III

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Le beau garçon m'a déposé chez lui puis il est allé faire des courses. Son appartement est beau et très propre. Le canapé que j'aperçois surtout a l'air délicieusement confortable mais je me retiens d'aller me coucher dessus. Je sais par expérience que les poils de chat sont une vraie plaie.

À la place je reste assise dans l'entrée, là où il m'a laissé et je réfléchis à ma situation.

Si je me suis vraiment réincarnée alors je ne peux rien faire pour retourner à ma vie originelle. Le bon point c'est que personne ne sera triste là-bas.

Mon père nous a abandonné ma mère et moi puis ma mère est morte il y a trois ans dans un accident d'avion pendant un voyage d'affaire. Mamie est la seule en vie mais elle ne me reconnaît même plus quand je vais la voir à la maison de retraite. Je ne peux pas verser de larmes mais une vague de tristesse m'envahit.

J'ai eu beaucoup de chances que ce garçon soit sympathique. Je n'aurais pas survécu, seule dans la rue.

Un bruit dans la serrure m'indique son retour et je tourne la tête pour le voir ouvrir la porte, un sac de courses dans chaque main et trempé bien que la pluie ce soit calmée. Vraiment beau gosse.

Il entre et s'arrête en le voyant à l'exact même endroit que lorsqu'il est parti. Le voyant ainsi figé je me dirige vers la porte et prenant appuie sur mes deux pattes arrière (un tour que je maîtrise mieux maintenant) je pose les pattes avant sur la porte et la referme.

Il me regarde avec des yeux ronds et je rit intérieurement de son désarroi. Je me mets à côté de lui et le regarde en attendant la suite des opérations.

Il finit par se remettre en mouvement et porte les sacs à la cuisine où je le suis sagement.

Il sort un bol du placard puis une conserve du sac dont je ne parviens pas à lire l'étiquette. Mettant le contenu de l'un dans l'autre, il le pose ensuite face à moi puis ajoute un bol d'eau.

- Bon appétit ! dit-il.

Je me pourlèche malgré moi les babines et remarque en effet que je meurs de faim.

La pâté sens divinement bon et je la mange rapidement puis je lape un peu d'eau. Une fois repue, je m'intéresse au garçon qui s'est mis aux fourneaux après avoir rangé les courses.

L'odeur du bouillon emplit la pièce puis un claquement de porte retentit alors qu'il retire la casserole de la plaque.

Curieuse, je vais jeter un coup d'œil à la personne qui vient d'arriver.

C'est une fille de treize/quatorze ans qui enlève ses chaussures debout en équilibre précaire.

Puis elle relève la tête et croise mon regard.

Un temps d'arrêt s'ensuit puis un large sourire illumine son visage.

- On a enfin un chat ?!?! crie-t'elle euphorique mais tentant de garder le contrôle pour ne pas m'effrayer.

Je vois bien qu'elle se retient de courir sur moi et de me prendre dans ses bras. À la place elle s'approche lentement puis se baisse et me tend sa main. Pour preuve de bonne fois je vais me frotter à cette dernière. Elle paraît vraiment heureuse.

- Ne te fais pas d'idées. Je l'ai juste trouvé sous la pluie et ramené car il me faisait pitié, tempère le beau gosse depuis la cuisine.

- Déjà c'est une fille et puis t'es vraiment rabat-joie, dit-elle boudeuse.

- Au lieu de dire des choses vexantes va te laver les mains on passe à table.

Moi, chatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant