Chapitre 2

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-Ça... c'est pas un oiseau, constata La Guigne.

-C'est une dame, fini le Frisé.

-Et Bonzigue... commencèrent les jumeaux.

On se retourna vers lui, tous en même temps et dit :

-Bonzigue l'a assassiné.

-Ha !! fit Peter en arrivant devant nous nous faisant sursauter avant de partir se poser sur une branche d'arbre.

-Je suis revenu. Bonne nouvelle ! je sais ce qui est arrivé à Cendrillon, elle a vaincu les pirates. Ils se sont sabrés, tranchés, torturés, massacrés, et eurent beaucoup d'enfants, nous raconta Peter en accompagnant son récit d'un coup de couteau dans le vide, mimant un combat.

Il n'avait toujours pas vu la jeune fille car nous la cachions en nous collant tous devant. En voyant mon ami arriver, j'avais immédiatement compris qu'elle venait du monde réel, et que Peter l'avait emmenée avec lui.

-C'est un soulagement je dois dire, dis-je, mine de rien.

-Oh oui ! me répondirent les garçons perdus en entrant dans mon jeu.

-Meilleure nouvelle ! Je nous ai amené celle qui nous a raconté Cendrillon, annonça Peter en s'avançant vers nous. Elle a encore des histoires de toutes sorte et elle est...

Il se stoppa en découvrant la jeune fille inconsciente, allongée sur les feuilles dans notre dos.

-Morte, termina La Guigne.

Peter perdit son sourire et la regarda abasourdit.

-C'est tragique.

-C'est affreux.

-C'est bien visé quand même, souffla Le Frisé.

Peter s'agenouilla près du corps.

-A qui est cette flèche ? demanda-t-il en l'arrachant de la poitrine de la blondinette.

Nos regards se tournèrent vers le fautif. Il fit un pas formel, retira son chapeau, tira le col de son tee-shirt vers le bas et avoua :

-C'est moi Peter. Tue moi Peter ! Vise bien.

Il ferma fortement les yeux et Peter visa alors le torse de notre ami. Mon cœur s'emballa. Jamais Peter n'enverrait cette flèche, il est incapable de tuer l'un de ses enfants perdues. Une légère plainte sortie soudain des lèvres de la jeune fille. Peter lâcha la flèche et la regarda. Sa tête bougea, et son visage se peigna d'une grimace, mais elle ne se réveilla pas pour autant.

-Le Wendy est vivant ! s'écria Le Frisé.

On se pencha tous en ronde au-dessus d'elle, soulagés. Peter passa sa main dans sa robe et ressorti un gland, dans lequel elle avait passé une chaine pour en faire un collier, avec un impact de flèche.

-C'est mon baiser, souffla-t-il. C'est mon baiser qui l'a sauvé.

Je fronçai les sourcils. Un baiser ? Peter lui a offert un baiser ? Pourquoi ? Un sentiment nouveau m'envahi. Un pincement au cœur, et une petite haine inexplicable envers la jeune fille. Je n'avais jamais ressenti ça avant, c'est une sensation étrange.

-Les baisers je m'en souviens, dis La Guigne. Je veux le regarder. Eh oui, c'est un baiser. C'est puissant ces choses-là.

-On va l'emmener jusqu'à la maison, décrétai-je. Vos mains.

On rassembla nos mains côte à côte les paumes levées vers le ciel.

-Elle sont un peu sale, fit remarquer Le Frisé.

Le mot est faible, elles sont carrément noires.

-Alors on va la laisser mourir là, conclu La Guigne.

-Nan !! hurla Peter.

-Oh bah non alors, vraiment moi je suis stupide, ria nerveusement le jeune garçon. Hum, désolé.

Peter sembla avoir une idée. Il nous fit donc approcher nos visages, et on se retrouva tous, le front collé les uns aux autres.

-On construit une maison, sur place.

-Ouais !!! hurlèrent les enfants perdus.

-Avec une cheminée, un cogne porte... et des fenêtres, ordonna Peter.

Je m'agenouillai à côté de lui et regardai Wendy. Peter aussi la regardai. Il la regardait avec des étoiles dans les yeux. Plus que ça. Il l'admirait. Et ce sentiment ressenti tout à l'heure, il reprit possession de mon être. Les jumeaux arrivèrent, chacun se mettant des deux côtés de Peter et murmurèrent à ses oreilles :

-C'est Clo qui a fait ça.

Mais que des balances ces deux-là je vous jure. Mais bon, on les aime quand même hein.

-Sois gentil, demandai-je en le voyant se lever, l'air déterminé.

Le blond m'ignora et appela la petite fée. Elle voleta vers nous dans l'habituel tintement de ses ailes. Peter l'attrapa et lui montra Wendy.

-C'est toi qui as fait ça ?!

La fée imita un ange puis un diable.

-Notre amitié est brisée à jamais, s'écria Peter en la jetant au sol.

Elle rebondit sur le sol plusieurs fois avant de se relever un air triste sur le visage puis elle s'envola avant que je n'aie pus dire quoi que ce soit. Clochette était mon amie. Et c'est vrai qu'elle a essayé de tuer la jeune fille, mais Peter ne pouvait pas la jeter comme ça. Nous connaissions Clo depuis toujours, et lui ne connait cette Wendy que depuis quelques heures.

-Tu y est aller fort avec elle, le sermonnai-je.

-Elle a voulu tuer Wendy.

Je soupirai. Je ne peux pas le contredire.

-Alors c'est elle ta conteuse d'histoire ?

-Oui.

-Maintenant je comprends pourquoi tu ne voulais jamais que je t'accompagne.

-Pourquoi ? Je ne comprends pas.

-Elle est belle.

-Et alors ? Je ne vois pas le rapport. Tu es jalouse ?

-Non, j'ai juste peur.

-Peur de quoi ?

-Peur que tu décides de retourner dans l'autre monde et de grandir avec elle. Que tu m'abandonne.

-Moi ? T'abandonner ? Jamais.

Je fuyai son regard, hochant les épaules, feignant un air neutre. Il s'approcha de moi et posa sa main sur ma joue.

-Lizzie, tu n'as pas à avoir peur, ça fait très longtemps qu'on est amis toi et moi. Wendy est très belle mais à mes yeux tu l'es encore plus. C'est toi la plus belle. Tu es ce que j'ai de plus cher.

Je souris et le pris dans mes bras, rassurée. Peter est mon meilleur ami, nous nous connaissons depuis toujours, nous nous sommes promis de ne jamais grandir, de rester à deux pour toujours. S'il venait à me quitter, je ne sais pas ce que je ferai. Les garçons perdus réapparurent bien vite et commencèrent à construire la cabane de Wendy. 

Tous les enfants grandissent... sauf deux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant