Thomas avait quitté le petit salon avec la désagréable impression d'avoir mis Florian dans une mauvaise passe. Il espérait cependant que son père n'ait pas sauté à une conclusion trop rapide en les voyant si proches.
Jamais encore le jeune aristocrate n'avait dévoilé ses penchants pour les hommes, et il savait si bien jouer de son charme avec les femmes qu'il avait réussi à toujours faire illusion en bonne société. De plus, malgré tout le mépris que son père avait pour lui, il pensait que le ministre aurait préféré se mentir qu'admettre que son fils soit un de ces sodomites qu'il ne manquait pas de critiquer lors des repas avec ses amis conservateurs.Il soupira en allumant une cigarette et se rendit au sous-sol, l'un des rares endroits de la maisonnée où il pouvait se rendre lorsqu'il avait besoin de réfléchir loin des influences toxiques de ses parents.
La maison des Goldberg était un véritable manoir dans le plus pur style Opalien. Vieille de deux siècle, la bâtisse en pierres noires était d'une imposante stature et comptait une dizaine de chambres, presque autant de salles de bains et un nombre fascinant de pièces inutiles. Les blasons de la famille ornaient chaque porte avec une prétention évidente et le nombre de dorures et de décorations qui ornaient chaque colonne, chaque escalier et chaque cheminée donnaient au jeune Goldberg une furieuse envie de dégobiller tout ce luxe inutile.
Il descendit les petits escaliers menant aux sous-sols et soupira de soulagement. L'air y était moins étouffant et les décorateurs n'avaient pas poussé le vice jusqu'à massacrer l'endroit qui arborait un dépouillement charmant. A vrai dire, il était pratiquement le seul à venir ici. Une petite fenêtre en hauteur était orientée de façon à ce que, malgré le niveau de la pièce, il y ait toujours une douce lumière naturelle qui pénètre l'espace. Il referma la porte et s'avança dans son sanctuaire.
La pièce n'était pas très grande, ce qui justifiait sûrement le fait qu'aucun Goldberg jusqu'à présent n'ait eu l'idée d'en faire autre chose qu'un débarras. Jusqu'à Thomas. Quand il était enfant, ses parents avaient dépensés des fortunes pour que lui et Solange bénéficient de la meilleure éducation possible. Langues, mathématiques, sciences, lettres, musique, équitation, art, danse, tout y était passé.
Et alors que sa petite sœur excellait dans la plupart des domaines, il avait trouvé son bonheur dans la peinture. Il pouvait passer des heures sur son chevalet, sur ses carnets de croquis et dans le jardin à réfléchir à ses prochaines productions. Ce que les Goldberg avaient d'abord vu comme une simple occupation de fils de riche était devenu une véritable vocation pour le jeune homme qui se montraient souvent aux dîners avec autant de tâches sur ses vêtements qu'il avait de tâches de rousseurs sur le corps. Ses toiles avaient commencés à envahir l'espace commun et sa mère avait finalement décidé de le reléguer aux sous-sols, là ou son excentricité ne gênerait pas le bon goût de la magnifique demeure.Thomas s'était d'abord formalisé de devoir exercer son art dans ce lieu beaucoup moins lumineux que ce dont il avait besoin mais cette mise à l'égard était vite devenu quelque chose de positif : Ses parents ne descendaient jamais et n'avaient absolument aucune curiosité pour les productions de leur fils. Ils avaient toujours espéré que le jeune homme se tourne vers la politique, il était donc hors de question qu'ils montrent un quelconque intérêt pour ses goûts de prétendu artiste.
Tant pis pour leur gueule songea Thomas en regardant autour de lui avec satisfaction.
Plusieurs toiles de différentes tailles étaient entreposées, la plupart recouvertes de draps. Il s'avança pour les libérer de leur protection et se recula pour observer son œuvre. Beaucoup de portraits, de gens qu'il avait croisés, des proches, des amis, sa sœur, ses parents. Et parmi eux, sur plusieurs pièces et impossible à ignorer...
-Tu devrais te débarrasser de ces peintures... Si quelqu'un tombe dessus tu devras expliquer pourquoi diable tu as une dizaine de portrait de l'assistant de père...
VOUS LISEZ
Devoirs et Manipulation ~ Keskastel vol 2. [BxB]
Ficción GeneralFlorian Salvi travaille depuis une dizaine d'années sous l'autorité du ministre Johann Goldberg. Au fil des années, il a pu observer toutes les facettes de cet homme puissant, cruel et sournois. L'assistant trouve du réconfort dans les bras de son...