PDV Bakugo (2)

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Qu'avaient-ils de si long à se dire, ces deux- là ? Cela faisait un moment que Todoroki et Deku étaient sortis. Je ne cessais de fixer l'encadrure de la porte, attendant qu'au moins l'une de leurs deux stupides silhouette apparaissent. Le délai me rendait fou. Presque dix minutes...

Todoroki fut le premier à se montrer. Toujours aussi calme, cette raclure. Son visage impassible ne me donnait aucun indice sur ce qui avait été dit.De quoi avait-il bien pu parler avec l'autre nerd ? Mon nerd.

Déjà que l'on disait que cette espèce de glace vanille-fraise était plus douée que moi. Alors si en plus de ça, il me prenait Deku.  Non ça n'arriverait pas.

Deku... J'étais d'une façon ou d'une autre attaché à lui. Enfin je veux dire, il faisait parti de mon passé, était là depuis toujours. Il n'y avait aucun moyen qu'il en disparaisse. Surtout pour Todoroki.

« - Bakugo !

- Quoi ? dis-je agressivement. J'avais conscience que mon énervement était visible. Mais je n'étais pas d'humeur à faire des efforts ou je ne sais quoi aujourd'hui.

Je savais parfaitement qui venait troubler ma réflexion, ce sifflement ne pouvait être que la voix d'Eijiro.

- Bakugo. Tout va bien ? T'as l'air crispé, dit Kirishima, en esquissant un geste comme pour poser sa main sur mon épaule. Un sourire était plaqué sur ses stupides lèvres. J'esquivai son accolade.

Eijiro Kirishima. Ce garçon était sans conteste quelqu'un que j'aurais facilement qualifié de très agaçant. Et pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de remarquer quand il était absent ou quand quelque chose n'allait pas. Il m'avait en quelque sorte forcé à l'apprécier.

Eijiro ne ressemblait en rien à Deku. Enfin presque, ils avaient tous deux cette même manie de toujours voir le côté  positif des situations. Et il est vrai que sa force était admirable.

Malgré toutes mes tentatives, je n'arrivais jamais à parfaitement le cerner. J'avais toujours cette sensation que je ne savais pas tout.  Cette impression m'irritait naturellement mais me si je ne l'avouerai jamais à haute voix, cette partie de lui me plaisait, celle qu'il ne montrait pas, caché devant son enthousiasme foncier.

- On mange ensemble ce soir ? proposa Eijiro avec ce même entrain qui me fit grimacer. Pourtant, au fond, son ton zélé effaçait peu à peu l'image de Todoroki s'éloignant aux côtés de Deku. Le plus surprenant étant que, sur le moment, je ne le réalisai même pas.

- Si ça peut te faire taire, lui signifiai-je, acceptant discrètement son invitation. Je l'observai faire un geste du bras pour exprimer sa joie. Je soufflai du nez, dédaigneux, mais cet imbécile m'avait fait sourire. Pourtant la silhouette de Deku revint aussi vite qu'elle était partie. Ces derniers temps, il ne sortait plus de ma tête. J'en venais à le voir dans mes rêves.  Cela en devenait grotesque.

- Trop bien ! Alors à ce soir, dix-huit heures ? conclut-il. J'hochai la tête mais j'étais déjà ailleurs.

Eijiro tourna les talons, tout sourire, et s'en alla à grandes enjambés, me laissant seul face à mes spéculations. Je levai les yeux vers la pendule accrochée au mur : déjà seize heures trente. Moi aussi, je devais y aller si je voulais avoir le temps m'entraîner avant de sortir ce soir. Me dépenser me vidait toujours la tête, et si je ne le faisais pas au plus vite, j'aurais l'impression de devenir fou. Les marches défilaient sous mes pieds quatre à quatre. Partir, partir au plus vite avant que Deku ne réapparaisse et que je soit plus en pouvoir d'étouffer ma rancœur injustifiée.

Seulement, je fus stoppé dans ma course par nulle autre que le nerd en personne.

« - Deku, grognai-je plus par surprise que par colère.

- Oui ? sursauta-t-il. Nous avions failli nous rentrer dedans. Il ne s'attendait visiblement pas à me croiser. Il semblait d'ailleurs très plongé dans ses réflexions, enfin jusqu'à ce que je l'en tire plutôt brutalement. En l'ayant juste en face de moi, je ne pus retenir la question qui faisait bouillonnait mon cerveau depuis presque une demi-heure.

- Qu'est-ce que Todoroki voulait te dire ? Je posai la question sans agressivité, mais ma voix ne semblait être composé qu'exclusivement de consonances dures. Je le voyais hésiter. Izuku commença une phrase mais se ravisa presque immédiatement.

- Tu ne veux pas me le dire, déduis-je, en enfonçant mes mains dans les poches de mon pantalon pour ne pas serrer les poings. Je ne m'éloignai pas de lui pour autant, je m'en rapprochai en fait. Qu'étais-je donc en train de faire ?

- Non, ce n'est pas ça, dit Deku, en agitant nerveusement les mains. Son visage prit une couleur rosée qui me fit voir rouge.

- Alors quoi ?

J'avais haussé le ton et m'étais tellement approchai de Deku que son dos heurta le mur derrière lui. Mes quelques centimètres de plus me rendaient intimidants. Ses yeux dirigés vers le haut soutenaient fébrilement mon regard alors que l'expression sur son visage me ramena une année en arrière, lorsque lui et moi étions encore ensemble au collège. Je serrai les dents. Il bredouilla mon nom, ou plutôt mon surnom, en déglutissant.

- Imbécile de nerd... Dis-moi juste de quoi vous avez parlé.

- Arrête ça, se défendit-il. Il n'était plus le gringalet d'il y a deux ans et je me trouvais si près de lui que nos têtes se touchaient presque. Son souffle, je pouvais le sentir contre mon cou. Et ses yeux qui s'étaient durcis mais qui gardait cet éclat vitreux de l'enfance. La chaleur sur ma peau, humide, à peine désagréable; j'en perdis tous mes moyens. Je m'écartai brusquement, le visage tourné vers le sol, dégoûté par moi-même.

- Merde Deku, » soufflai-je. Je pouvais sentir son regard incrédule qui me parcourait sans comprendre. Je m'en allai sans rien ajouter de plus.

À nous quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant