QUELQUES SEMAINES PLUS TARD...
_ Qu'est-ce que tu as, mon cœur? À quoi tu penses?
_ À tout. Tu es rentrée et, hélas, une fois encore tu ne marches pas. Quand je pense que tu retrouvais enfin l'usage de tes jambes et à cause de moi, une fois encore, tu te retrouves dans ce fauteuil roulant, j'ai mal.
_ Faut pas. Je l'ai choisi! Au moins, t'es avec moi, et je n'ai pas passé des mois à l'hôpital.
_ Oui... Enfin bref, j'ai viré Albert.
_ Ohhh... Pourquoi? C'était une erreur.
_ Je te rappelle qu'au début tu le voulais. Tu disais ne pas avoir confiance en lui.
_ Oui... Mais toi, si. Tu lui faisais confiance aveuglément. Qu'est-ce qui a changé?
_ J'ai ouvert les yeux, Mira! Après l'accident le jour du mariage, j'ai ouvert les yeux. J'ai remarqué qu'il ne faisait rien normalement. Il agissait de manière louche et se prenait trop pour un élu. D'après Jean, le chef des majordomes...
_Mon ami.
_ Oui... Il a toujours agi comme ça, mais je n'y prêtais pas attention. Tu avais raison sur tout, Mira. Donc, j'ai décidé qu'à partir d'aujourd'hui, j'allais te mêler à ma compagne. Tu m'aideras dorénavant.
_ C'est une gentille attention... Elle commence la semaine prochaine. Tu as prévu de t'y prendre comment?
_ Bah, je ferai des apparitions. Dans les quartiers, les petits villages, les hôpitaux, et autres. Je donnerai des cadeaux et autres pour attirer la sympathie du peuple. Je ferai des promesses qu'ils auront envie d'entendre et le tour sera joué, je crois.
_ Karim, t'es un idiot.
_Pardon?
_ Tu ne seras qu'un dirigeant de plus. Tu ne peux pas agir comme les autres. Le Sénégal a besoin d'une nouvelle vie. Qu'on le pousse et le soulève. Il a besoin de renouveau et tu ne peux t'y prendre ainsi...
_ Tout le monde agit ainsi pendant une élection, et c'est le plus rusé qui gagne.
_ C'est parce que tout le monde fait la même chose que tu vas la faire aussi? Réfléchis!
_ C'est quoi ton projet donc?
_ D'abord, trouver un remplaçant à Albert.
_ Je pense passer une annonce.
_ À une semaine de ta compagne. Tu vas te faire tuer!
_ Mais alors?
_ Tu as déjà une garde. Donne une promotion à l'un d'entre eux.
_ Je ne les connais même pas personnellement.
_ Jean si! Et moi aussi. Le dernier à être embauché est digne de confiance. Il t'idolâtre et ferait tout pour te protéger.
_ Albert n'a jamais voulu le mettre dans ton cortège, mais il a toujours été dans le mien. J'ai eu à parler avec lui. C'est un jeune homme bien. Et l'avantage, c'est que tu n'auras pas à te donner du mal pour te souvenir de son nom. Il s'appelle aussi Karim Bilal, juste que son nom de famille possède un H à la différence du tien.
_Je l'ignorais, tout ça.
_ Oui... Tu avais Albert. C'est à la maîtresse de maison de savoir tout ça.
_ T'es génial Ébène.
_ Je sais, ouais! Alors?
_ Je vais m'entretenir avec lui et le lui dire ce soir.
_ D'accord bakhna!
_Ahhh du Wolof???!!!
_ Bah, je vais quand même être première dame non?
_ Bien sûr, bébé... Et pour ma compagne?
_ Fais une compagne anonyme.
_ Tu es folle?!
Karim ne comprenait rien. On pouvait voir à son air stupéfait qu'il était dérouté.
_ Pas du tout! Écoute-moi. Ton slogan sera "vote pour personne ayant une pensée qui ne plaît pas pour un visage qui plaît à ta pensée". Tu ne feras pas d'apparition en public et toutes ces choses futiles. Tu ne feras pas de promesses impossibles à tenir. Les dépenses et le boulot, c'est pendant le mandat, pas avant!
" Lorsque j'étais petit, j'entendais mes parents parler de politique. Pendant les élections, ils disaient tous << je vais voter tel parce qu'il me plaît et que ses promesses sont belles >>. Mais une fois les élections passées, retour à la réalité. Tout le monde se plaignait et rien n'était fait. Aujourd'hui, je me présente à mon tour. Moi, Karim Bilal, je ne vous promets rien que je ne pourrais exaucer. Je suis convaincu qu'on vit au jour le jour. Que le demain qu'on attend est inconnu et qu'un imprévu est si vite arrivé... Je vous promets juste de faire du mieux que je peux. Que ma vision d'un Sénégal différent ne vous déplaira pas. Votez pour moi pour un changement de vie dans l'intérêt de tous." Voilà ton discours. Imagine son impact auprès des citoyens.Mira?
_ Oui, trésor.
_ Tu es folle.
_ Ah, je ne crois pas l'être plus que toi.
_ On dirait que si.
Karim se rapprocha d'elle et lui fit un baiser sur le front.
_ En quel honneur ce baiser?
_ Parce que je t'aime. Parce que je suis content de pouvoir avoir ton aide. Parce que t'es géniale et intellectuellement magnifique. Parce que j'ai la chance de t'avoir. Damala beugue.
_ Hummm...
Mira sourit puis s'en alla.
À mi-chemin, elle se retourna et dit: "N'oublie pas de parler à Bhilal. Ne sors surtout pas sans protection. Et surtout... beugue naleu tamit."
Karim sourit aussi et courut la rejoindre.
_ Et si on passaitla journée ensemble à l'étage supérieur?
_ Ça serait avec plaisir, mais je dois aller visiter un appartement pour Claudia. La cuisinière. Elle a été expulsée. Je veux l'aider.
_ Ça ne peut pas attendre? Elle peut s'installer ici.
_ Non ! Elle a des enfants et est célibataire. Son époux a joué avec ses sentiments. Il a pris tout ce qu'elle possédait et s'en est allé avec une autre femme. Elle a besoin de s'en remettre seule.
_ D'accord d'accord, chérie.
_ À plus.
Karim regardait Mira s'éloigner.
Il souriait et se retournait.
Son regard commençait à changer sur la jeune fille. Et elle le remarquait bien.
Elle était de plus en plus à l'aise et ses agissements prenaient enfin forme.
Karim Bhilal prit ses fonctions. Il était non seulement le garde du corps en chef de Bilal, mais aussi son bras droit. Il ne fallut que quelques semaines pour que Karim ait entièrement confiance en lui et le mit dans la confidence. Karim lui dévoila ses véritables intentions en pensant avoir fait de lui quelqu'un de confiant. Ce qu'il ignorait, c'était que quelqu'un avant lui était plus relié à Bhilal que lui. Dans tout les cas, le temps passait et les jeux se jouaient. Le jour des votes avançait, et Karim était sur la bonne voie pour devenir président. Les conseils de Mira se révélaient bénéfiques pour lui.*Karim, futur président?*
Bonne chance à lui...
VOUS LISEZ
Mira Ébène
General FictionJe me fesais engloutir par la vie. Le bonheur , je ne l'ai jamais connue. Ma vie en quelques mots, n'avait aucun sens... Puis un jour il est arrivé. Il a partagé, de bonne fois, sa part de bonheur avec moi et je lui ai hélas fais voir ce coté somb...