Chapitre 8

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Yalone


Je nettoie le bar en surveillant l'entrée. Je me demande si elle va vraiment se pointer. Mes mots lui ont fait souffrir, son visage était meurtri. Je n'arrive pas à croire que je me soucie de mes mots envers elle. Le soleil commence à descendre, la nuit va arriver.

- Isaac, il est quelle heure ?

- Bientôt 17 heures, tu l'attends toujours ?

Son regard me fixe avec son sourire narquois. Isaac pense que je ressens des choses pour cette fille, ce n'est pas le cas. J'apprécie juste le fait qu'elle soit aimable, je ne sais pas pourquoi j'ai été aussi froid la dernière fois. Je voulais sûrement qu'elle ne rentre pas plus dans ma vie, alors je me renferme. Si elle ne vient pas, ça ne sera pas une surprise pour moi. Je ne le mérite pas ou bien c'est elle qui ne mérite pas mon attention. Les gens sont des déchets, n'oublie pas Yalone.

- Ouais, si elle ne vient pas, ça va faire du mal à mon égo.

- La ferme Yalone, tu l'aimes bien.

- Je la connais pas et je veux pas l'aimer bien.

Il rigole en me lançant son torchon que je rattrape dans la foulée.

- Elle doit avoir quoi 17 ans ? Elle est mignonne, elle t'a sauvé la vie, elle a l'air cool.

Je lève les yeux en l'air en posant le torchon convenablement à sa place. Pour être mignonne, elle l'est. Je n'arrête pas de repenser à ses doigts qui ont parcourus mes cicatrices sur mon poignet pour venir me tenir la main.

- J'en ai 20, la flemme puis c'est une gamine Isaac. Stop, je vais juste l'aider parce qu'elle m'a aidé avec Arthur.

- C'est juste une excuse ! Après, elle va te sortir « à mon tour de sauver », vous allez tourner en rond.

Je soupire bruyamment en le regardant mal. Je déteste le fait qu'il pense que j'ai envie de la voir, j'ai pris l'habitude de cacher mes envies et mes ambitions pour ne plus que quelqu'un en profite pour me rabaisser ou me les détruire. Je sais qu'Isaac n'est pas toxique, ça me fait juste bizarre.

- Tu dis ça comme si j'avais l'intention d'avoir plus avec elle.

- Exactement et je sais que le soir ça te fait plaisir quand t'y penses au fond de ton lit, dit-il amusé.

Je lui donne un coup d'épaule en rigolant nerveusement. Non, ça me fait juste paniquer. Le bruit de la porte qui s'ouvre retient mon attention, je la vois arriver avec son sac à dos dans ses bras. J'ai vite compris son style, elle aime les choses qui lui cachent le corps, des choses confortables. Cette fois, son jogging noir se marie parfaitement avec son pull de la même couleur et ses vans en damier.

Ses cheveux blonds sont détachés ce qui laisse quelques-unes de ses mèches encadrer son visage aux joues rosies par le froid.

- Je suis là, comme tu peux le voir, dit-elle simplement en haussant les épaules.

- Super, t'as pris ta copie ?

Sa main plonge dans son sac pour le bout de papier tout froissé, elle avait dû sûrement le foutre à la poubelle. Ses sourcils sont froncés ce qui dévoile sa frustration, elle n'a pas l'air fière d'elle. Ce qui est dommage. Si tu savais Ness qu'une note ne te définit pas.

- Oui, elle est là. Je t'interdis de te moquer ou de faire une réflexion.

- C'est pas mon genre. Installe-toi, je me change, je prends mes affaires et je te rejoins.

Elle acquiesce en se dirigeant de manière nonchalante vers une table proche du radiateur. Je me précipite vers les vestiaires pour me changer, je troque mon polo de service pour mon sweat à capuche noir. Je me lave les mains en me regardant dans le miroir, j'aperçois mes cernes, mon visage éteint.
Mes cheveux sont longs en ce moment, j'aime bien cette longueur et ça me tiendra chaud pour l'hiver. Mes mains fraîchement mouillées viennent sur mes joues pour me rafraichir.

𝐒𝐖𝐄𝐄𝐓 𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant