Florian quitta le ministère en évitant le plus possible de croiser quiconque qui puisse remarquer ses yeux gonflé set rougis. Il se maudit mentalement. Il s'était complètement laissé aller dans les bras de Thomas, s'était accroché à lui comme à une bouée, avec l'impression tenace que s'il le lâchait il mourrait.
Il lui avait fallu 20 bonnes minutes pour calmer les sanglots angoissés et les paroles incompréhensibles qui s'échappaient de ses lèvres de façon désordonnée. L'aristocrate n'avait pas bougé, le serrant plus fort quand il le sentait s'égarer. Quand sa respiration s'était enfin calmé, Thomas lui avait expliqué calmement qu'il devait les rejoindre à l'appartement de Tristan Duval après sa journée de travail et qu'ils réfléchiraient ensemble à une solution. Il avait donné son accord, encore étourdi par le déluge d'émotions qui s'était abattu sur lui.
Il avait quitté la salle de réunion comme un robot, sans même prêter attention à Solange qui montait la garde derrière la porte pendant tout ce temps. Il était retourné à son bureau et avait accompli mécaniquement ses tâches jusqu'à l'heure de sa libération. C'était un jour où Johann n'avait pas eu besoin de lui, et il avait pu s'éclipser rapidement.
Pour une fois il avait quelque chose à faire qui ne nécessite pas d'étouffer sa fierté ou son amour propre. La peur était encore présente. Florian craignait de faire une énorme connerie.
Une connerie qui coûterait bien plus que le bar de Victor.
Il serra contre lui sa valisette et s'engouffra dans la voiture qu'il venait de héler. Il indiqua rapidement l'adresse que Thomas lui avait donné et se laissa emporter.
Il avait à peu près retrouvé son sang froid enpénétrant dans l'appartement du bibliothécaire. Bien sûr, il craignait la confrontation avec ses deux amants mais il avaitl'impression presque désespérée de n'avoir rien à perdre.
Thomas le conduisit dans le salon bureau de Tristan. Florian s'arrêta sur le seuil, mal à l'aise. Victor était là, assis contre le bureau.
-Florian.
L'homme le salua rapidement d'un simple mouvement de tête. Son ton était froid et l'assistant se mordit les lèvres. Il s'était attendu à cette réaction, et même pire. Même en admettant que Johann l'y ait forcé, Victor aurait sûrement du mal à accepter le fait qu'il ait laissé son passé s'étaler à la face du monde.
Thomas grimaça et désigna les fauteuils près de la cheminée où ils s'installèrent dans une ambiance pesante. Florian remarqua la façon dont Victor avait posé un regard protecteur sur Thomas en lui demandant s'il n'avait pas eu de soucis au ministère et le sourire timide du jeune homme en le rassurant.
Il sourit tristement. Les deux hommes allaient bien ensemble. Au moins leurs rapports ne s'étaient pas construit dans l'instabilité et l'illusion d'une confiance réciproque. Il remua légèrement sur son fauteuil pour évacuer l'inconfort qu'il ressentait. Thomas avait pris place à sa droite et Victor à sa gauche. Les deux se regardaient comme s'ils hésitaient à prendre la parole. Finalement ce fut le jeune aristocrate qui rompit le silence avec un rire faussement détendu.
-Je dois vous avouer que c'est la première fois que je me retrouve dans la même pièce que deux de mes conquêtes sans qu'aucun de nous n'ait encore retiré ses vêtements...
Il rougit lui-même de sa bêtise. Victor leva les yeux au ciel d'un air agacé. Mais sa remarque semblait avoir fonctionné puisque Florian... Rit. Il éclata d'un rire franc bien que nerveux sous le regard alarmé de ses deux amants qui semblaient craindre pour sa santé mentale, sûrement à raison d'ailleurs.
Après quelques longues secondes d'hilarité il se mit à tousser et se reprit, les joues rougies. Il n'avait pas rit depuis une éternité et il avait presque oublié la vulgarité décomplexée du jeune homme. Il fallait dire que la situation était incongru. Il se rengorgea et prit enfin la parole en regardant Victor qui le fixait d'un air soucieux.
-Victor... Je suis désolé...
Toute trace d'humour avait déserté de la voix tremblante de Florian. L'autre homme l'interrompit d'un mouvement de la main.
- Je ne veux pas de tes excuses. Je veux la justice. Te sortir des pattes de ce connard qui nous sert de premier ministre et faire en sorte que tu sois à l'abri. Compris ?
Son ton autoritaire n'admettait pas de contradiction et Florian acquiesça maladroitement. Maintenant qu'il était face à lui, il aurait tout fait pour se faire pardonner. Sa carapace fissurée et les deux hommes à ses côtés lui donnaient enfin le courage d'affronter ses démons.
-Bien. Alors... S'il te plaît explique-nous. Qu'est ce qui se passe vraiment avec Goldberg ?
Florian enfonça ses ongles dans les paumes de ses mains et les regarda tour à tour. Le regard de Victor brillait d'une froide résolution alors que celui de Thomas semblait animé par la crainte de ce qu'il pouvait leur dévoiler. Il ne savait pas s'il aurait le courage de tout leur dire. Il craignait leur regard et leur réaction. Qu'ils le laissent tomber après lui avoir tendu la main. Pourtant, après avoir maîtrisé le tremblement de ses mains et tu ses peurs, il se mit à parler.
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Devoirs et Manipulation ~ Keskastel vol 2. [BxB]
Fiction généraleFlorian Salvi travaille depuis une dizaine d'années sous l'autorité du ministre Johann Goldberg. Au fil des années, il a pu observer toutes les facettes de cet homme puissant, cruel et sournois. L'assistant trouve du réconfort dans les bras de son...