Chapitre 23

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Yalone

Une nouvelle année est arrivée et j'ai l'impression de ne pas évoluer. Je fuis mes responsabilités, je fuis ce qui peut me rendre heureux. Et c'est vraiment terrifiant. Je sais que j'ai fait des efforts mais rien ne me prouve que tout cela en vaut la peine. Je n'ai pas parlé à Ness depuis deux semaines parce que j'ai paniqué et c'est complètement ridicule. Mes pensées se confondent, même la nuit ne peut pas m'aider dans ce casse-tête interminable. Je n'ai pas envie de m'engager ça me fait flipper. Je n'ai pas de couilles et je le sais. Rien ne va. Parfois j'aimerais avoir les conseils de maman.

Flashback :

Il y a 4 ans:

J'enroule mon bras gauche dans une bande. Ce soir, j'ai dérapé, ma vue est encore troublée comme si j'allais faire un malaise. Assis dans ma salle de bain, je me force à ne pas me laisser aller. Je fais plusieurs tour parce que mes plaies sont bien profondes et que je ne veux pas que cela vienne tâcher mon pull. Je me pince les lèvres de douleur mais mon cœur lui est soulagé. Mon bras mutilé me rappelle qu'il en faudrait peu pour que j'accède au paradis et que je libère mon âme. Le carrelage froid de ma salle de bain me rafraîchit. Ma tête s'appuie contre le mur de ma salle de bain, j'ai l'impression que des ondes viennent broyer mon cerveau, des fourmis me prennent dans tout le corps.

- S'il vous plaît que tout ça, s'arrête, je murmure.

Les pas d'Esther me hante et me donne la nausée. Je la déteste au plus profond de mon être. Quelle idée de ne pas avoir dénoncer Arthur dans cette histoire d'avortement. Putain de merde.
Son poing frappe la porte.

- Ne fais pas le lâche, sors d'ici. C'est horrible ce que tu as fait. Tu te rends pas compte Yalone !

Pris de nerfs, je me lève en prenant le temps de descendre mes manches. Je me regarde une dernière fois dans le miroir pour balayer mes larmes que personne ne doit voir. Je serre mes poings puis les relâche dans leur pression pour essayer de me calmer. J'ouvre brusquement la porte. Je l'esquive pour me dépêcher de descendre les escaliers. Elle me suit en me hurlant dessus, mes oreilles bouillonnent et mon cœur hurle à la mort. Je vois Arthur et mon père dans le salon sur le même canapé. La jalousie me ronge, me fait complètement perdre la tête et le goût amer de ma jalousie me donne envie de vomir. Esther descend les escaliers avec un regard assassin.

- Yalone, arrête de me fuir ! Écoute-moi !

J'attrape mes cheveux en me retournant vers elle. La force que je contiens en moi me fait terriblement peur, je pourrais limite commettre un meurtre si tout cela continue.

- Mais putain, ferme ta putain de gueule ! Je hurle.

Ses yeux s'écarquillent soudainement. Mon père se lève en venant voir ce qu'il se passe.

- Comment tu lui parles ? Yalone, fais un effort.

- FAIRE UN EFFORT ?! Elle piaille tous les jours, elle est chiante putain.

J'ouvre la porte d'entrée en attrapant ma casquette. La main de mon père m'attrape fort le bras.

- Respecte Esther. C'est tout ce que je te demande.

Je le repousse en éclatant en larmes. Le regard de Papa montre son incompréhension.

- Que je la respecte ? Je suis le démon incarné parce que j'ai accompagné une fille se faire avorter ? Mais c'est quoi ce délire ? Sa vieille tête de merde qui adore m'engueuler mais quand c'est son fils qui consomme de la cocaïne, là y'a plus personne ! Bah non !

- Yalone ne dis pas des bêtises pour t'en sortir, dit sévèrement mon père.

Je rigole nerveusement en me pinçant les lèvres. Mes larmes coulent le long de mes joues. Une nausée abominable me vient quand je m'aperçois que mon père ne prend même pas ma défense auprès de sa vieille cruche de meuf. C'est une putain de pétasse de merde.

𝐒𝐖𝐄𝐄𝐓 𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant