La meute Écarlate - Convoitise (Tome 1 - Terminé)

Chapitre vingt-trois

— Où est Denise ?

William lança un regard à Léna, visiblement épuisé. Il passa une main distraite dans ses cheveux, dérangeant ainsi sa coiffure parfaite.

— Avec Jessica.

— Mets la avec Isabelle plutôt, demanda-t-elle sèchement. Jessica est un démon.

Il sourit, mais ne rétorqua rien. Léna se rappela mentalement de s'occuper de cette situation lorsqu'elle rentrerait au manoir.

Ils se trouvaient dans son pick up, en direction de la maison de la guérisseuse dont William et elle avaient discuté la veille. Ils avaient à peine échangé quelques mots au petit déjeuner.

Tout le monde regardait Léna de travers au manoir, mais elle s'en fichait. Elle avait grandi avec un père qui la haïssait profondément. Tout le monde pouvait bien la juger, ce ne serait jamais pire.

— On est arrivés ? demanda-t-elle.

Ils avaient roulé pendant une quinzaine de minutes dans le village, sur des routes de terre. Heureusement que le pick-up de Léna était solide, et déjà sale.

— Tu es sûre que tu veux faire ça ?

— Je veux savoir s'il y a une façon de sauver Noah, dit-elle, alors oui je suis sûre.

Son ton était assuré, et elle était prête à tout. Pourtant, en sortant de la voiture la jeune femme comprit pourquoi William lui avait posé la question plusieurs fois.

La maison de la guérisseuse était petite, perdue dans la forêt. Un bâtiment sur un seul étage, tout en bois et qui ressemblait vaguement un chalet. Une ambiance étrange se dégageait de l'ambiance.

Léna se sentit comme suspendue dans le temps, un peu comme s'ils venaient d'entrer dans une autre dimension ou comme si elle était dans un rêve. Il lui semblait que quelque chose d'irréel, voir d'un peu magique, prenait vie ici.

Les feuilles des arbres étaient plus vertes, les fleurs qui décoraient l'entrée de la maison paraissaient en parfaite santé

— Est-ce que nous sommes chez une sorcière ? demanda Léna à voix basse.

Un frisson remonta son échine tandis qu'elle posait cette question. Il y avait quelque chose de terrifiant à faire parti du monde surnaturel, parce que même elle n'en connaissait pas les limites. 

— Les sorcières n'existent pas.

Une voix forte venait de lui répondre, et en levant les yeux Léna remarqua qu'une jeune femme se tenait dans l'embrasure de la porte.

Pendant un court instant, elle fut paralysée. Elle s'attendait à une vieille femme, comme à l'époque de son père, mais elle était loin de la réalité. Une femme qui devait avoir la trentaine se tenait devant eux, aux traits hispaniques et à une belle beau bronzée. Ses cheveux étaient noués en une longue tresse qui retombait dans son dos, et ses yeux d'un brun foncé les regardaient.

— Vous êtes venus pour rester dans mon jardin ?

Léna secoua la tête pour se reconnecter à la réalité, et elle s'avança sans attendre William.

— Non. C'est pour elle, par contre moi je vais rester dans la voiture, lui dit-il.

Elle se retourna, surprise. Elle avait assumé qu'il viendrait avec elle, et, étrangement, cela l'inquiétait presque qu'il ne la suive pas.

La jeune femme chassa ses pensées tout en pénétrant dans la maison. L'intérieur dégageait la même ambiance suspendue que l'extérieur, bien que très bien aménagé.

C'était petit ici, rempli de plantes en tout genre. Les meubles semblaient vieux, et rien n'était accordé. Un fauteuil rose à fleur se trouvait dans ce qui était un petit salon, et la guérisseuse fit signe à Léna d'aller s'y installer.

— Vas droit au but, lui dit la guérisseuse.

La jeune femme reste silencieuse, étrangement impressionnée. Ce qui était rare pour elle.

La belle brune soupira d'une façon théâtrale.

— Je m'appelle Nora, se présenta-t-elle. Je suis guérisseuse de cette meute, mais j'aime vivre en périphérie et je ne prends pas part aux activités de groupe.

— Tu n'es pas une louve.

— Finement observée, Léna. Maintenant, vas droit au but.

— Mais... tu n'es pas humaine ?

— Droit. Au. But.

La jeune femme secoua la tête. Il faisait chaud dans le chalet, mais pas de façon étouffante. Une douce odeur régnait aussi, comme... du biscuit. Seigneur, cet endroit était l'idée qu'elle se faisait d'une maison de grand-mère. Non pas qu'elle en sache quoi que ce soit, elle avait grandi seule.

— Mon âme-soeur, Noah, a sombré dans la folie.

— Comme beaucoup de loups, fit remarquer la guérisseuse.

Tout en prononçant ces mots elle s'assit sur l'ilot centrale de sa cuisine, repoussant ce qui ressemblait à un succulent pour avoir plus de place.

— Et si c'était autre chose ? demanda Léna. Et si... Personne ne l'a jamais diagnostiqué. Il est comme moi, nous n'avons jamais vu un guérisseur de notre vie.

— Est-ce qu'il est devenu fou ?

— Il a essayé de me tuer.

Léna regarda la guérisseuse, incrédule. 

— Oui, William me l'a mentionné. Honnêtement, ça ressemble juste à un cas de paranoïa pour ce que j'en sais. Mais si vous arrivez à le capturer vivant, je te promets de voir si je peux quelque chose pour lui.

— Merci, lui dit honnêtement Léna.

Le regard intense de la guérisseuse était posée sur elle, et la jeune femme frissonna. Il y avait quelque chose d'étrange, comme si elle pouvait lire en elle. Au plus profond de son âme.

— Tu as eu des difficultés à te transformer récemment ? demanda Nora.

Léna fronça les sourcils. Seigneur, si cette guérisseuse n'était ni louve, ni humaine, elle ne voulait pas savoir qu'elle était son origine. Après tous, les sorciers n'existaient pas. N'est-ce pas ?

— Ma louve est traumatisée, elle a vécu beaucoup de choses ces derniers temps.

Nora eut un sourire.

— Tu as remarqué le moindre changement en toi ?

La question avait un sous-entendu qui ne plu pas à Léna. 

— À part ma louve qui refuse de sortir quand nous sommes en danger de mort ? Non, rien du tout.

Est-ce que cette guérisseuse la pensait également folle ?

— Je vais y aller, dit sèchement Léna.

Elle était venue pour des réponses, Nora n'en n'avait pas. Au moins, elle avait promis d'ausculter Noah. Maintenant Léna devait convaincre William de le capturer vivant.

— Passe une très belle journée, lui dit la guérisseuse avec un sourire faux.