Chapitre 2 : Marchandage au détour d'un couloir

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La réunion avait duré au moins trois heures et Florian en ressortit avec une migraine tenace et la sensation désagréable de sentir les choses lui échapper. La cérémonie de couronnement du régent devait avoir lieu au plus vite et la date du samedi avait été annoncée. 

Cela laissait quelques jours pour que la presse soit averti et que le ministère puisse régler les derniers détails de sa nouvelle composition interne avant l'investiture. Florian suivait Goldberg en silence. Le cinquantenaire transpirait la satisfaction. Il lui fit signe de le suivre en ignorant ses nombreux collègues qui essayaient d'attirer son attention. Nul besoin de préciser que le futur premier ministre allait devoir s'habituer à être courtisé de la sorte mais Florian ne se faisait pas de soucis quand à la façon dont Goldberg savait réagir aux flatteries.
Ils se dirigèrent vers le bureau du ministre et Florian pensa distraitement qu'il allait sûrement changer de place. Johann avait dû se faire la même remarque puisqu'il contourna son bureau en le caressant du bout des doigts avant de déclarer ;

-Toutes ces années de bons et loyaux services enfin récompensés, n'est ce pas Florian ?

-Oui Monsieur...

Goldberg le fixait et le sourire qu'il arborait précédemment s'était transformé en un mince pincement de lèvres.

-Je m'attendais à un peu plus de joie de ta part Florian. Notre succès est retentissant.

Florian se força à relever la tête et sourit du mieux qu'il pût.

-Toutes mes félicitations Johann... Personne ne le mérite plus que vous.

Les traits de Goldberg se détendirent en même temps que les épaules de Florian. Le cinquantenaire avait l'air dans de bonnes dispositions, il aurait été stupide de sa part de dire quoi que ce soit qui puisse le contrarier. Il s'inclina légèrement.

-J'ai beaucoup à faire pour votre promotion Monsieur... Ai-je l'autorisation de m'y atteler ou avez vous encore besoin de moi ?

Johann darda son regard perçant sur lui et finit par hocher lentement la tête. Florian retint un soupir de soulagement et se détourna pour sortir.

-Florian ?

Il se figea, la main sur la poignée de la porte, ses sens en alerte.

-Oui Monsieur ?

-Prends moi un rendez-vous chez mon tailleur habituel. Je ne peux décemment pas devenir premier ministre sans changer de garde robe. Nous nous occuperons de toi au passage, il va sans dire que l'assistant du premier ministre doit symboliser la classe et l'élégance de son maître. Pardon, de son patron.

Florian sentit sa main se crisper mais il hocha docilement la tête.

-Bien Monsieur. Je m'en occupe.


******

Florian regarda sa montre et jura mentalement. Il allait encore devoir rester une partie de la nuit au ministère. La soirée venait de commencer et le jour déclinait lentement, de même que le nombre d'employés de bureau qui s'empressaient de faire leurs affaires avant qu'un patron trop ambitieux ne puisse leur demander un travail de dernière minute.
Une partie de lui ne pouvait s'empêcher de les envier. Il dépassa quelques bureaux d'une similarité déprimante avant de toquer à la porte de l'un d'eux qui portait le numéro 42 et entra sans attendre la réponse, son statut lui permettant de ne pas s'embarrasser de ce genre de détails. Les quelques regards mornes qui se tournèrent vers lui se transformèrent vite en franche hostilité et il s'efforça de les ignorer pour atteindre son but.
L'annonce de Goldberg s'était répandue dans le bâtiment comme une poignée de poudre et Florian pouvait déjà en sentir les effets. Sa non popularité habituelle semblait à son summum et les personnes qu'il avait pu croiser ne se gênaient même plus pour parler de lui alors qu'il pouvait les entendre, le dévisageant comme une bête curieuse de façon encore plus prononcée qu'à l'habitude.

Devoirs et Manipulation ~  Keskastel vol 2. [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant