23.1. Savannah

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Après une multitude d'orgasmes plus intenses les uns que les autres, je m'écroule aux côtés de Carter. Mon cœur bat toujours à la folie dans ma poitrine tandis que j'affiche un sourire béat. Mes jambes tremblent encore du dernier. Je me sens si bien que je me love contre le corps de mon amant négligent que nous nous trouvons dans son bureau. N'importe qui pourrait entrer mais, pour l'instant, je m'en fiche complètement.

Carter et moi venons de dépasser un cap en nous avouant mutuellement que nous tenons l'un à l'autre.

Nous ne bougeons pas immédiatement préférant nous câliner longuement. Ma respiration se coupe lorsque j'entends des portes claquer dans le couloir.

- Ne t'inquiète pas. Ils finissent leur journée, me rassure Carter.

J'écoute d'une oreille attentive les sons environnants mais les bruits cessent rapidement et le silence règne. On dirait que nous sommes seuls maintenant. J'adorerai rester dans cette bulle pour toujours.

Carter se lève le premier. Il arpente la pièce, nu comme un vers, pour rassembler nos vêtements. Je l'admire avant de me redresser à mon tour. J'enfile ma lingerie ainsi que ma jupe mais ne peux décemment pas mettre ma blouse. Dans un élan d'excitation, Carter me l'a complètement déchiré.

- Tu pourrais me prêter un tee-shirt ou quelque chose ?

- Pourquoi ?

- Tu as bousillé mon haut.

Mon amant n'hésite pas à me donner la chemise qu'il s'apprêtait à endosser. Je lorgne sur son torse en revêtant l'habit. Je ne sais pas quand il trouve des moments pour faire du sport dans ses journées. J'ignore ce qu'il va porter pour se couvrir. Je n'ai pas le temps de lui poser la question qu'il ouvre une porte de sa bibliothèque et sors un tee-shirt noir d'une boite blanche.

- Tu gardes des fringues dans ton bureau ? l'interrogé-je.

- Il y a une période après la mort d'Holly où je ne supportais pas de rentrer chez moi sans elle. Je passais mes journées à bosser et dormais ici. J'ai pris l'habitude d'y ranger des vêtements, m'explique-t-il.

Ça me vexe qu'il aborde sa femme après un tel moment entre nous mais j'essaie de ne rien laisser paraître. Je noue la chemise sous ma poitrine pour l'ajuster étant donné que je nage dedans.

- Ça te donne un côté Britney Spears comme ça. J'adore !

- Hit me baby one more time, chanté-je.

Carter se moque de moi ouvertement en ramassant les feuilles tombées au sol tandis que je continue ma performance.

- En avant Britney, tu as des affaires à récupérer, déclare Carter en me fessant gentiment.

Les dernières heures riches en rebondissements ont totalement occulté ça. Une petite voix dans ma tête me souffle de ne pas m'y rendre mais je l'ignore. J'aimerais mettre cette étape de côté et avancer. En consultant l'heure, je me rends compte que Louis ne rentre pas avant au moins une heure trente et que c'est le moment parfait.

Carter remarque mon dilemme et m'attire dans ses bras.

- On n'est pas obligé d'y aller maintenant, Ava. On peut remettre ça à une autre fois.

- Non, c'est bon. Je dois les récupérer, autant le faire aujourd'hui.

Mon amant embrasse le bout de mon nez avant de prendre nos effets personnels. Nous nous rendons dans le parking souterrain, où stationne son bolide, main dans la main.

Dans l'habitacle je lisse les plis imaginaires de ma jupe pour tenter de me détendre en vain. Mes jambes se secouent d'elles-mêmes et un poids fictif s'appuie sur ma poitrine. Seule la paume chaude de Carter sur ma cuisse m'apaise un peu. Quand il se gare au pied de l'immeuble placé sur Park Ave en face de l'église presbytérienne centrale, c'est sur celle-ci que je me concentre en inspirant profondément.

- N'y va pas si tu ne le sens pas, résonne la voix de mon amant.

Je lui adresse un sourire que j'espère convaincant et ouvre la portière.

- Tu veux que je t'accompagne ?

J'adorerai sentir sa présence auprès de moi tout au long de cette épreuve, mais je crains que ça n'empire la situation. Il suffirait que Louis rentre plus tôt de son travail et découvre Carter chez lui pour qu'il sorte de ses gonds. Mon ex a hérité du poste de PDG de l'entreprise familiale après la retraite de ses parents. Sa compagnie d'assurance amasse des milliers de dollars chaque jour. Je prends l'écrin que je garde dans mon sac à main depuis plus d'une semaine et l'ouvre pour récupérer la clef de mon ancien appartement. À l'intérieur se trouve également ma bague de fiançailles ainsi que mon alliance. Les deux auraient pu me rapporter une sacrée somme si j'avais souhaité les vendre.

- Je vais me débrouiller, merci.

- Si dans trente minutes tu n'es pas descendue, je monte te chercher ! affirme-t-il.

Je mime un salut militaire pour alléger l'atmosphère alors que le poids sur ma poitrine ne cesse de croître.

- Je parle sérieusement, Ava ! J'ai un mauvais pressentiment.

Moi aussi.

- N° 9479 au neuvième étage. Mais je ne m'inquiète pas, je vais prendre toutes mes affaires et revenir en moins de temps qu'il n'en faut pour dire supercaligragilisticexpialidocious.

- Super Cali quoi ?

- Mary Poppins, on regardera un de ces jours. Je doute que tu connaisses.

Je profite de sa confusion pour m'éclipser du véhicule et entrer dans l'immeuble. Peu de choses ont changé depuis ces deux dernières années, seulement le portier. Dommage, celui de mon souvenir ne manquait pas de m'adresser des compliments à chacune de mes sorties. Il plaisantait souvent en clamant que s'il avait des dizaines d'années de moins, il m'aurait fait la cour. Louis ne l'appréciait guère. J'imagine qu'il a pris sa retraite depuis.

J'emprunte l'ascenseur avec le souhait secret qu'il tombe en panne lorsque je suis à l'intérieur.

Finalement, j'aurais dû écouter Carter et ne pas venir. Je n'ai aucune envie de me retrouver dans le lieu qui m'a vu dépérir de jour en jour. Malheureusement l'appareil s'immobilise au bon étage et me permet d'accéder au couloir.

Je ne croise aucun de mes anciens voisins. Qu'il s'agisse du couple de jeunes acteurs récemment marié aux enfants de la célèbre famille Vanderbilt. Et je ne parle pas de la fictive de Gossip Girl. Tant mieux, je ne tiens pas à m'expliquer sur mon départ ou mon divorce, si tant est qu'ils soient au courant.

J'utilise pour la dernière fois ma clé afin d'ouvrir la porte de mon ancienne prison et y pénétrer. Pas de Louis à l'horizon, le porte-manteau accueillant habituellement son vêtement est vide.

Tant mieux !

Souls - Tome 1 - Two Broken SoulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant