27.1. Savannah

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Je ne travaille plus depuis moins d'une semaine, mais je n'en peux déjà plus. L'ennui grandi de minutes en minutes. J'ai lu plusieurs de mes ouvrages préférés, visionné des dizaines de Disney et tenté plusieurs plats qui ont tous fini à la poubelle tant ils étaient ratés. Carter part assez tôt et revient plutôt tard. Je ne peux pas vraiment profiter de lui.

Le seul moment où nous avons vraiment passé du temps ensemble c'était au moment de porter plainte. Tout au long de ma déposition, Carter ne m'a pas lâché d'une semelle. Il me tenait la main et essuyait certaines larmes qui dévalaient mes joues. Quand il sentait ma nervosité grimper en flèche, il dessinait des étoiles sur ma cuisse.

À notre retour, il nous a préparé un bain chaud pour me détendre et m'a enlacé fort durant plusieurs dizaines de minutes. Même lorsque j'ai craqué, il ne m'a pas quitté. Il a été d'un grand soutien dans cette épreuve.

Je n'imaginais pas que ma semaine pouvait être plus horrible jusqu'à l'arrivée de Winter dans le penthouse.

Super !

Elle porte un fourreau émeraude qui épouse ses formes à merveille et ses cheveux sont parfaitement coiffés. Moi en revanche, je suis vêtu d'un leggins tâché de peinture, d'un tee-shirt appartenant à Carter et ma tignasse sale est vaguement rassemblée sur le dessus de ma tête.

Quel contraste !

- Carter travaille encore, déclaré-je poliment en vérifiant l'heure sur mon téléphone.

Quatorze heures trente-neuf.

- C'est la raison de ma présence.

J'arque un sourcil en me plaçant devant elle et croise maladroitement les bras sous ma poitrine. Quelle idée d'avoir un plâtre aussi! Elle ne m'effraie pas. Physiquement du moins, en revanche, je crains ces mots.

- J'ai compris votre manège, lance-t-elle froidement. Écarter vos cuisses ne suffisez pas ?

Pardon ?

- Vous deviez inventer cette histoire d'ex-violent pour qu'il accoure à votre secours, poursuit-elle.

Les paroles s'évaporent dans mon esprit tant ses propos me choquent. Comment peut-elle croire que je mens sur mon agression alors que j'en porte encore les blessures ? Certes mes hématomes ont pour la plupart disparu, certains d'entre eux persistent. Celui sous mon visage notamment. Sa teinte jaune encercle toujours mon œil.

- Vous avez peut-être réussi à le sucer suffisamment bien pour lui mettre le grappin dessus, mais ça ne durera pas.

Mon Dieu, elle a vraiment besoin de voir un psy. Elle a dû être bercée trop près du mur pendant son enfance ou c'est sa décoloration qui a atteint son cerveau, je n'ai pas d'autres explications.

- Vous n'avez pas ce qu'il faut pour le garder. C'est juste sa lubie du moment. Quand il s'en rendra compte, il viendra pleurer dans mes bras.

Elle ne doit pas le connaître si bien qu'elle le pense car ça ne ressemble pas à l'homme qui dort à mes côtés chaque nuit. Je crois que Carter préfère cacher sa tristesse au plus profond de lui-même plutôt que laisser Winter l'entrevoir.

- Il me rend déjà visite pour « se détendre ».

Elle mime des guillemets et affiche un large sourire qui m'indique qu'elle parle de partie de jambes en l'air que d'autres choses. Mon cœur se serre en le comprenant, imaginant mon amant passer du bon temps en sa compagnie.

- Il se lassera vite. Je l'attends depuis le lycée, je ne suis plus à quelques semaines. Et je pourrais enfin lui faire oublier ma cousine et construire notre vie.

Souls - Tome 1 - Two Broken SoulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant