Moi, chat

VII

Se lever, manger, faire sa toilette, dormir, une nouvelle toilette, sieste, remanger, aller se coucher, une vraie vie de pacha dont je commence malheureusement à me lasser un peu au bout de deux semaines.

C'est pour ça que lorsque Kei laisse la fenêtre malencontreusement ouverte j'en profite pour partir en expédition dehors. De toute manière ils m'ont mis un collier avec une médaille.

Ils habitent au deuxième étage mais un grand arbre monte devant la fenêtre. Ces derniers jours je me suis entraînée à sauter de plus en plus loin. Je me recroqueville sur mes pattes arrières, prête à bondir et je m'élance d'un coup. Je me sens flotter quelques secondes qui me paraissent des heures et la peur me saisit.

Puis mes pattes entre en contact avec l'écorce de la branche et je sors automatiquement les griffes pour me stabiliser. Une fois revenue de mon saut, j'entreprends de descendre l'arbre en bondissant de branche en branche. Lorsque je touche enfin la pelouse, je m'arrête un instant pour réfléchir.

J'ai tout l'après-midi. L'idéal c'est que je fasse un repérage complet du quartier pour pouvoir me retrouver facilement.

Aussitôt dit aussitôt fait, je pars à la découverte des ruelles fleuries. Il n'y pas beaucoup de monde dans les rues, seulement quelques grands-mères qui profitent du peu de gens pour se balader. J'aperçois quelques commerces ouverts et la supérette dont Kei ramène des sacs de courses.

Déambulant sans but précis, j'atteignais finalement une piscine municipale au moment où je remarque que des élèves commencent à apparaître dans les rues.

Kei ! Il va rentrer et ne me trouvant pas il va penser que je les aies abandonnés.

Je fais immédiatement demi tour et prêtant beaucoup moins attention aux détails qui à l'aller m'émerveillaient, je trottine d'une bonne allure en direction de la maison. Je me suis aventurée sacrément loin et quand j'aperçois enfin l'immeuble, la luminosité a déjà commencé à baisser. Le problème quand on est chat c'est qu'on a pas d'horloge pour tenir des horaires.

Remontant rapidement sur l'arbre, je m'arrête à hauteur de leur petit balcon (c'est plus simple pour l'atterrissage) et je saute. Réception tout en douceur puis je regarde à travers la fenêtre désormais fermée. Personne. L'appartement à l'air désert. Je gratte un peu la porte vitrée puis n'obtenant aucun résultat, je décide d'attendre qu'ils reviennent.

- Neko ! Neko ! j'entends soudain crier.

Ça c'est ma petite Jun. Je passe la tête à travers les barreaux du balcon et je l'aperçoit qui cherche sous chaque buisson en criant mon nom.

Inspiration. Expiration.

Et je pousse mon plus grand miaulement.

Elle semble m'entendre car elle se retourne vivement et lève la tête vers moi.

- Neko !

Je me sens mal de lui avoir causé du soucis surtout qu'elle a l'air vraiment soulagée de voir que je vais bien. Elle sort son téléphone.

- Kei ? C'est bon je l'ai retrouvé. Elle est sur le balcon.

Je capte des bribes de râlements puis il raccroche et Jun disparaît de mon champ de vision.

Moins d'une dizaine de minutes après, Kei et Jun m'ouvre la porte-fenêtre et pour me faire pardonner je vais me frotter dans leurs jambes.