Chapitre 43 - La sélection

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L'heureuse nouvelle du matin de Noël nous a tous chamboulé. Nous étions heureux à l'idée de retrouver notre amie. Mais la joie fut de courte durée. À l'hôpital, nous n'avons pas eu le droit de lui rendre visite. Elle devait passer tout un tas d'examens complémentaires. Quarante-huit heures après son réveil, le diagnostic était tombé. Le long sommeil de Vaïna lui avait causé la perte totale perdu de ses cordes vocales. Autrement dit, elle est devenue muette. Le soulagement que j'avais ressenti lorsque j'ai su qu'elle s'était réveillée s'est immédiatement transformé en inquiétude face à ce nouveau handicap. Allait-elle pouvoir retrouver la parole un jour ? Seul l'avenir nous le dira. Pour l'heure, les médecins ont préféré ne pas lui donner d'espoir. Elle va devoir apprendre à vivre sans sa voix.

Après le repas du midi, le lendemain du réveillon, Martin est rentré chez lui le cœur lourd. Je n'ai jamais évoqué l'appel de son frère. Il ne m'en a jamais parlé non plus. Je l'ai revu les jours qui ont suivi, ça avait l'air d'aller. Concernant sa mère, j'ai demandé à mon père s'il ne pouvait pas faire quelque chose. Il m'a dit qu'il se renseignerait mais qu'il ne fallait surtout pas que j'en parle à Martin. Cela pourrait lui donner de faux espoirs. J'attends avec impatience le jour où mon père me dira qu'il aura retrouvé sa maman. En attendant, je me suis concentré sur mes révisions pour le bac qui arrive dans quelques mois, sur les sélections de Water-polo et sur Martin. Je crois que je suis heureux.

Aujourd'hui c'est le grand jour pour Noam et moi et tout ceux de notre équipe de Water-polo. Nous sommes dans les vestiaires à quelques minutes du match qui décidera de notre avenir. L'ambiance est bon enfant même si chacun d'entre nous sait qu'aujourd'hui le score final aura de l'importance mais ce qui comptera davantage ce seront nos performances individuelles. Le coach a décidé de nous diviser en deux équipes pour le match. J'aurais préféré que l'on reste tous ensemble et que l'on affronte l'équipe d'un autre club. Jouer contre mes partenaires ne sera pas tâche facile. Jouer contre mon meilleur ami ne sera pas une tâche facile. Nous avons le même niveau. Seulement, il n'y a de la place que pour un vainqueur. Le coach nous a désigné tous les deux capitaines. Cela signifie qu'il a misé sur Noam et moi. Cela signifie aussi que nous serons davantage observés par les sélectionneurs.

- Prêt à prendre ta raclée Gauthier ?

- Tu riras moins quand c'est moi qu'ils choisiront Ricanatezzi !

Dès qu'il s'agit de compétition, il n'y a plus d'amitié qui tienne. Tous les coups sont permis. Que le meilleur gagne. On a toujours fonctionné comme ça lui et moi. La sonnerie d'appel retenti. Le bassin nous attend. Trente-deux minutes. J'ai trente-deux minutes pour arriver à la consécration d'années d'entraînements acharnés. Trente-deux minutes...

Les uns alignés à la suite des autres, nous nous avançons vers le bassin où va se jouer notre avenir, mon avenir. Je suis stressé. Je regarde furtivement vers les gradins. Tout le monde est là. Mes parents, ma petite sœur, Martin.. Tout ceux, mis à part les intellos et les solitaires, qui étaient avec nous à Malte sont également présents. Ashley aussi est venue nous encourager. Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de monde. Tout en bas des gradins se trouvent le coach en compagnie des sélectionneurs. Pour ce match, le coach ne nous aidera pas. Mon stress augmente. Il faut que je me concentre. Je dois gagner. Il n'y a pas d'autre issue.

Le match commence. Mes gars jouent bien. Ceux d'en face aussi. La partie va être très serrée. La foule est prise dans le match. La première période s'achève. Nous sommes à égalité. Dans deux minutes nous reprenons. La seconde période, celle qui sera cruciale, celle où l'on doit absolument se démarquer. L'équipe de Noam prend l'avantage. Nous ne sommes pas loin derrière. La pression est palpable. À ce stade du jeu, personne ne sait qui va gagner. Il nous reste deux fois huit minutes avant le coup de sifflet final. Fin de la troisième période, mon équipe a pris l'avantage. Trois points d'avance. C'est peu mais suffisant pour gagner. On ne doit pas se laisser aller. Je jette un œil vers les spectateurs. Une nouvelle supportrice vient d'arriver : Vaïna. Noam l'a remarqué lui aussi. Ces dernières huit minutes vont être intenses. À ce stade du jeu, chaque action est déterminante. Chacun d'entre nous puise dans ses dernières forces. L'équipe de Noam revient à égalité. Le public désormais silencieux retient son souffle. Il reste trente seconde pour l'emporter. Nous possédons le ballon. Je m'apprête à tirer. Dans ma tête, c'est le but de la victoire. Je tire. Noam intercepte mon ballon. Dix secondes. Il lui reste les trois quarts du terrain à parcourir. Dans un dernier effort, il tire depuis sa position. Impossible qu'il marque à cette distance. Le coup de sifflet final retenti. Les applaudissements jaillissent. Le ballon est au fond du but. Noam a gagné. Je mets ma tête sous l'eau et j'hurle de toutes mes forces.

Je reprends mes esprits et sort de l'eau. Je suis abattu. Les sélectionneurs sont en pleine discussion avec le coach. Noam retrouve Vaïna et l'embrasse fougueusement. Quelque chose me dit que c'est grâce à elle qu'il a trouvé la force de mettre ce dernier point. Une part de moi le jalouse au plus haut point tandis que l'autre ne peut empêcher d'admettre qu'il a fait un match remarquable. Moi qui le connais bien en tant que co-équipier, il s'agit là du meilleur match qu'il est joué. Je suis fier de mon meilleur ami. Après quelques minutes, nous nous alignons tous face aux gradins pour effectuer le salut. Les sélectionneurs se retirent. Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre leur décision. Le jour des résultats du baccalauréat.

Je ne m'éternise pas. Je file directement aux vestiaires. Une bonne douche chaude me fera le plus grand bien. Noam se précipite vers moi et m'entoure de ses bras.

- Tu as bien joué mec !

- Toi tu as mieux joué ! Félicitations No' je suis content pour toi tu le mérites.

- Pas trop déçu ? Je sais que ce match comptait énormément pour toi, ton avenir...

- Je m'en remettrai ne t'inquiète pas pour ça.

- Au fait, je ne sais pas trop si c'est le bon moment pour t'en parler mais saches que je ne t'en veux pas.

- De quoi tu me parles Noam ?

- Ash m'a tout raconté. Certes j'aurai préféré que tu viennes m'en parler dès le début mais bon ce qui est fait est fait. C'était il y a plus de deux mois maintenant. J'ai pas envie de passer les six prochains mois sans toi dans ce foutu lycée.

- Sûr ?

- Sûr et certain !


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Sacha (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant