé tomber petit à petit, jour après jour. Au début je te demandais la permission de sortir, après je m'excusais, puis je te prévenais, et enfin je t'oubliais. On est samedi aujourd'hui, au jour que j'écris cette lettre et j'espère au jour où tu la lis. Hier on était vendredi, et avant-hier on était jeudi. Et je n'étais pas à la maison. J'étais à un foutu karaoké au lieu d'être avec toi. J'ai pensé à moi au lieu de penser à toi. A nous.

Je voudrais te dire à partir de quand j'ai merdé, mais je crois que j'ai merdé depuis le début, tout simplement. J'ai tout de suite compris que je lui plaisais, à lui qui était reconnu de tous. Et j'ai oublié que le plus important, c'était que je plaisais à toi. À toi que je reconnaissais plus que tout.

Hier, Matt allait mal. On est allé faire la tournée des bars. Je n'avais toujours pas réalisé que la veille, on était jeudi. Et puis, il a croisé Daryl. Je l'ai laissé avec lui et je t'ai appelé pour venir me chercher. Tu n'as pas répondu, mais comment pouvais-je encore attendre cela de toi ? Après tant d'abandon de ma part...

Danse pour MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant