𝐌𝐢𝐝𝐧𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐤𝐢𝐧𝐠𝐝𝐨𝐦

Chapitre 3.

De grosses bourrasques glaciales traversaient les larges couloirs de Poudlard aux alentours de 19h , alors que trois serpentards se rendaient à leur retenue , obtenue quelques temps auparavant.

Andréa , qui n'avait jamais vécu d'heure de colle de sa vie , était plongée dans une vague d'anxiété qui l'imergeait complètement , et même la bonne humeur des jumelles ne pouvaient l'en sortir. Elle se sentait terriblement mal , comme rongée par le regard impassible du professeur Rogue.

Une fois de plus , sa capacité a débiter ses paroles plus rapidement que la lumière lui avait joué des tours.

C'est dans une atmosphère calme et morose que les vertes et argentés rejoignaient la salle du maître des potions , tandis qu'un peu plus loin , une joyeuse troupe composée de trois gryffondors au caractère bien trempé, débattaient à en perdre haleine, enjoués, confiants.

Les six élèves furent priés de pénétrer dans la pièce froide et peu accueillante, dont les seules odeurs qui en émanaient étaient le renfermé et le souffre.

Pas étonnant pour des cachots, songea la brune.

- Bien. Vous allez organiser la salle de sorte à ce qu'elle ne ressemble plus à un champs de bataille. Vous avez deux heures.

Le professeur verouilla la porte de son entre ,grâce à un sortilège puissant, les laissant seuls sans plus d'instruction.

-Bon... par quoi on commence ?

- Par sortir nos baguettes ! S'écria Elisa.
Celle-ci se tourna en direction des deux têtes rousses , le regard dur.

-Cependant , plus de maléfices, sinon je vous fais virer. Tous-les-deux.

- Compris , duchesse !

-Affirmatif chef !renchérit George.

Après s'être réparti le travail, les retenus mirent la main à la patte sans rechigner.

Bianca se retrouva à nettoyer l'ensemble des tables en compagnie du fameux Fred Weasley , celui qui les avait fait coller.

Son éternel sourire avait le don d'agacer la brune , qui ne supportait pas son air confiant : il était presque fier d'être ici à récurer de vieux meubles.

-Ça t'amuse ?

- Tu ne peux même pas savoir à quel point.

- Stupide...

- Arrête, tu es fan de moi. La coupa t-il.

- Plutôt passer une journée avec Ombrage que d'avouer ça !

Même si l'énorme crapaud rose avait déserté le collège, ses divers actes passés restaient gravés dans nos mémoires, à jamais.

Ce soir là , l'un avait découvert l'autre. Tout commence ce soir.

Fred et George passaient leur temps à embêter les jumelles , mais ils avaient chacun leur préférée.

Fred aimait le ton ferme , cassant mais aussi amical de la brune , ses cheveux bouclés tombants sur ses épaules, son répondant, sa manière d'être, même si il ne supportait pas le fait que la jeune femme se cache constamment derrière ses lunettes , par peur d'affronter la réalité.

Malgré les apparences , Bianca appréciaient tout autant les cheveux en bataille du roux , ses fossettes au coin des joues , ses taches de rousseurs ravivant son visage , son humour jamais mesquin , visé , son intelligence camouflée derrière tant de faux-semblants. Elle aimait par dessus-tout sa fragilité, qu'elle était certainement la seule à percevoir.

Les deux se cherchaient à coups de piques bien placées de de taquineries bon enfant.

Tout ce que leurs amis retenaient , c'était leurs éclats de rire , plein d'espoir et d'allégresse.

Au contraire , les échanges entre Léa-ly et George étaient plus discrets, implicites. Personne n'auraient pu imaginer que les deux comparses s'appreciaient. Cependant , ils se cherchaient du regard , se lançaient des moqueries silencieuses, de l'affection dissimulée, une partie d'eux à peine dévoilée en émergeait, seulement par le biais de leurs iris.

George ressentait les non-dits , la sensibilité de la brune.

Évidement, Bianca et Léa-ly avaient la même histoire, mais le rouquin savait que celle qu'il avait contrainte à venir à la première retenue de sa vie, souffrait d'un mal dont personne n'avait jamais remarqué.

Un mal qui la rongeait , oui. Bien plus que l'on ne pourrait croire.

_________________________________________

Essoufflée par sa lourde tâche de déplacer les tables de la salle , Andréa était tout de même ravie de terminer à une heure aussi tardive : le couvre-feu étant largement dépassé, elle avait donc plus de chance de tomber sur le ténébreux Drago Malefoy.

Tout en déposant une énorme caisse que le professeur laissait traîner au fond de la pièce, elle fût interpellée par Elisa :

- Oh ,Andréa ! Je voulais te proposer quelque chose.

- Dis-moi.

-Ça te dirais d'aller à la bibliothèque avec moi , samedi ?

- Bien sûr , tu dois réviser ?

- Pas vraiment, mais je pensais surtout que ça nous éviterait de passer les prochaines soirées en retenues et qu'on en profiterait pour discuter un peu...

- Tu as raison,j'en ai déjà bien assez bavé avec Ombrage !

Une amitié naissait, telle une fleur lors d'un beau matin de printemps.

Après avoir été libérée par Rogue , Andréa décida de ne pas attendre les jumelles et de rentrer directement aux dortoirs.

Ses espérances se réalisaient finalement : la voix du blond résonna dans son dos , étirant ses lèvres en un large sourire.

-Chaux... je vais devoir te conduire à Rogue.

- Figure-toi que je sors tout juste de sa salle !

- Fous-toi de moi...

- Pourquoi tu n'accordes plus ta confiance à personne ?

- Parce que les menteurs courent les rues.

- Tu crois que je te mens ? Que je ne joues pas franc-jeu ?

- J'en suis persuadé. Tu n'es pas sincère avec toi-même.

-Malefoy , tu devrais apprendre à regarder droit dans les yeux plutôt que de les fuir : ça t'évitera de te tromper.

En effet , le regard perçant du serpent ne se risquait jamais à plonger dans celui de ses condisciples : avait-il peur de ce que l'on pouvait lire dans ses deux pupilles métalliques ?

Ce soir-ci ,il aurait dû faire bien plus attention. Il aurait dû masquer son anxiété. Son manque d'assurance. Ses peines et rancœurs. Mais il ne le fit pas, comme si son subconscient souhaitait qu'Andréa puisse capter l'explosion qui se produisait à l'instant-t dans le cœur du blond.

- Ça ira pour cette fois, Chaux , mais que je ne t'y reprenne plus.

- Je te cernerais , Drago Malefoy.

Je le jure.