Chapitre 1

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Yalone

Mes yeux fondent devant toute la nourriture placée devant eux. Il est apparemment l'heure de manger, mon estomac hurle à la mort. Je pense prendre des brocolis, c'est bon les brocolis. Mes mains attrapent le paquet surgelé de ces fameux légumes. Le froid qui me parcourt entre les doigts me replongent dans un vague souvenir de mes nuits dernières nuits d'automne.

- Berk, c'est pas bon les brocolis !

Mon corps se braque devant cette phrase qui a eu le pouvoir de me mettre en rogne. De plus que c'est une voix enfantine et que je déteste les enfants. Je me retourne vers ce petit être innocent qui est tout de même mignon.
N'importe quelles vieilles femmes voudraient le câliner en lui faisant des bisous, c'est répugnant. Plus mes yeux détaillent chaque partie de son visage plus j'ai l'impression de connaître ce petit homme.

- Mais dis donc, tu sais à qui tu parles ? Je grogne en le regardant sévèrement.

Le petit se contente de rire en tenant son vieux calendrier de l'avent dans les mains. Je déteste Noël. Les moments en famille, les moments joyeux, je n'aime pas ça. Il se balance sur un pied puis l'autre en chantant bêtement la musique que le supermarché passe en boucle depuis les vingt minutes où je suis ici.

- Nan ? Crie-t-il joyeux en souriant.

- Au roi des brocolis, et, je vais monter dans une colère verte si tu ne dis pas tout de suite que les brocolis sont bons.

Je lui lance un regard intense en souriant. Son visage lumineux s'éteint, exactement comme le mien il y a quelques mois. Il lâche son calendrier de l'avent et part en courant dans un rayon où je ne peux pas le voir.

Mes lèvres se collent à cause de mon malaise, je ramasse ce petit calendrier qui rend heureux tous les enfants chaque année. Je me sens bête de lui avoir fait peur, il a dû courir dans les bras de sa mère en pleurant. Je ne me pensais pas autant terrifiant, ça me fait sourire.

Je me dirige vers le rayon où le petit monstre a pris ses jambes à son cou.

- Oh maman...! C'est lui ! Dit le petit garçon en pointant son doigt vers moi.

La mère me regarde en tenant la main de son fils. Elle sourit doucement en remarquant que je tiens le calendrier. Je m'accroupis en lui tendant son calendrier. Ses petites iris me fixent avec un reste de peur, je m'en veux un peu de lui avoir fait peur.

- Je voulais pas te faire peur petit gars excuse-moi, faut juste goûter les brocolis...

La mère lâche un rire qui me donne l'impression d'écouter une chanson que j'ai déjà entendu. Cependant ma concentration ne dévie pas, je tends ma main vers le petit gars. Il prend son calendrier de l'avent en le serrant contre lui tout en me lançant un regard assassin. Roh ça va, je te l'ai rendu quand même. Si j'avais vraiment voulu être cruel, je l'aurais mangé devant tes petits yeux.

- Dis merci Samuel. Il est gentil le jeune homme... Dit sa mère pour le rassurer.

- Je suis désolé, je ne voulais pas lui faire peur... Je me redresse en la regardant.

Cette femme blonde avec ses yeux verts me rappelle cette nuit. Visage fin, nez fin, lèvres pulpeuses et charnues. Mais mon souvenir de la veille était plus jeune.

- Ce n'est rien, mais Samuel le jeune homme a raison. Il faut en goûter !

Il se cache derrière la jambe de sa mère, ses bras sont enroulés autour de celle-ci. Je sens que je le gêne, je me remémore des souvenirs honteux et cette sensation de vouloir se faire tout petit. Quand j'étais plus jeune, je détestais avoir honte. Je devenais tout rouge et on se foutait toujours de moi.

- Merci, au revoir, dit-elle avec un doux sourire.

Je rebrousse chemin perturbé de ce que je viens d'apercevoir. Elle me rappelle vraiment le doux visage de cette jeune femme que j'ai vu hier appeler à l'aide. Peut-être que c'est sa fille ?

Je me remémore encore ses yeux noisettes gorgés de larmes et de son rictus qui trahissait sa triste. Cette fille m'a dérangé, elle m'a permise de sourire et de me sentir bien. Je n'ai pas le droit au bonheur.

***

Une fois chez moi. Je sens des frissons me parcourir le long du dos, ça me fout la chair de poule. Et je déteste ça. Les fenêtres étant toutes fermées, je prends l'initiative d'allumer le chauffage. Malgré le fait que j'ai apprécié avoir froid cette nuit à côté d'elle.

Cette nuit qui m'a provoqué des vieilles émotions.

Cette nuit où j'ai ressenti sa chaleur contre ma peau.

Et, cette nuit elle sera peut-être encore là.

Mes yeux me brûlent, je n'ai pas beaucoup dormi cette matinée, je suis rentré tard à cause de ma rencontre avec cette belle blonde. Ce qui m'a fait sourire aussi c'est que ma queue avait une envie soudaine en la regardant faire ses vieilles blagues nulles. Pourquoi avoir un désir pour une gamine qui prise par une crise d'adolescence a fait une fuite nocturne. J'ai peu de désir en ce moment mais j'ai été attiré par elle. Et ça, c'est flippant.

J'allume ma clope en laissant toutes les taffes que je prends me réchauffer. Je juge beaucoup cette gamine mais au fond, je suis peut-être aussi un grand adolescent. Le bon rebelle qui chiale toute la nuit sur des vieux sons qui lui rappellent des souvenirs.

***

Un énième soir où je me retrouve dans la rue, où j'ai l'impression que mon bout du nez va tomber au sol congelé à cause de ces températures basses. Mais cette vision débile c'est à cause de ma mère qui voulait que je me couvre et qui trouvait des excuses minables pour pouvoir avoir ce qu'elle désirait.

Je m'assois sur le banc de ce joli parc, mes fesses crient déjà à l'aide de les avoir forcées à s'asseoir ici. Je tire encore une taffe en fermant les yeux, pourquoi avoir des relations sociales quand une clope peut te consoler ? Avec tout ce que je fume, j'imagine parfois mon âme s'étouffer avec toute cette fumée comme dans un incendie pour la retrouver sur le sol. Enfin morte et libre.

- T'es fatiguant tu sais.

Elle s'assoit à côté de moi me souriant avec une tendresse immatérielle. Je sens mon cœur faire un bon, je sens que je suis heureux de la retrouver. 

𝐒𝐖𝐄𝐄𝐓 𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant