Chapitre 9

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PDV : Peter Pan

-N'oublie pas ta potion, demanda Wendy en posant la fleur remplie de sa mixture.

Je me tournai dos à elle et continuai mon air sur ma flûte de pan, allongé sur mon lit. Elle sortit et Lizzie arriva pour me dire qu'elle allait les ramener dans le monde réel, celui où les enfants grandissent.

-Ne tarde pas trop, lui dis-je.

-Je ne reviendrai pas.

A ses mots, tout mon univers s'effondra. Je me levai d'un coup pour la regarder dans les yeux. Je cherchai d'abord à savoir si elle plaisantait. Mais non. Elle m'expliqua les raisons de son départ, mais elle aurait pu me donner toutes les raisons du monde, aucune ne pourrait excuser son départ. Jamais on ne s'était disputé. Jamais. Lorsqu'elle me tendit le couteau que je lui avais offert, mon cœur se brisa pour de bon.

Alors elle voulait vraiment m'oublier ? Partir, me quitter. Retourner dans ce monde que l'on a fuit toutes ces années. Pour trahir, cette promesse, trahir ce rêve qu'on avait finalement réalisé.

-Va-t'en.

-Peter...

-Va-t'en !!! Pars !!! Et ne reviens jamais !!! je te déteste !!!

Les larmes aux yeux, elle ne chercha pas à en entendre plus, et quitta la chambre. Je m'écroulai au sol, mes jambes ne supportant plus mon poids. Je m'en suis voulu immédiatement de lui avoir dit ça. C'est faux, c'est totalement faux, je ne la déteste pas, bien au contraire. Je l'aime. Oui je l'aime, c'est Wendy qui me l'a fait comprendre. Elle m'a forcé la main, avec ses sentiments, peut-être espérait-elle que lui avoue mes sentiments pour elle. Elle n'a fait que l'ouvrir les yeux sur ceux que j'éprouve pour ma Lizzie.

Je n'osais pas lui dire parce que, comme l'a dit Elizabeth, j'ai peur de mes sentiments et quand j'ai peur je fuis. J'ai fuis car les sentiments sont en général des questions que se posent les grandes personnes. Mais en réalité, tout le monde peut tomber amoureux. Non ?

Je ne veux pas que la dernière image qu'elle ait de moi soit celle où je lui criais de partir et que je la détestais. Mais ma fierté m'empêchait de partir la retrouver. De toute façon elle ne veut sans doute plus me voir.

Je m'endormie dans le lit qui me paraissait plus grand maintenant qu'Elizabeth n'y était plus. Et savoir qu'elle n'y sera plus jamais, ne me réconforta en rien. Je me réveillai en sursaut, après je ne sais combien de temps, et me cognai la tête contre la racine se trouvant au-dessus de moi.

-Je ne dormais pas, m'écriais-je.

Je regardai autour de moi. L'arbre était bien calme. Je n'avais pas l'habitude de le voir comme ça. Il semblait mort, sans vie.

-Lizzie ? appelais-je.

Pas de réponse. Bien sûr. A quoi je m'attendais ? Tout ça ne pouvait pas être un rêve.

-Lizzie ? Tu es là ?

Pas de réponse. Comment allai-je réussir à vivre sans elle ?

Mon regard se posa sur la potion que m'avais laissé Wendy puis la pris. J'allai la porter à mes lèvres, grimaçant déjà à l'avance, quand Clochette fonça vers moi pour me fermer la bouche. Je la pris par les ailes et souffla fortement sur elle. Elle partit s'écraser contre la table pleine de pièces d'or, je souris et m'apprêtait à boire le contenue de la fleur quand la fée revint vers moi et le but à ma place.

-Tu as bu ma potion ! lui reprochai-je.

Cependant, mon amie de petite taille ne semblait pas vraiment aller bien. Elle titubait sur la table avant de se cogner contre un coquillage et perdit son étincelle. Je montai alors à quatre pattes sur la table, jetant tout ce qu'il s'y trouvait pour me faire plus de place.

-Clochette ? Clo ? Pourquoi est-ce que ta lumière s'éteint ?

Je posai mon doigt sur elle et l'enlevai aussitôt.

-Pourquoi est-ce que tu es si froide.

J'approchai l'une des bougies présentes sur la table et l'approchai de la petite fée.

-Réchauffe toi Clochette, réchauffe-toi.

Elle me regarda, sourit et ferma les yeux. Ses ailes arrêtèrent de sautiller, sa lumière s'éteignit définitivement. Je la pris dans mes mains, sortis et la posai au sol en pleurant. Je ne peux quand même pas perdre Clochette, alors que je viens de perdre Lizzie.

-S'il te plait reviens. S'il te plait Clo ne m'abandonne pas. Pardonne moi Clo, je m'en veux tellement. Je regrette ce que j'ai fait, s'il te plait pardonne moi. Clochette !!!! hurlais-je alors que le ciel s'assombrissait et que le tonnerre grondait.

PDV : Externe

Alors que le jeune roi du Pays Imaginaire pleurait la mort de la fée qui était son amie, une force surpuissante naquit en lui. Une force bien plus puissante que lui, l'obligeant à répéter ces quelques mots : je veux que les fées existent, j'y crois, j'y crois. Une de ses larmes vint s'écraser sur l'épaule de la créature féerique alors qu'il répétait ces mots encore et encore. Il leva la tête vers le ciel orageux et les répétant plus fort, toujours plus fort. Pourquoi criait-il cela ? Il n'en savait rien. Mais il n'était presque pas conscient.

Sans qu'il ne le sache, à bord du Jolly Roger, sur la Mer Imaginaire, la jeune Elizabeth, accrochée au mat du navire, des flocons de neiges parsemant sa chevelure brune, murmura alors :

-Je veux que les fées existent.

Tout l'équipage ainsi que les garçons perdus et les trois enfants Darling la regardèrent étrangement alors qu'elle continuait à crier ces mots. Puis tous les enfants la suivirent, comme poussés par une force surnaturelle. Ils se sentaient obligés de dire ces mots. Ils les crièrent alors en cœur, comme une prière. Les pirates s'écartèrent d'eux sans comprendre ce qu'il se passaient.

Peter Pan, lui, s'était levait et criait cette formule au monde entier. Et comme si son cri était magique, il traversa l'étoile du matin et tous les enfants du monde commencèrent à murmurer dans leur sommeil leur désir profond : que les fées existent. Même certains adultes s'était mis à les chanter. La Terre entière croyait à présent à l'existence de ces petits êtres magiques.

Même les pirates s'y étaient mis alertant leur Capitaine. Lorsqu'il vit tous sont équipage en proie à une folie féerique, il comprit alors que son pire ennemi était toujours en vie.

La tempête de neige commençait à se calmer, et le soleil refit surface, illuminant le Pays Imaginaire. Peter prit délicatement son amie entre ses mains, et vit que ses ailes recommençaient à briller. Son étincelle s'était rallumée, et ses yeux s'était ouvert.

-Clochette tu es revenu !!

Elle tira la langue en guise de réponse à son ami de toujours. Ce dernier, rigola à gorge déployée, alors qu'elle volait joyeusement autour de lui.

Mais la joie ne fut que de courte durée. Il était temps de sauver les autres.

-C'est Crochet ou moi cette fois...

Tous les enfants grandissent... sauf deux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant