Chapitre 19

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Yalone


Quelques jours plus tard

Nous sommes le vingt-cinq Décembre. Mon réveillon de Noël s'est passé merveilleusement bien étant donné que j'étais seul avec moi-même. C'est le ventre noué que je boutonne ma chemise noire, je sais que mon père et le reste de la famille s'habillent bien pour cette occasion et j'ai l'espoir que si je fais un petit effort, ça passera mieux. Avec un peigne et de l'eau j'essaie de coiffer mes cheveux en arrière, c'est vraiment dégueulasse putain.
Je n'ai pas de nouvelles de Ness depuis quelques jours et heureusement car je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir me retenir de franchir la barrière interdite.
Dans quatre jours, cela fera exactement un mois qu'on s'est rencontrés, je déteste savoir que je compte les jours avec elle comme si ça n'allait pas durer. Mais le sourire qui me vient quand je parle d'elle ne ment pas, je suis foutu. Vraiment.

Quand je suis sur la route pour le repas dans ma voiture, j'ai l'impression que la caisse rétrécie de plus en plus. J'angoisse alors j'essaie de prendre des grandes respirations pour me sentir un peu mieux.

Je regrette tellement que Ness ne soit pas là.

***

Devant la grande maison de mon père, je suis terrifié mais je veux éduquer cette putain de peur. Alors, je souffle un coup en prenant la bouteille de vin que j'ai acheté pour l'occasion. Je n'ai pas fait de cadeaux, et puis quoi encore ? C'est des connards.
Quand j'arrive sous le porche, j'entends le rire de mon père et celui d'Arthur.
Ne fais pas demi-tour.
J'écrase ma peur dans le coin de mon cœur quand mon poing frappe trois fois contre la porte. Et c'est Arthur qui m'ouvre.

- Salut, joyeux Noël.

Il affiche un regard amusé en me laissant passer. J'entre timidement en lui donnant la bouteille, l'odeur du repas me montent vite au nez et me donne faim.

- Oh Yalone tu es venu... Dit mon père en essayant de me prendre dans ses bras.

Je recule hésitant sous le regard de la femme de mon père : Esther.

- Ouais, j'ai pris du vin... Et pour les cadeaux j'ai pas eu le temps.

- C'est pas grave, c'est vraiment sympa que tu sois là, affirme Esther en me souriant.

Toi, ta gueule.

J'enlève ma veste en la posant sur le porte manteau. J'ai le droit à des compliments mais j'en ai rien à foutre. Je fais l'effort d'être là.

- Sympa la chemise, tu l'as eu où ? Demande Arthur en allant s'installer dans le sofa du salon avec mon père et Esther.

Je retrousse mes manches pour me sentir plus à l'aise.

- Euh, je l'ai emprunté. Je dépense pas des sous dans des choses que je mets jamais.

Arthur rigole de manière vicieuse en regardant mon père.

- Mais tu peux te le permettre, je te fais des virements tous les mois... Souffle-t-il tendrement.

Mes mains s'enfoncent dans mes poches en me dirigeant vers la cheminée éteinte. Elles deviennent moites et j'ai vraiment peur de ne pas pouvoir tenir tout le repas. Je me sens comme un étranger. Comme le crayon blanc de la boîte de couleur.

𝐒𝐖𝐄𝐄𝐓 𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant