Chapitre 15 : La passion du Mal - partie 2

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- J'ai si froid.

Abraxas frissonna quand le murmure de Mélissandre lui chatouilla le cou. Elle grelottait contre lui et il leva les bras comme un automate pour l'enlacer. Il avait l'impression de vivre un rêve. Son réveil avait été si brutal... elle le serrait si fort... avec ses deux bras...

Il retint son souffle. Puis Abraxas fit lentement glisser sa main du dos de Mélissandre jusqu'au bras droit de la jeune femme. Elle l'avait bougé. Elle avait retrouvé l'usage de son bras. Il ignorait comment cela était possible, tout comme il ignorait ce qui avait provoqué son réveil. Mais ce n'était pas important, pour le moment. Il était juste heureux. Tellement heureux. Et il ne put s'empêcher de repenser à la dernière conversation qu'il avait eu avec elle :

- Dans deux jours, tu ne sera plus mon professeur. Je me demande si me donneras encore un coup de pied.

- Tu le sauras dans deux jours.

Pourtant, cinq ans s'étaient écoulés depuis. Il avait dû patienter jusqu'à maintenant pour savoir...

- Tu m'as fait attendre, grogna-t-il en la serrant de toutes ses forces.

- Thadeus, appela-t-elle faiblement.

Abraxas se crispa. Ce n'était pas ce qu'il aurait voulu entendre. Il relâcha légèrement Mélissandre pour la regarder dans les yeux. "Tu ne vois pas que c'est moi ?" pensa-t-il furieusement en lui agrippant durement les bras. Mais elle ne semblait pas le voir. Mélissandre battait des paupières frénétiquement. Après avoir gardé les yeux fermés si longtemps, il était normal qu'elle soit aveuglée par la lumière du jour.

- Je suis là, Mélie, dit Thadeus en posant une main tremblante sur l'épaule de sa soeur.

Elle suivit la main de Thadeus pour se jeter dans ses bras. Et seulement là, elle se mit à pleurer. Sa voix était enrouée, si bien qu'il était difficile de tout comprendre, mais ses sanglots tournaient autour d'une seule chose :

- Je ne pouvais... rien faire ! Pas même appeler !

- C'est fini maintenant, dit Thadeus pour la rassurer.

- Et soudain... le brouillard... le froid... si froid ! Les ombres... la porte... j'ai vu la porte !

- Je ne comprends pas, répondit son frère aussi perplexe que les autres. Calme-toi. Quelle porte ?

Tous sursautèrent quand la porte de la chambre s'ouvrit brutalement sur deux médicomages qui entrèrent en trombe. Ils avaient l'air complètement affolés, et ils bousculèrent même Druella dans leur élan. Mais ils s'arrêtèrent net en posant les yeux sur Mélissandre, et ils passèrent de l'affolement à la stupéfaction.

- Heu... elle... s'est réveillée ? balbutia l'un d'eux.

- Ça ne se voit pas ? lança Druella en se massant l'épaule. Ce n'est pas pour ça que vous débarquez comme des dingues ?

- Non, nous... nous avons reçu un signal d'urgence, expliqua celui qui l'avait bousculée.

- La chambre a détecté un arrêt cardiaque, confirma l'autre en s'approchant du lit pour recueillir les données sur l'état de santé de Mélissandre. D'après ce que je vois... vous avez cessé de respirer pendant près d'une minute, juste avant de vous réveiller.

- De quoi vous parlez ? s'exaspéra Abraxas. Tout va bien ici, vous ne voyez pas ? Laissez-la retrouver son frère tranquillement.

Les médicomages se consultèrent du regard avant de quitter la pièce. Ils leur laissaient seulement quelques minutes avant de revenir pour ausculter Mélissandre.

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