Perdu D'avance

Chapitre 37

~ Blake ~

Je pose ma valise sur le sol de ma chambre et m'allonge sur mon lit, retrouvant cette solitude que je connais bien. Mon oncle m'a proposé d'aller manger chez lui ce soir, mais j'ai utilisé l'excuse de la fatigue pour ne pas y aller. Il a tout de même reporté à demain et je n'ai pas refusé. Mon oncle Andrew est mon seul tuteur légal et il me donne de l'argent, alors il faut que je fasse des efforts pour lui. Je profiterais d'être dans le quartier pour aller voir Lise qui depuis hier soir, ne m'adresse même pas un regard. Une petite partie de moi soupçonne Jessica d'être à l'origine de tout ça, mais je ne préfère pas. Le problème, c'est qu'elle est capable d'être allée la voir pour tout lui raconter. Je ne suis qu'un con.

Mon téléphone sonne, indiquant un message de Troy qui ne pouvait pas mieux tomber.

"Tu veux te défoncer ?"

Je tape rapidement sur mon clavier.

"Carrément."

En moins d'une heure, mon pote arrive chez moi trois gros joints à la main. Je persiste à croire que dans quelques années, il n'aura plus un seul neurone fonctionnel, mais ça n'a pas l'air de le déranger.

***

C'est Maureen qui m'ouvre la porte, un grand sourire aux lèvres. J'ai même droit à une étreinte, à chaque fois que je viens ici, elle m'accueille comme si elle ne m'avait pas vu depuis des mois. Elle me fait rentrer et je ne suis pas étonné de constater qu'Andrew, mon oncle, a le nez dans les dossiers. Assis sur le sol, devant la petite table du salon, il rassemble tous les papiers pour n'en faire qu'un tas.

- Bonjour Blake, comment vas tu ?

- Salut, je vais bien. Tu as du boulot ?

- Bien trop, soupire-t-il.

Il se lève et se dirige vers le minibar pour se servir un verre.

- Tu en veux un ? Me demande-t-il.

J'accepte d'un hochement de tête et le remercie quand il met dans ma main un verre de whisky. Celui-ci n'a rien à voir avec les whiskies bons marché que mes potes ramènent en soirée. Rien qu'a l'odeur, je peux sentir qu'il coûte un rein.

- Comment s'est passé ton voyage ?

Je prends une gorgée.

- Bien.

- Les profs n'ont pas eu de problèmes avec vous ?

Une autre gorgée.

- Pourquoi en auraient-ils ?

Cette fois-ci, c'est mon oncle qui prend une gorgée.

- Les tensions se sont dissipées entre vos deux lycées ? Demande-t-il en ignorant délibérément ma question précédente.

- Si on veut.

Je n'ai pas vu beaucoup d'amélioration, mais nous avons tout de même fait la connaissance d'un gars de l'équipe de foot et il faut avouer qu'il est sympa et bon délire. Et puis nous avons passé la semaine avec les trois mousquetaires de South School, c'est ce que tout le monde attendait de nous non ? Eliott s'est tapé deux filles différentes de ce lycée, mais je ne pense pas que ça ai aidé à diminuer la tension qu'il y a entre les bourges et les rejetés. D'autant, plus que, connaissant Eliott, il ne leur adresse plus la parole à l'heure qu'il est.

- À table, dit Maureen d'une voix douce, coupant court à la conversation.

Durant le repas, mon oncle et moi parlons peu, je vois bien qu'il a la tête toujours dans le travail alors je le laisse tranquille et me contente de manger mes lasagnes. Il a tout de même fait l'effort de poser deux ou trois questions et a tenu une conversation l'espace de quatre minutes. À la fin du repas, il m'a remercié d'être venu et est directement retourné dans ses dossiers. J'ai rassemblé nos assiettes et me suis dirigé vers la cuisine, où Maureen a déjà commencé à mettre les couverts dans le lave-vaisselle.