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Je termine de ranger les verres quand Woody s'arrête devant moi.

- Qu'est-ce qu'il y a entre toi et Joe?

- Rien.

- Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai vraiment du mal à te croire. Alors je voudrais savoir la vérité.

- Mon père lui doit de l'argent, tu es content ! Comme il sait qu'il n'a pas un sou, c'est vers moi qu'il s'est tourné pour lui payer son dû. Sauf que moi non plus, je n'ai pas un sou. Mais j'ai mis de côté et je le rembourse intégralement le mois prochain. Est-ce que je peux rentrer maintenant? Je prends mon service à 8h00 tout à l'heure.

- Un dernière chose. Et Manuel?

- Lui, c'est mon problème.

Je ne le quitte pas des yeux.

- Tu peux y aller.

Je lâche le torchon et quitte le comptoir. Je récupère mon sac et quitte le bar. Une fois chez moi, je retrouve mon père endormi sur la table, un bouteille de whisky vide devant lui. Je souffle et me dirige vers ma chambre. Épuisée, je m'allonge et m'endors après avoir mis mon réveil.
Il sonne trop tôt à mon goût, je passe sous la douche et pars ensuite pour une nouvelle journée.

Deux semaines se sont écoulées et le rythme est compliqué à suivre, je suis épuisée. Mon père a encore fait des siennes, il s'est battu et a terminé au poste.
Je suis en plein service au White Snake quand ma tête se met à tourner d'un seul coup, je me retiens contre la table le temps que ça passe. Je me reprends et me dirige vers le comptoir.

- Alors, ça te plait de travailler ici? me demande Harley, la copine de Reed.

- Oui, c'est bien et Will est sympa comme patron.

- Super, les clients ne sont pas trop chiants? demande-t-elle en souriant.

- On s'y fait, dis-je en haussant les épaules.

Harley me sourit et boit une gorgée de son soda. Je retourne à mon nettoyage, mais ma tête refait des siennes.

- Tout va bien? me demande Harley.

- Oui,oui.

- Tu es vraiment pâle là, dit-elle en se levant.

- Non ça va, ne t'inquiète pas.

Mais mon corps devient lourd et je tombe lourdement par terre. Harley m'aide à me relever et à marcher jusqu'à une chaise.

- Tu n'as pas manger depuis combien de temps?

- Tout va bien? demande Will

- Oui, oui juste un coup de mou.

- Tu rigoles? me dit Harley.

Elle se redresse et part me prendre un verre d'eau.

- Tu as mangé quoi aujourd'hui?

- Une pomme, lui dis-je.

- Et c'est tout?

- Oui, lui dis-je.

- Tu es vraiment sérieuse? me demande Will.

- Qu'est-ce qui se passe? demande Woody en arrivant.

- Rien, dis-je.

- Elle vient de faire un malaise, lui dit Will.

- Mais ça va, dis-je.

- Charlie, me dit Woody.

- Ça va, je peux reprendre du service.

Je me lève, mais trop vite. Woody me retient.

- Tu restes assise. Harley demande à Rose de ramener à manger.

- D'accord.

- Will, tu peux te passer d'elle une petite heure.

- Bien sûr, pré.

Woody s'installe en face de moi, son regard ancré dans le mien. Je finis par me sentir gênée.

- J'ai quelque chose sur le visage? lui demandé-je.

- Non. Où en sont tes remboursements?

- J'ai tout réglé pour le mois dernier.

- Et pour les mexicains?

- C'est en cours, mais pourquoi ça t'intéresse?

- J'aime bien savoir qui m'entoure.

- Je paie juste ma dette et je m'en n'irai.

- Tu n'es pas prête de partir.

- C'est sympa, dis-je.

- Ton père fait des dettes partout où il passe, il faudrait que tu coupes les ponts.

- C'est ma seule famille. Je ne le laisserais jamais tomber. Ça m'est égale de passer ma vie à payer ses dettes.

- Et vivre ta vie à toi?

- Ici, il n'y a rien à vivre.

- Livraison à domicile, dit Rose en déposant une barquette entre nous.

- Mange maintenant.

Woody reste assis, il m'ouvre la barquette et la pousse vers moi. Bordel, l'odeur va me faire baver. Mon ventre se réveille. Je prends la barquette et la dévore. Quand je relève la tête Woody me sourit. Un vrai sourire, un sourire que je n'avais jamais vu sur son visage.

- Tu ne manges pas?

- Dans la vie faut faire des choix. Pour moi, manger n'est pas une priorité.

- Je te remercie pour ce repas et ça ne se reproduira plus, je te le promets.

Woody

Une dizaine de clients pénètre dans le bar, Charlie se lève et se remet au service. Elle n'a rien compris... Pour tenir, il faut manger. Mais maintenant, je comprends sa maigreur. Elle se remet au travail comme si de rien n'était. Je me lève à mon tour et quitte le bar. Je prends ma bécane et roule jusqu'à la rivière. Il m'attends déjà. Ernesto tire sur sa cigarette, il fait parti des Mexicains, mais est un bon ami. Je retire mon casque.

- Tu as les infos que je t'ai demandé?

- Bien sûr pré. Depuis que son père doit des sous au Club, Manuel est attiré par Charlie. Enfin, elle lui plaît. Et ce qui l'excite, c'est qu'elle lui disent non à chaque fois. Il ne lâche pas. Il sait tout d'elle. À quelle heure elle termine au White horse, où elle vis, des fois il quitte le Club et perso, je suis sûr qu'il la suit. C'est comme un prédateur. Et Charlie est sa proie. Il n'attend que ça.

- Est-ce que tu penses qu'il pourra lui faire du mal un jour?

- Tu connais Manuel, tu sais qu'il est capable de tout.

Je passe ma main sur mon crâne.

- Oui...

Je quitte Ernesto et rentre chez moi, mais le sommeil ne s'empare pas de moi. Je reprends ma bécane et me rends au bar. L'ambiance est calme, je m'arrête en voyant Charlie endormie au comptoir. Will me regarde en souriant. Il faudrait que je vois Mike pour qu'il lui donne un jour de congé. À ce rythme là, elle ne va pas tenir.  Son portable sonne, la réveillant en sursaut, elle récupère son mobile et grimace en voyant le nom affiché sur l'écran.

- Je peux y aller? demande-t-elle à Will.

- Tu as fini ton service, donc oui.

Elle se lève et part chercher ses affaires.

- A demain! dit-elle en passant devant nous.

La porte refermée derrière elle. Will me serre un verre.

- Elle dormait depuis longtemps?

- Non. Cinq minutes.

J'attrape mon verre et le bois. Je suis épuisé et venir ici n'était peut être pas une bonne idée.

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Un petit point de vue de Woody et celui-ci en sait plus sur Charlie! Bisous

The White Snake: Woody T3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant