Maiko Buto - La danse de la vie [TOME 2]

Chapitre 6 : Nuit compliquée

Ils venaient de rentrer à l'appartement de Kana, après qu'ils aient récupéré toutes les informations nécessaires. Après être entrés dans une petite pièce qui lui servait de bureau, ils s'installèrent à table, délaissant leur veste, masque et lunettes. Kana posa deux tasses fumantes sur le bois, tandis que le héros ailé avait attrapé l'un des dossiers qui se trouvaient devant lui. Sur un pan de mur, ils avaient créé un tableau semblable à ceux que l'on voit dans les séries, décoré de photos morbides, ou de portraits de victimes. Quelques informations étaient notées sur un tableau blanc à l'aide d'un marqueur noir, et la jeune femme s'attela à remplir une autre case, avec les renseignements qu'ils avaient pu avoir quelques temps plus tôt. 

─ Il doit avoir un alter qui le rend invisible, ou alors il peut passer à travers les murs, marmonna Hawks en rejetant sa tête en arrière, étirant son cou meurtri par une position trop longtemps gardée.

─ Peut-être qu'il vole ? 

En effet, le mystère restait entier. Bien que les endroits ciblés se trouvaient par moment à quelques mètres de différentes caméras de sécurité, il n'y avait aucune trace d'un individu suspect. On pouvait seulement voir les jeunes femmes attaquées passer devant l'objectif des caméras, et ne plus jamais apparaître. 

Keigo secoua la tête et croisa ses bras. En s'appuyant contre le dossier de sa chaise, il reprit :

─ Je connais toutes les personnes avec un alter qui permet de voler. J'ai déjà enquêté sur eux et rien.

─ Et tu es sûr qu'il ne s'agit pas de quelqu'un que tu ne connais pas, justement ? demanda Kana en haussant un sourcil.

─ Yep. Le ciel, c'est mon domaine.

Kana se retourna vers le tableau en soupirant. Ils n'avaient vraiment pas assez d'information, et ça avait le don de la mettre sur les nerfs. Les mains sur les hanches, le regard rivé sur le mur devant elle, elle se récapitula tout ce qu'elle savait sur cette affaire. Et ce n'était malheureusement pas grand chose.

En deux semaines, il y avait eu sept victimes.

Aruna Oshide, vingt ans. Une étudiante des plus banales, une vie calme et rangée, et un petit travail chez un fleuriste. 
Kiko Kajitori, vingt-et-un ans. Elle travaillait dans un magasin de jeu vidéo. Elle vivait avec son copain, n'avait pas de bon terme avec son père, et parlait peu à sa mère. 
Chizuru Yamasaki, une lycéenne de quinze ans. La petite dernière d'un fratrie de quatre enfants, elle avait dû se forger un sacré caractère pour vivre entourée de trois grands frères. 
Hiori Yu avait elle aussi vingt ans. Elle passait ses journées à la bibliothèque, à étudier avec assiduité et acharnement. 
Asari Takamiya avait été quand à elle une jeune fille de dix-huit ans précoce, finissant le lycée une année avant tout le monde. 
Jikei Fumiyari venait de débuter sa deuxième année de psychologie, soutenue par une famille nombreuse.
Et pour finir, Sayuri Okamoto. Jeune diplômée de son lycée, grande sœur et fille aimée, qui avait tout à découvrir du monde. 

Toutes avaient été attaquées au coucher du soleil, dans des ruelles sombres, étroites, à l'abri des regards. Toujours attachées à l'aide d'une vieille corde usée, et puis battues à mort.

Kana se passa une main dans les cheveux, presque excédée. Elle était fatiguée, elle avait froid et en plus, leur affaire n'avançait pas. Elle tourna son regard noir vers Keigo. Le jeune homme, qui avait maintenant trente ans, était penché sur les différents documents. Ses sourcils blonds étaient légèrement plissés, créant un creux au dessus de son nez droit. Ses lèvres pincées montraient son agacement, pourtant à peine visible, que Kana parvenait à discerner. Ce n'était pas la première fois qu'ils travaillaient ensemble, et les nombreuses heures qu'ils avaient passé en duo lui avaient permis de remarquer ces petits détails qui composaient son être.