14.1. Savannah

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- Bonjour ma jolie, me réveille la voix de Carter.

Je tourne dans le lit et m'étire avant d'ouvrir les yeux. La pièce est toujours plongée dans l'obscurité. Seuls quelques filets de lumière passent entre les rideaux et me permettent de distinguer Carter appuyé contre le chambranle de la porte.

- Bonjour.

- Bien dormi ?

- Hum hum, marmonné-je. Il est tard ?

- Presque 10 h 30.

J'imaginais que la journée était beaucoup plus entamée. Ravie de constater que je peux encore profiter de quelques heures de sommeil, je referme les yeux. C'était sans compter sur Carter qui m'empêche de retrouver les bras de Morphée.

- Mais, c'est le week-end. Je suis rentrée tard et tu m'as réveillée deux fois cette nuit, râlé-je, les paupières closes.

- Excuse-moi pour ça.

Je perçois du mouvement autour de moi puis le matelas s'affaisse dans mon dos. Carter m'attire contre son corps et entoure ma taille de ses mains. Sa respiration régulière se cale sur la mienne et nous restons ainsi durant quelques minutes avant qu'il ne brise le silence :

- Je dois me rendre à Boston pour le travail. J'ai pensé... tu pourrais... enfin...

Je rêve ou Carter me semble nerveux ? Habituellement, il dégage beaucoup plus d'assurance. C'est adorable de voir un homme avec une telle audace bégayer de la sorte.

- Carter ?

- Tu veux m'accompagner ? Je n'en aurais que pour deux heures maximum, après on profitera de la ville, j'ai déjà...

- Je serai ravi de venir avec toi, le coupé-je.

Parfait, je rentre chez moi, une petite heure. Juste le temps de récupérer le dossier et mes affaires et je reviens te chercher.

Le voilà qui a retrouvé tout son aplomb. Carter m'embrasse la tempe et s'éclipse. J'abuse encore un peu de la chaleur de mon lit avant de m'en extraire.

Ce n'est qu'une fois que je suis sortie de la douche que je me rends compte que j'ignore s'il a un programme précis.

Comment je dois m'habiller ? Tu as prévu quelque chose ?

Sa réponse ne tarde pas.

Ne te prends pas la tête Ava. On n'assistera pas à un défilé de mode 😉

Dans un grand sac appartenant à Noah, je jette un jean ainsi qu'un chemisier et une paire de baskets. J'y glisse aussi une robe et des escarpins dans le cas où il déciderait d'aller dans un restaurant chic. Lorsque la sonnette retentit, m'indiquant le retour de Carter, j'en suis encore à dompter ma crinière rebelle.

Derrière la porte, je découvre mon amant dans l'embrasure, ses clefs de voiture dans une main et des lunettes de soleil sur le nez.

- Désolé, je ne suis pas prête.

- Ne t'inquiète pas, je ne bouge pas.

Il m'embrasse brièvement puis m'observe terminer de m'apprêter. Dès que j'ai fini, il saisit mon sac et m'invite à me suivre. Conservant sa galanterie habituelle, il m'ouvre la portière avant de s'installer derrière le volant et démarrer son véhicule.

La vitre baissée, je hume l'air frais dès que nous quittons la ville. L'odeur soufrée présente m'indique que nous longeons maintenant la côte. Je fredonne les musiques qui passent à la radio avec plus ou moins de justesse les yeux fermés.

Le temps d'un instant, je suis plongée dans une vingtaine d'années en arrière. Lorsque mes parents m'emmenaient une journée à Cape May dans le New Jersey. J'écoulais le trajet, la tête hors de la voiture, les cheveux au vent à chanter à tue-tête la moindre chanson que je reconnaissais sans connaître les paroles. Maman répétait sans cesse que c'était dangereux et mon père se contentait de m'imiter juste pour la taquiner.

Ce sont ces moments qui me manquent le plus.

Au moment où la berline s'immobilise, je constate que Carter s'est arrêté sur une aire de repos.

- Ton ventre hurlait la mort, explique-t-il. On va déjeuner et ensuite on reprend la route.

Ce n'est que quatre heures après notre départ que nous passons enfin à côté d'un panneau nous signalant notre entrée dans la ville.

Je ne m'y suis rendu qu'une seule fois avec Louis pour une soirée dont je n'ai que très peu de souvenirs. Nous étions venus en avion et mis à part la salle de l'événement et les murs de notre chambre d'hôtel hors de prix, je n'ai rien vu du berceau de la Liberté.

Carter roule encore une dizaine de minutes avant de se stationner sur State Street. J'entends les mouettes chanter près de nous lorsque je sors. En observant autour de moi, je remarque que nous nous trouvons à proximité d'un port ainsi que d'un hôtel. J'imagine que c'est ici que nous passerons la nuit.

Carter est principalement venu pour son travail. Je suppose que nous allons prendre notre chambre avant qu'il aille retrouver son client.

- C'est par là, déclare-t-il en pointant la direction opposée de l'immeuble.

Nos sacs sont toujours dans le coffre donc je me demande bien où nous allons. Je lui emboite le pas tandis qu'il ralentit afin que nous soyons côte à côte. Nous rejoignons un grand aquarium à l'extérieur vitré situé près du front de mer. Je m'émerveille de l'environnement dans lequel je me trouve. Tout au long de notre visite, je me fascine pour les différents bassins abritant des milliers d'espèces aquatiques diverses.

- Regarde, il y a même des pingouins.

La plus-value de cet endroit est certainement le bassin central où nous pouvons observer les nombreux types de poissons nager à mesure que l'on monte autour de lui.

- Tu sais que j'adore quand tu fais ça, mais je ne suis pas sûr que c'est le lieu adapté, murmure Carter au creux de mon oreille.

Il se trouve si proche de moi que je sens son torse se soulever à chacune de ses respirations. La dernière fois que je l'ai épié discrètement, il semblait poser pour un magazine de mode, les mains nonchalamment enfoncées dans les poches, mais la posture droite.

- Qu'est-ce que je fais exactement ? l'interrogé-je curieuse.

- Ce petit gémissement de plaisir.

Je me retourne vivement pour l'examiner, mais son expression amusée ne m'aide pas à deviner s'il me fait marcher ou non. Lorsque je pivote pour reprendre ma contemplation, il revient à la charge.

- Tu fais le même quand je m'enfonce en toi, chuchote-t-il au creux de mon oreille.

Toute l'hémoglobine de mon corps afflue vers mon visage et je baisse la tête pour camoufler ma gêne alors qu'un maigre sourire se dessine sur mes lèvres.

- Carter, le réprimandé-je.

Il se contente de hausser les épaules en riant franchement sans se soucier des autres visiteurs qui nous jettent des regards appuyés. Je continue mon exploration suivie de mon amant qui pose soudain son bras musclé sur mes clavicules. Ce simple geste suffit à me couper la respiration une seconde. C'est anodin mais aussi si naturel que j'ignore s'il a conscience que nous ressemblons à un couple dans cette position. Je ne fais donc pas de remarque et me cantonne à savourer le moment.

Souls - Tome 1 - Two Broken SoulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant