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Are you satisfied- Marina and the diamonds
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London:

Personne ne m'avait prévenu que je serai emmené à écrire ma vie dans un carnet un jour.

Je pensais que c'était réservé aux filles en mal d'un copain. Tu sais, celle qui se désespère de ne pas plaire au garçon le plus populaire du bahut ?
Je ne crois malheureusement pas aux stéréotypes et aux clichés.

Mon nom se résume en six lettres, Thomas. Un prénom affreusement banal pour un type qui n'a rien d'exceptionnel.
Je sors de l'ordinaire à cause de mes yeux. Deux trous vides et profond. Résultat d'une mauvaise constitution du fœtus que j'étais. En gros, ma sclère, ma pupille et mon iris sont indissociables. D'un noir intense.

Déjà dès ma naissance, l'univers se foutait de ma gueule.

Comme je le disais tantôt, je suis un gars de quatorze balais normal à l'intelligence dépassant largement la moyenne. Une preuve que j'ai quand même une qualité sous toute cette indifférence qui me caractérise.

Je viens de quitter la campagne anglaise pour la capitale. Et je vois même pas la différence.
Les gens sont toujours chiants et le ciel s'assombrit toujours de la même façon.
Sauf que Londre, étant un peu plus industrialisée que le bled paumé d'où je viens, m'intoxique avec sa pollution de merde et me rappelle cordialement que je ne suis pas chez moi.

Génial.

Mon père, qui répond au nom de Sam, essaie de me rassurer comme il peut derrière la multitude de cartons qu'il n'arrête pas de déplacer d'un point A à un point B de notre nouvelle baraque. Comme quoi:" Le changement n'est pas une chose si terrible."
Après, je ne peux pas lui en vouloir pour ses conseils de merde. Il vient à peine de divorcer le pauvre.
Askip avec ma belle-mère ça ne marchait plus.

"Situation d'adulte", qu'on me répète. 
Mais, j'ai pas besoin d'être majeur pour dire haut et fort que cette femme était une salope.

Elle ne courrait qu'après le fric de mon pauvre père et la satisfaction de pouvoir dire à ses copines qu'elle avait la bague au doigt et accessoirement un gosse.

Pauvre papa.

Welcome home:

J'essaie de m'acclimater à mon nouvel environnement. Ma nouvelle chambre est aussi grande que la précédente, enfin toujours vide et impersonnelle.
Je n'ai ni l'énergie, ni l'envie de déballer mes cartons. Ce déménagement brusque m'a plus fatigué qu'autre chose.

Selon mon illustre géniteur, nous avions besoin de changement. Notre triste bled paumé contribuait à alimenter de vieux souvenirs qui lui était insupportables et piquait à vif une dépression dont je ne souffre pas.

Eh bah, changer de ville d'un jour à l'autre ne m'apporte rien de nouveau papa.
Mais bon, autant ne pas fissurer son petit cœur d'homme.

D'ici quelques semaines, je passe en première. Dans un nouveau lycée, loin de chez moi, dans une ville que je connais à peine. Tragédie.

Ça doit bien faire deux heures que j'écris entre ces pages. Je fais le sourd aux appels à l'aide de mon père qui doit être mort sous des cartons à l'heure qu'il est. Je n'ai vraiment pas envie de bouger.
Cependant, j'ai la flemme de dormir alors qu'il fait jour.

Oui, je n'ai aucun sens. Et c'est ce talent que je ne me lasse pas de cultiver chaque jour qui passe.

Je devrais peut-être aller l'aider.

Je penserai à réécrire quelque chose un jour ou un autre. C'était sympa de m'écouter, enfin de me lire.
Pourqoi je m'adresse à du papier déjà ?

𝐒𝐞𝐥𝐨𝐧 𝐓𝐨𝐦 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant