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16/08

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Smells like teen spirit- Nirvana
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Words:

Londre est vraiment une ville pourrie. Comme toutes les villes.
À moins que ce ne soit moi qui ait un avis négatif sur tout.

Déjà quelques jours que l'on a emménagé.
Mon père a réussit à adopter la bonne routine. De toute façon, un infographiste n'a pas besoin de mille ans pour s'adapter à un nouvel environnement de travail.
Moi, pendant ce temps, j'essaie de trouver ce qu'on appelle des repères. Pour pas être complètement paumé, vois-tu ?

Je sais exactement où se trouve le cinéma, la meilleure boutique de vinyle au monde, le cabinet du psy et quelle ligne de bus prendre pour me rendre au lycée.
Tout ça en quatre petits jours. Je m'impressionne.

Justement, en parlant de psy, j'ai mon premier rendez-vous cet après-midi.

Je ne comprends pas sur quelle base on juge les gens dépressifs.
Une petite perte d'énergie ? Dépression. Tu te sens triste aujourd'hui ? Dépression. Tu ne trouves plus goût à ce qui te fait vibrer habituellement ? Dépression.

Je ne suis pas suicidaire, simplement fatigué.

C'était trop difficile à comprendre pour mon père et le conseil de classe de la primaire.
Ah oui parce que j'ai été diagnostiqué lorsque j'avais à peine huit ans !
"Ils le font de plus en plus tôt dis donc", a dit Monsieur Yvans, mon premier psychologue.

Je veux bien que l'on me dise que je souffre de neurasthénie mais n'allons pas à quelque chose d'aussi élevé que la dépression pour un pauvre gosse comme moi qui ne sait même pas ce qu'il veut faire de sa vie.

Voilà.

Exceptations:

Je maîtrise à peu près la cadence de Londres. Le nombre important de gens dans la rue me file toujours la gerbe mais je ne me plains pas.
Je suis obligé de m'y habituer si je veux survivre.

Bref, mon nouvel "analyseur de cerveau" réside tout un haut d'un immeuble à l'apparence creepy. Le genre d'endroit dans les films où un meurtre a probablement eut lieu.
J'ai été surpris en pénétrant entre les briques sombres du bâtiment. Ils se sont concentrés sur l'intérieur et ont délaissé l'extérieur.

Ne jamais juger un livre à sa couverture.

La salle d'attente puait la folie de par sa blancheur immaculée et le silence. Nous n'étions que deux dans cet endroit du Diable. Un mec au sweat vert et moi émitoufflé dans mon pull noir.
Il m'a regardé entre ses mèches brunes, une Nintendo entre les mains.

"- C'est la première fois je te vois ici.

- C'est la première fois que j'y viens."

Il avait posé les pieds sur la petite table entre nous, me laissant admirer les semelles de ses baskets vertes. Il a sourit légèrement en croisant mes deux lacs noirs. À croire que ma gueule blasée avait quelque chose d'intéressant.

"- Pas loquace ?

- Je croyais que c'était flagrant.

- As-tu un nom ?

- Les gens ont l'habitude de m'appeler Thomas. Mais pour toi, ce sera Tom.

- Tom alors. Tu m'appelleras Edd c'est beaucoup plus classe qu'Eddward."

Edd.
Il est sympa, extraverti et blagueur.
Le type de personne qui se fait rare sous la pluie constante. Je ne pensais pas rencontrer quelqu'un aussi vite. C'est presque étonnant pour moi que l'on qualifie sans cesse d'asocial.

"- Thomas Ridgewell ?"

J'ai froncé les sourcils à la mention de mon nom complet. Ça datait.
Mon ancien psy me connaissait déjà, si bien qu'il n'avait plus besoin de dire mon nom. Faudra que je rétablisse aussi les bases ici.

"- Je crois que c'est à toi.

- J'avais comprit..."

Reality:

Lydie est le type de femme sympathique. Celle qui travaille comme maîtresse à la maternelle.
Toujours le sourire aux lèvres et les yeux qui brillent d'une lueur maternelle.

"- Thomas, c'est ça ?

- On va se limiter à Tom.

- D'accord.... Quel âge as-tu ?

- Avez-vous lu mon dossier madame ?"

Son sourire a eut des beugs. Je déteste perdre mon temps avec des questions inutiles. Une habitude qu'ont les docteurs. Au lieu d'arriver au sujet qui fâche directement, ils passent par des tas et des tas de questions qui ne servent à rien dans l'objectif de te cerner.
Sauf que ça ne prend pas sur moi.

"- Euh oui je l'ai lu...

- Alors passons les questions inutiles et arrivons directement au sujet central. Je ne suis pas dépressif et je n'ai pas envie de vous faire perdre votre temps. Avez-vous autre chose à me demander ?"

Elle a écarquillé les yeux de surprise. Et oui ma belle, je suis direct. Surtout avec les pseudos docteurs du cerveau qui alimentent les démons au lieu de les faire disparaître. J'ai croisé mes bras contre ma poitrine, déjà saoulé.

Notre première rencontre s'est conclue par un nombre incalculable de nouvelles questions, toutes concentrés sur ma mère et la relation que j'ai eu avec ma belle-mère.

Les psys manquent cruellement d'esprit critique et d'imagination. Ce n'est pas parce que je ne connais pas ma mère que le monde est merdique.
La connaître ou pas n'améliora pas ma bonne humeur négative et ne fera pas déguerpir ma non-envie de me lever le matin.

Je lui avait pourtant dit d'éviter les questions inutiles. Elle peut courir si elle pense me revoir un jour dans son foutu immeuble de l'enfer là.

𝐒𝐞𝐥𝐨𝐧 𝐓𝐨𝐦 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant