Moi, chat

VIII

Depuis ma petite sortie improvisée l'autre jour, Kei me laisse toujours la fenêtre ouverte pour que je puisse faire un tour si l'envie m'en prends. Sauf qu'ajourd'hui il fait un temps de chien (comprendre « pluie pluie pluie »).

Donc je suis confortablement installé sur le canapé, sur un plaid pour ne pas salir celui-ci, et j'ai réussi à m'allumer la télé après des efforts nombreux. Je vous assure qu'appuyer sur un bouton c'est pas facile quand on a seulement quatre pattes et aucun pouce préhenseur.

J'ai mis une chaîne d'animés et j'ai somnolé la plupart du temps jusqu'au début de ce film que je regarde attentivement (« Les Enfants du Temps » tu connais ?).

La porte d'entrée s'ouvre et plusieurs bruits de voix me parviennent. Tiens il a ramené des amis. Ma supposition est vérifiée quand deux garçons inconnus entre dans le salon. Je daigne leur jeter un regard analytique puis je me recentre sur la télévision.

- Faites pas gaffe au chat, il fait sa vie, dit Kei en entrant à son tour dans la pièce.

Il vient me faire une rapide caresse sur la tête puis ils partent tous les trois dans sa chambre.

Le film fini, je m'étire puis vais voir ce qu'ils font. Kei et l'un des garçons travaillent sur le bureau et le troisième, un roux, est allongé par terre, sur le dos.

Je m'approche et je lui renifle le front. Marrant il sent la fraise. Il ouvre les yeux au contact de ma petite truffe humide.

- Salut toi ! dit-il en m'attrapant pour me poser sur son torse.

Je lui lèche les doigts sur lesquels il reste des miettes de poissons séchés. Délicieux.

- Je l'ai rarement vu aussi affectueuse, fait remarquer Kei.

- C'est par ce qu'elle sent que je suis formidable, rétorque l'autre sur le ton de l'humour.

Leurs regards pèsent sur moi puis se joignent. Tension imperceptible sauf pour moi. Il y a un truc entre ces deux-là ou tout du moins du côté du roux lorsqu'il regarde Kei. Ses yeux pétillent on dirait du soda.

- On bosse ou quoi ? interrompt le troisième.

- Ouais.

Ils ont répondus en chœur mais le roux ne bouge pas, pour mon plus grand plaisir car il est très confortable.

Ils continuent de travailler et le roux donne souvent son avis, un conseil ou une information supplémentaire. Lorsqu'ils ont presque terminé, l'autre propose qu'ils aillent manger ensemble.

- Sans moi les mecs, je mange avec ma copine ce soir, annonce Kei.

Le roux se lève.

- Je vais fumer.

Je reste sonné par la réaction brusque et l'enchaînement tellement rapide de son départ.