Chapitre 22.

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Louis est parti. Depuis cinq jours, Louis est parti.

Du moins, son esprit est parti.

Là, devant moi, il ne parle plus, ses yeux bleus me sont invisibles, fermés à jamais.

Je suis là moi-aussi, à me demander si je suis encore bien vivant. À force, la douleur est devenue si puissante qu'elle a disparu. Même mes larmes ne coulent plus. Je suis devenu vide, même plus capable de pleurer.

Alors je suis là, devant lui, devant cet homme que j'aime encore tant.

Immobile devant lui, ne sachant plus rien.

Une seule chose est claire ; je le veux là, près de moi, les yeux ouverts et souriant. Mais c'est impossible et au fond de moi, je le sais.

Je finis par soupirer, passant mes mains sur mon visage. Je ne suis pas près à lui dire aurevoir, encore moins que lui dire adieu.

C'est pourtant ce que je dois faire.

Lentement, je quitte mon état de marbre, m'accroupissant près de lui, remettant sa mèche en place. Je le fixe longuement. Assez longuement pour être sûr de ne jamais oublier son beau visage. En silence, je reste devant lui, devant son visage endormi. Puis je me relève, joignant nos mains, puis nos lèvres.

Et finalement, je sépare nos mains, posant mon front contre le sien. Lorsque je m'éloigne définitivement, une boule grandit dans ma gorge, rendant cette séparation encore plus difficile.

Par ce que cette fois, je sais que je ne le reverrai plus. Plus jamais vivant comme il l'était il y a quelques mois.

   - Tu es parti trop vite Lou, je chuchote avant de souffler un bon coup et le quitter des yeux, essuyant rapidement mes larmes qui menacent.

Je m'arrête pourtant près du livret dont les pages sont déjà remplies de messages divers.

En hésitant, je m'approche à mon tour du livre, écrivant un simple mot.

« Oops »

Puis je quitte cette espace, laissant son corps derrière moi, sachant au plus profond de moi-même qu'il est toujours là, gravé dans mon cœur à jamais.

Ce soir-là, seul dans ma chambre d'hôtel, je retrouve finalement un peu de mon courage lorsque dans l'une des poches de l'un de ses jeans, je retrouve le post-it que je lui avait écrit à Zurich, lorsqu'il s'était endormi contre moi et que j'étais retourné dans ma chambre.

« Je suis rentré, ne m'en veux pas, je reviendrai. -H. »

Cette soirée se rejoue dans ma tête. Lui, moi, notre playlist. Lui contre moi, dansant lentement. Aucun de nous n'osait briser cette distance entre nos torses. Malgré tout ce qu'on avait vécu, on avait tant peur de se perdre. On s'aimait ce jour là, cette année de séparation que nous avons eue. On s'aimait tellement, mais aucun de nous ne savait comment l'exprimer.

Je me souviens de ce poids qui était tombé de mes épaules lorsqu'enfin à Milan, il avait posé ses lèvres sur les miennes. Je m'étais enfin dit que tout était encore possible. Qu'il m'aimait encore. Je revois cette nuit où nous n'avions pas trouvé d'autres moyens que de nous aimer, pour mutuellement nous montrer qu'on s'aimait encore de cet amour puissant qui nous unissait.

...et me voilà dans cette chambre. Seul, un post-it dans une main, mon portable dans l'autre, le sien posé sur la table-basse face à moi.

Longuement, je fixe ce post-it. Ce post-it qui malgré tout me donne de l'espoir. Je sais. Je suis certain qu'un jour, je le retrouverai.

One Last TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant