Chapitre 14

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Le grand jour

Il n'était que 11h, et les résultats étaient prévus pour 15h. Mira était assise dans le bureau et attendait patiemment Karim, qui lui, n'allait pas tarder à arriver. Elle était vêtue d'une robe rouge, du même rouge que le vin qu'elle avait dans sa main droite. Du haut de ses magnifiques talons aiguilles, elle se portait élégamment et dégageait une aura inhabituelle...

Au bout de 30 minutes, Karim la rejoignit. Il remarqua immédiatement qu'elle semblait différente. Ne pouvant pas dire pourquoi, il ne dit rien. Elle lui demanda de s'asseoir sur son bureau, ce qu'il fit.

_ Bientôt les résultats, ma puce.
_ Oui, en effet.
_ Qu'est-ce qu'on fait ici. Partons, sortons!
_ Sortons? Tu veux que je vienne avec toi?
_ Bien sûr.
_ Lol, c'est nouveau...
_ Mais...
_ J'ai à te parler.
_ Je t'écoute.
_ Je te conseillerais d'être attentif!

Il retira ses écouteurs, posa son iPhone sur la table en activant le mode "ne pas déranger", puis fixa Mira du genre "je t'écoute". Et elle commença...

_ Ça fait un an qu'on vit ensemble, je pense. Si ce n'est plus... Dis-moi, as-tu déjà cherché à savoir qui j'étais?
_ Je te l'ai demandé à l'hôpital, Mira.
_ Tu as juste écouté que j'étais orpheline et tu es parti.
_ Non...
_ Non? Qu'est-ce que tu sais de moi?
_ ...
_ Dis-moi, je t'écoute. Surprends-moi!
_ Sorry...
_ Autant te taire alors!
_ ...

_Aujourd'hui, je vais te parler de moi. De moi!
_Mira, qu'est-ce qui se passe?
_ Tu vas comprendre chéri, tu vas comprendre.

Pour commencer, je suis Mira Ébène. Je n'ai ni de père ni de mère. Je n'ai pas de famille et pas d'origine. Ça, tu le sais! Mira est le nom qui était écrit sur la serviette dans laquelle on m'a retrouvée. Je ne sais pas si c'est ma mère qui m'a appelée ainsi ou si c'était juste une serviette quelconque, mais c'est ce nom que je porte. Ébène, bah Ébène c'est ma couleur de peau. Il me fallait un nom qui me correspondait et "Black" était déjà trop populaire. Je suis Mira Ébène! "La petite fille sombre au milieu d'un cadre rempli de blanc" Mira la noire.

J'ai vécu dans un orphelinat jusqu'à mes 10 ans puis j'ai été adoptée par un vieux blanc assez sympathique. C'était inédit parce que j'avais l'habitude qu'on me regarde comme un phénomène de foire sans que personne n'ait envie de moi.

