Florian Salvi marchait de façon précipité dans les couloirs du ministère. Autour de lui, des dizaines d'employés montrant le même empressement s'agitaient à grand renforts de gestes et de paroles lancées de façon chaotique. Des papiers volaient dans tous les sens et Florian se dit avec une certaine mélancolie que cette effervescence avait un petit quelque chose d'enivrant dans lequel il appréciait d'être plongé. Il longea l'immense couloir principal en jetant quelques coups d'œils aux portes sur le côté qui donnaient toutes sur des bureaux de taille modeste mais remplis d'une impressionnante population de bureaucrates surexcités.
Il continua son chemin jusqu'aux deux immenses ascenseurs qui menaient aux étages supérieurs et dût attendre quelques minutes que la foule compacte qui souhaitait s'engouffrer dans les cabines mobiles s'écoule et qu'il puisse à son tour en profiter. Il adressa un rapide signe de reconnaissance à la jeune fille qui s'occupait d'actionner la machine et croisa les bras dans son dos le temps de la montée.Cela faisait deux semaines que le Régent était décédé de la terrible maladie qu'il traînait depuis des mois. Cette libération du pauvre homme avait bien sûr amené son lot de complications et de changements et Florian avait l'impression de ne pas avoir dormi depuis le début des événements. Il avait dû accompagner Johann Goldberg, son patron, aux obsèques grandioses, assister à toutes les conférences qui avaient suivis la semaine de deuil national, et rédiger un nombre conséquent de rapports de toutes sortes. Il lui semblait à certains moments que toute cette animation ne s'arrêterait jamais.
Il soupira en fixant ses pieds chaussés de mocassins parfaitement lustrés. Ça ne le dérangeait pas tant que ça de noyer la moindre de ses pensées dans le labeur qu'il accomplissait consciencieusement. Penser était presque devenu un luxe depuis le mois dernier et il sentait bien que s'il se l'accordait, Johann le lui ferait payer d'une façon ou d'une autre. Le cinquantenaire, aristocrate de haut rang et ministre de la politique culturelle d'Opalie n'avait pas encore digéré son échec retentissant dans l'affaire Moore et encore moins les petites magouilles de son assistant. Florian déglutit et serra inconsciemment ses poings. La petite sonnerie de l'ascenseur interrompit le cours de ses pensées et il descendit en se faufilant entre les employés qui grimpaient et ceux qui sortaient pour aller au même endroit que lui.Il en connaissait quelques uns de vue mais leurs rapports se cantonnaient aux simples besoins professionnels. Il était, de base, plutôt rare d'avoir de véritables amitiés au ministère et Goldberg s'était bien assuré que Florian en prenne conscience. Le jeune homme jeta un regard par les immenses fenêtres du trentième étage et s'arrêta quelques instants.
Le soleil de l'après-midi illuminait la végétation de la ville de couleurs chatoyantes et chaleureuses. Le ministère, placé judicieusement en plein centre de la ville, avait été bâti sur les ruines du palais du dernier Empereur après la chute de l'empire Opalien. Il s'était agrandi au cours des siècles et des différentes réformes politiques jusqu'à devenir l'épicentre de la capitale et donc du pays. Florian regarda avec un soupir de satisfaction la cité de Keskastel, son architecture si particulière, mélange curieux d'anciens et de moderne, ses vieilles pierres qui côtoyaient les pavés et les voitures tirées par des chevaux proches des toutes premières voitures à vapeur. Il laissa son regard dériver entre les différents quartiers et se poser finalement au Nord. Il songea tristement au fait qu'il n'avait pas revu Victor depuis l'affaire Moore.
En effet, il avait préféré prendre ses distances le temps de se remettre des colères de Goldberg. Sa mâchoire se crispa. Un goût d'amertume dans la bouche, il se détourna rapidement de sa contemplation et s'enfonça dans le dédale boisé et tortueux des différentes salles de réunion des ministres. L'étage tout entier leur était réservé. Plus l'on montait dans les étages de l'imposante bâtisses et plus l'on avait de chance de rencontrer un personnage de haute importance. Quand le régent travaillait, il le faisait souvent du trente-et-unième et dernier étage.
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Devoirs et Manipulation ~ Keskastel vol 2. [BxB]
General FictionFlorian Salvi travaille depuis une dizaine d'années sous l'autorité du ministre Johann Goldberg. Au fil des années, il a pu observer toutes les facettes de cet homme puissant, cruel et sournois. L'assistant trouve du réconfort dans les bras de son...