Chapitre 49

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~ Blake ~

Je brûle une nouvelle lettre de Dylan Marley, mon géniteur, qui a été glissée sous ma porte. Peut-être qu'il finira par comprendre que je ne veux rien à voir à faire avec lui. J'ai fait un tour à moto avant de rentrer chez moi, mais je suis toujours sur les nerfs. Lise et Liam ont très bien dansé, je savais qu'ils étaient censés jouer le rôle de deux amants. Pourtant, ce baiser était de trop. Il n'avait rien à faire là. C'est lui qui l'a embrassé, mais je suis en colère contre elle également. Et contre moi aussi, si je n'avais pas de sentiments pour elle, je n'aurais pas été atteint par ce geste. C'est de la merde cette histoire.

Quelqu'un toque à la porte et j'entends mon meilleur ami me crier de lui ouvrir. Au moins, il a eu la décence de toquer cette fois.

- Je sais ce qui s'est passé, dit-il d'un air grave en entrant dans mon appartement.

Affalé sur le canapé, je lève les yeux vers lui.

- C'est Nono qui m'a envoyé un message, reprend-il. Tu vas bien ?

- Oui, mens-je.

Non, je ne me sens pas bien. J'ai mal au cœur et j'ai dit à Lise que c'était finie entre nous.

- Je ne te crois pas, affirme Eliott en croisant les bras sur sa poitrine.

- Ne me casse pas les couilles.

- Tu vois Blu, quand tu es blessé, tu agis comme ça. Ne me fais pas croire que ça ne te touche pas alors que tu es fou de cette fille.

Je renifle et lâche un petit rire.

- Ça m'apprendra à laisser une bourge me monter à la tête.

Cela ne plaît pas à mon meilleur ami. Il se poste devant moi d'un air sévère.

- Envoie-lui un message, m'ordonne-t-il.

- Non, ce n'est pas à moi de faire ça.

- Arrête de jouer à l'enfant.

Je me lève pour lui faire face. La mâchoire crispée, ma tête est proche de la sienne.

- Ils se sont embrassés, devant mes yeux, ok ? Ouais, ça m'atteint, un peu trop même. Je ne veux plus entendre parler d'elle, tranché-je.

- Tu es beaucoup trop têtu.

- Je n'en ai rien à foutre. Et maintenant, sois tu arrêtes de me parler d'elle soit tu te casses.

Mon meilleur pote me regarde un long moment, puis se dirige vers la sortie.

- Je reviendrais te voir quand tu auras meilleur caractère.

La porte claque et je me laisse tomber sur le canapé. Je ne suis pas comme lui, je n'arrive pas à faire comme si tout allait bien. Quand quelque chose va mal, mon humeur est massacrante. Eliott, lui, est capable de coller des sourires sur son visage même après s'être battu avec son père. Soit ce gars est un psychopathe, soit un bon acteur, mais dans tous les cas, je l'admire.

Je passe mon week-end à fumer et ne rien foutre de plus. J'ignore les appels de mon oncle et reste enfermé dans mon appartement. Dès que je ferme les yeux, je vois Liam embrasser Lise. Est-ce qu'elle a ressenti la même chose quand j'ai embrassé Jessica ? Cela me paraît si loin. À ce moment-là, Lise et moi étions toujours dans notre phase passive-agressive, il n'y avait pas les sentiments qu'il y a aujourd'hui.

Le lundi matin, j'arrive en cours la tête dans le cul. Mes yeux sont rouges, dus aux nombreux joints que je me suis enfilés. C'est donc à ça que ressemble la vie de Troy, une vie au ralenti. Je me demande si elle est dans le même mal que moi. La semaine passe lentement, bien trop lentement. Eliott ne semble plus m'en vouloir pour notre petite dispute de l'autre jour et ne mentionne pas une seule fois le prénom de Lise. J'accepte d'aller manger chez Andrew, mais reste silencieux à propos de ma vie sentimentale et des lettres de mon géniteur. Je n'ai pas envoyé de message à Lise et elle ne m'en a pas envoyé non plus. Le mur qui s'est dressé entre nous est froid et solide. Elle n'était pas avec Nono et Alice lorsqu'ils nous rejoignaient devant le lycée, et je n'allais pas avec les garçons quand ils se dirigeaient vers South School. Le lundi suivant, je me sens un peu mieux et un peu plus reposé. D'ailleurs, Eliott me le fait remarquer lorsque nous nous rejoignons sur le chemin du lycée. Nous arrivons devant le grand portail et Kelly, la surveillante, est postée devant la porte la grille les bras croisés sur la poitrine.

- Ça fait dix minutes que la cloche a sonné, lance-t-elle d'un ton cassant.

- Son chien s'est échappé, on a dû lui courir après, explique Eliott avec de grands gestes.

- Quelle race de chien ? Demande-t-elle en levant un sourcil pas le moins du monde convaincu par l'excuse de mon pote.

- Un Berger, commencé-je.

- Australien, finis Eliott.

- Kelly fait claquer sa langue sur son palais.

- Je ne suis pas idiote, dit-elle. Filez en cours.

Nous passons devant elle, un grand sourire aux lèvres.

- On a eu chaud, fait Eliott persuadé que son mensonge à marché.

Peut-être que Kelly n'est pas idiote, mais Eliott l'est.

Nous négocions avec le prof d'histoire pour qu'il nous laisse entrer en classe quinze minutes après le début des cours et il finit par accepter. L'histoire est l'une des seules matières dans laquelle je suis doué, ça serait dommage de me mettre le prof à dos.

À la fin du cours, il mentionne une chose à laquelle je n'ai pas encore réfléchi ; les études supérieures. Je ne veux pas aller à l'université, ce n'est pas mon truc, je le sais d'avance, mais je ne sais pas quoi faire d'autres. Je me tourne vers Eliott qui ne semble pas réfléchir à son avenir, contrairement à la moitié des personnes présentes dans cette salle de classe.

- Tu veux faire quoi après ? Je lui demande.

- Après les cours ?

Je plisse les yeux en le regardant. En fait, ce n'est pas qu'il ne s'inquiète pas pour son avenir, c'est qu'il n'a rien écouté de ce que le prof a dit.

- L'année prochaine, je précise. Tu veux faire quoi l'année prochaine ?

Il hausse les épaules.

- Je ne sais pas, je ne suis pas très scolaire alors je vais sûrement trouver un travail.

En effet, je ne vois pas Eliott aller à la fac. Ou alors seulement si c'est pour participer aux soirées et baiser avec une fille différente chaque soir.

À midi, je suis avec les gars dans la cour, mais je ne participe pas à leur discussion. Cette histoire d'avenir leur a retourné le cerveau à tous et ils n'ont plus que ça à la bouche.

Du coin de l'œil, je vois Jessica s'avancer vers nous en jetant ses longs cheveux blonds en arrière.

- J'ai cru comprendre que c'était fini avec l'autre riche, dit-elle en clignant des yeux plusieurs fois.

Les gars se taisent et attendent ma réaction. Ce n'était vraiment pas la bonne chose à dire.

- Casse-toi, lui ordonné-je durement.

Elle fronce les sourcils, mais ne bouge pas.

- Casse-toi ! Je répète.

Elle tourne les talons et s'éloigne. Je me mets face aux garçons.

- Lequel d'entre vous lui a parlé ? Je demande les dents serrées.

- Mec, commence Enzo. Nous n'étions même pas au courant que toi et Lise, c'était...

Il ne finit pas sa phrase. Je ne vois pas comment ils le sauraient, Eliott n'aurait pas craché le morceau.

Une sirène de police attire notre attention et plusieurs voitures passent à toute allure devant notre lycée. Elles sont suivies par une ambulance et ça ne passe pas inaperçu, tous les lycéens présents dans la cours sont intrigués.

Alexis pousse un juron, les yeux rivés sur son écran.

- Il se passe un truc à South School, dit-il d'une voix tremblante.

Perdu D'avanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant