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Il était maintenant quinze heures vingt.

En sortant, nous croisâmes les troisième qui, eux, entrèrent.

- C'était bien ? demanda l'un d'eux.

- Trop bien ! s'exclama Emilie, rayonnante.

Ça ne m'étonnait pas qu'elle ait répondu si vite, la personne qui nous avait posé la question n'était autre que Lucie, la fille dont Emilie était folle amoureuse.

Lucie lui sourit et s'éloigna. Emilie poussa un lourd soupir.

- Toujours pas ? demanda Bianca, compatissante.

Emilie tourna la tête de gauche à droite plusieurs fois.

- Toujours pas, confirma-t-elle, dépitée.

Bianca la prit dans ses bras pour la réconforter.

- Ça passera, ne t'inquiète pas, dit-elle.

Emilie haussa les épaules et nous nous rendîmes dans la cour. Nous rentrâmes ensuite en classe où la prof de math, madame Bertrand, nous annonça qu'on pouvait faire ce que l'on voulait.

À présent, plus personne ne pleurait, ayant compris que ça ne servait à rien et que, de toute façon, nous serions obligés de participer à cette guerre.

Assise près de la fenêtre, je regardais les voitures défiler quand quelqu'un m'interpella.

- Célia ?

Je tournai la tête vers la personne qui avait dit mon prénom. C'était Lewis.

- Oui ?

- Tu sais, tout à l'heure, quand je t'ai demandé quel était ton prénom ?

Je hochai la tête avec raideur, le coeur lourd.

- C'était une blague. Je sais très bien que tu t'appelles Célia Ventura, que tu as deux petites soeurs et que tu auras quatorze ans le vingt août.

Je le regardai, abasourdie.

- Comment tu sais ça, toi ?

- Je sais tout, j'entends tout, rappelle-toi, répliqua Lewis avec un sourire espiègle.

Je tournai la tête vers la fenêtre et un sourire naquit sur mon visage. Maintenant que je savais que je pouvais mourir dans neuf jours, je me dis qu'il fallait profiter de chaque instant, même les plus anodins.

- Tu voulais me dire quelque chose ? dis-je sans le regarder.

Il y eut un silence. Puis :

- Oui.

- Je t'écoute, déclarai-je en plantant mon regard dans le sien, le sourire aux lèvres.

- Je ne sais pas comment dire ça... marmonna Lewis, les joues couleur pivoine.

- Je ne peux pas t'aider, dis-je en haussant les épaules, un sourire amusé sur le visage.

- Et bien... voilà... Je déteste les gaufres.

Il avait l'air terriblement sérieux, ce qui me fit éclater de rire.

On meurt pour une aveugleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant