— Denise, je te dis que je vais bien.
Léna poussa un profond soupir en calant son téléphone entre son oreille et son épaule, comme à son habitude, le regard perdu devant elle. Debout devant la grande baie-vitrée qui donnait sur son potager.
Il faisait encore jour, mais la lumière déclinait doucement sur son petit jardin. Léna l'aimait beaucoup, son père lui avait appris comment s'occuper des plantes avant de devenir trop fou pour s'occuper d'elle.
— Non, il ne m'a rien fait.
Son salon baignait dans une douce lumière orangée, apaisante. Tout avait l'air si calme, comme un instant figé, comme si plus rien ne pouvait l'atteindre.
Des cartons à moitié faits se trouvaient ici et là, Léna avait abandonné cette idée. Si elle devait déménager, elle le ferait en laissant tout derrière elle. Puisqu'elle ne savait pas où elle allait, ce serait bien trop compliqué de gérer ses affaires.
— Non, je suis bel et bien vivante, tu me parles en ce moment-même. Denise...
Alors, pourquoi n'était-elle pas partie ?
Cette question tournait en boucle dans sa tête depuis que ce loup était venu la voir. Elle devait fuir, non ? Et pourtant, elle se tenait là, debout dans son petit salon. Et à chaque fois qu'elle se posait cette question, la réponse lui apparaissait comme une évidence.
Son père était mort.
Parti, décédé. Elle se retrouvait orpheline, sans parents, sans personne. Seule.
Mais après-tout, elle l'avait toujours été, non ? C'était bien ce qui faisait d'elle une louve solitaire, mais ce n'était pas aussi simple. Au fond d'elle peut-être espérait-elle pouvoir arranger les choses, oublier son passé, que son père la pardonne. Qu'il l'aime.
Léna ne sursauta pas lorsque le bruit de la sonnette résonna dans la maison.
— Je dois te laisser, Denise.
Sans attendre la réponse de son amie, elle raccrocha. Puis, la jeune femme redressa les épaules, prit une profonde inspiration, et se dirigea vers la porte.
Ce fut à peine surprise qu'elle découvrit que le loup était entré sans attendre son autorisation. Il se tenait appuyé contre un mur, les bras croisés.
— Salut, lui dit-il avec un sourire.
La jeune femme secoua la tête, peu impressionnée. Il avait fait un effort. William sentait bon le savon et ses cheveux encore un peu humides retombaient librement sur ses épaules. Son regard n'avait pas l'air moins dangereux, mais semblait étrangement doux.
— Je ne viendrais pas dîner avec toi.
— On ne va pas se battre pour aussi peu, Léna.
Elle n'aimait pas la façon dont il prononçait son prénom, comme s'il la connaissait. Comme si elle lui appartenait.
— Faisons un marché, lui dit-elle.
Il leva la tête, le regard pétillant. Ses yeux d'un bleu glacé fixés sur elle.
— Je dîne avec toi ce soir, et je ne te revois plus jamais.
La commissure de ses lèvres se souleva en un petit sourire, qu'il essaya visiblement de refréner.
— Je ne peux pas faire ça, je suis désolé, répondit-il.
— Oui, tu vas le faire.
Il fronça les sourcils et une profonde odeur de contrariété s'émana de lui.
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La meute Écarlate - Convoitise (Tome 1 - Terminé)
Hombres LoboLéna Bailey a tiré un trait sur le monde de l'ombre. La jeune femme a tout perdu, et depuis la disparition de son âme-soeur, elle s'est éloignée de ce qui touche de près ou de loin aux loups. Elle n'aspire qu'à une seule chose : la paix. Cependant...