Il m'a emmené chez lui et j'étais légitimement sa fille.Il me disait : "T'inquiète, tu ne seras plus jamais harcelée dans cet établissement. Tu seras avec moi. Je vais m'occuper de toi, et tu ne manqueras de rien." Il m'a mise à l'école pour que je continue d'étudier. Il était gentil, j'avais tout ce que je voulais, et je ne manquais de rien, enfin, sauf d'un minimum de liberté et d'intimité. J'étais suivie, partout et n'importe quand. Je ne pouvais prendre les transports en commun. Je ne pouvais mettre mes pieds dehors après 19h, sauf accompagnée. Je ne pouvais rendre visite à personne, et les gens qui venaient me rendre visite étaient victimes d'un interrogatoire étrange. Je ne comprenais pas pourquoi, et quand je demandais, il me disait : "C'est pour ta sécurité, mon ange," puis il m'embrassait sur le front et sur le nez, et on se limitait là. Ce n'était pas suffisant comme réponse, mais sans savoir pourquoi, je n'allais pas plus loin. Mais ce n'était qu'un détail pour moi. C'était une bonne personne pour moi. Il me procurait des fous rires énormes et me rendait tellement heureuse. J'étais "sa fille," et cela me plaisait. J'ai obtenu mon C.E.P et suis entrée en 6ème à l'âge de 11 ans, et j'ai également eu un petit ami que j'affectionnais particulièrement. Mais j'étais bien la seule à avoir de l'affection pour lui.
Pa_Patrick, lui, ne l'aimait vraiment pas, Pa_Patrick, c'était son nom. Il nous disait à chaque fois qu'il ne voulait plus nous voir ensemble et menaçait Tony à chaque fois de faire attention. Pour nous, c'était normal. Un papa, sa protège, sa fille. Surtout qu'on était jeune.
Un jour Tony a disparu. Il m'a envoyé un mail me disant que c'était fini et je ne l'ai plus jamais revus.
Je l'ai appelé, chercher sans succès.
J'étais anéantie.
Je l'ai dit à Pa_Patrick et il m'a dit "je t'avais dit d'arrêter de le voir et tu ne m'as pas écouté. Je suis persuadé qu'il ne reviendra pas ! C'est un jeune garçon. À son âge, on est inconscient.". On vivait dans une maison pareille à celle où l'on est actuellement. Il me répétait que j'étais à lui et que je n'avais pas le droit d'avoir un petit ami. Que j'avais déjà tout et que ce n'était qu'une distraction et que la priorité était mes études. Un soir, il est entré dans ma chambre et j'ai à ce moment compris son "tu es à moi". Il a abusé de moi et ce n'était que la première fois. J'étais trop calme et trop faible, je ne pouvais me défendre. Il abusait de moi tous les soirs et je ne pouvais rien dire à personne. J'étais surveillée et intimidé. Un jour, je suis retourné à l'orphelinat et j'en ai parlé à la doyenne, elle m'a rétorqué "et qu'est ce que j'en ai à y faire moi ? Tu as la chance de t'être enfin fait adopter. Sois reconnaissante pour ça et assume le reste. Il ne te bat pas que je sache. Il te donne du plaisir de toute façon réjouis toi de ça et ferme là." Oui, ferme la... Je devais me faire violé et en être ravie. 
Je devais sourire et me dire que c'est normal. Je devais me faire toute mignonne et l'attendre sagement. Je devais me taire...
Un jour, il est rentré à la maison complètement bourrée, il hurlait mon prénom et m'appelait vulgairement.  "Où est mon bébé, ma petite salope black ?". " Viens voir Papa Mira sexy, etc... . J'étais tétanisée par la peur sur le canapé du salon que je ne pouvais plus quitter. Il avait appris que j'en avais parlé à la doyenne par la doyenne elle-même et n'en était pas ravi du tout. Il a retiré sa ceinture. C'est mit à m'insulter et me la frappé. Il était de plus en plus violant. Il m'a pris sur ses épaules et m'a emmené dans sa chambre. La brutalité avec laquelle il m'a jeté sur le lit était inédite. Il a déchiré ma robe de chambre que j'avais et ma dit "si tu penses que je te violait dit toi que tu te trompais. Je te faisais l'amour, mais là, vu que je suis un violeur, je vais te violer et je te jure que tu le sentiras passer. "Il s'est levé pour fermé la porte. J'ai pris sa lampe à lecture et le lui ai frappé sur la tête en espérant l'assommer, mais je n'étais pas assez forte et lui ai juste blessé.
Il se retourna, son visage rouge de colère. La peur m'envahit, et j'ai crié au moment où un bruit assourdissant retentit dans la chambre. Deux secondes plus tard, la gouvernante de la maison apparut derrière lui. Elle venait de le neutraliser avec une arme tirée de l'immense armoire à côté de la porte. Ironiquement, elle appela la police, révélant que je n'étais pas la première victime. Il s'agissait d'un réseau dirigé par notre doyenne. On n'était pas adopté là-bas, mais vendu comme esclaves sexuelles. C'est pourquoi nous ne prenions pas le nom de nos prétendus parents. Pa_Patrick était un tueur en série, et la doyenne le savait. Il achetait, usait et se débarrassait de ses victimes une fois qu'elles ne l'attiraient plus, et c'était mon destin imminent. Il semblait sympathique et attentionné, cachant ainsi le monstre qu'il était. Tony avait été sa victime, et maintenant c'était mon tour.
Nous n'avons eu aucun problème après cela, car c'était de la légitime défense. Ce jour-là, Madame Rita, devenue la gouvernante, m'a délivré ces paroles : "Tu n'es pas un jouet. Tu as un cœur et des émotions. Tu ne dois pas te contenter de ce qu'on te donne, sachant que tu mérites mieux. Ne laisse personne se servir de toi simplement parce que tu ne veux pas être seule. Apprends à évaluer ta valeur et apprécie ta propre compagnie. Si on joue avec toi, joue encore mieux, et quand tu es au pied du mur, change de tactique."

Notre doyenne s'est échappée, disparaissant sans laisser de traces. Je suis retournée à l'orphelinat, où Mère Rita est devenue notre nouvelle doyenne. Nous avons commencé à apprendre l'auto-défense, l'art dramatique, et bien plus encore. Malgré les persistants racisme et harcèlement, j'avais enfin quelqu'un à qui me confier.

J'ai interrompu mes études en première année lorsque Tante Rita est décédée. Tout semblait échapper à mon contrôle, et Rita était devenue comme une mère pour moi, me laissant à nouveau orpheline. Bien que j'aurais pu rester en France, les souvenirs douloureux me hantaient. J'ai donc choisi de m'installer au Sénégal, un pays que j'affectionnais sans avoir de lien ni d'histoire. Rita avait fait de moi son héritière, et avec l'argent que l'État octroyait à chaque enfant sortant de l'orphelinat, ainsi que mes économies, je comptais laisser le passé derrière moi et construire une nouvelle vie, sans pour autant oublier qui j'étais.

Cependant, la vie au Sénégal ne fut pas sans difficultés. Ne parlant pas wolof, j'avais du mal à m'intégrer, car la langue était loin d'être facile. Trouver un emploi était également une épreuve. Un jour, le destin m'a souri, et je me suis vue devenir mannequin. Mon avenir semblait prometteur, mais c'est alors que tu as fait irruption dans ma vie.

À suivre...!

Mira Ébène Où les histoires vivent. Découvrez maintenant