Souls - Tome 1 - Two Broken Souls

25.1. Savannah

Je déteste les hôpitaux.

L'atmosphère y est souvent anxieuse et déprimante. Les docteurs, épuisés par leurs gardes harassantes, ne prennent pas le temps de se montrer chaleureux. J'aspire à partir le plus vite possible. Par chance, mes prières semblent avoir été entendues puisque le médecin qui m'a prise en charge a autorisé ma sortie aujourd'hui.

Je suis coincée ici depuis près d'une semaine. J'ai passé une série d'examens interminable. Scanner, radiographie, IRM cérébrale, tout pour s'assurer de mon état.

Résultat : entorse du poignet droit, traumatisme crânien bénin et de multiples hématomes réparti un peu partout. On m'a préconisé beaucoup de repos et des antidouleurs.

Carter a insisté pour venir me chercher, bien que je lui ai garanti que Noah pouvait s'en charger. Depuis mon réveil, je le sens distant. Il ne m'a rendu visite que deux fois. Et encore, il n'est pas resté longtemps. J'ignore la cause de cet éloignement.

- Tu es prête ? m'interroge Carter.

Je sursaute en entendant sa voix et pivote sur moi-même. Il est appuyé contre l'embrasure de la porte. Sa position relève légèrement son tee-shirt et laisse entrevoir sa peau. Je louche dessus puis dirige mes yeux vers son visage en acquiesçant. Mon amant saisit le sac que je porte de mon bras valide et embrasse mon front.

En passant devant l'accueil, une femme nous interpelle.

- Je suis désolée, votre assurance ne couvre pas les frais de tous vos examens, déclare-t-elle.

Une autre raison à ma haine pour les hôpitaux, le coût des traitements. Même une prise de sang peut valoir des centaines de dollars dans notre pays. Comment se soigner correctement dans ces cas-là ? J'envie les États où ils sont remboursés, comme en Europe.

- Je m'en occupe, annonce Carter qui sort déjà son portefeuille.

- Carter..., débuté-je.

Mais il n'écoute pas et règle la facture qui s'élève à plusieurs milliers de dollars sans sourciller. Je le remercie sobrement dans le hall mais me promets de lui rendre la pareille d'une manière ou d'une autre.

Sur le trajet, les deux paumes de mon amant restent autour du volant et ne le quittent pas. Habituellement, il en pose toujours une sur mes jambes et les caresse distraitement. Je ne le lui signale pas, même si je crains sa signification. Mon altercation avec Louis l'a peut-être refroidi et il souhaite mettre un terme à notre « relation ». Mon cerveau tourne à mille à l'heure, analysant toutes les possibilités de ce changement d'attitude.

Le véhicule s'immobilise dans l'Upper Est Side. Je ne reconnais pas le quartier. Je cherche du regard des indices sur le lieu où nous nous trouvons mais à part deux immenses tours d'une vingtaine de niveaux chacun, je n'aperçois rien. Carter pénètre dans un parking privé où stationne bon nombre de voitures plus luxueuses les unes que les autres.

Carter reste évasif lorsque je l'interroge, se contentant d'un simple « tu verras ». Nous empruntons l'ascenseur qui nous emmène directement au dernier étage. Dans l'appareil, mon amant triture ses doigts. Constater qu'un homme aussi confiant que lui ressent de la nervosité me déstabilise et m'attendrit à chaque fois. J'ignore si ça fera son effet mais je pose une paume réconfortante sur ses mains.

Les portes s'ouvrent sur un petit palier qui mène à une immense pièce à vivre dans les tons clairs.

Deux options possibles : il a loué un appartement à la place d'une chambre d'hôtel ou il m'invite dans son propre logement.

- Bienvenue chez moi, Ava.

Je n'imaginais pas que la seconde théorie serait la bonne. À notre rencontre, il avait avoué ne pas vouloir voir de femmes chez lui. Je pense que ça sera la seule fois alors j'en profite et analyse la pièce dans les moindres détails.