Devoirs et Manipulation ~ Keskastel vol 2. [BxB]

Chapitre 26 : L'après

Thomas regardait d'un air absent les policiers qui s'agitaient dans les couloirs du manoir Goldberg. Solange avait longuement hésité, mais avait pris la décision qui s'imposait comme la bonne à ses yeux et s'était rendu à l'office de police le plus proche pour expliquer la situation.

Elle avait bien fait. Les agents étaient arrivés peu après le coup de feu et, après quelques minutes d'une confusion totale, avaient pris le temps d'interroger tous les protagonistes. Thomas avait d'abord craint pour Victor et Florian, d'autant plus que ce dernier s'était immédiatement déclaré comme coupable de la mort du ministre. Mais les domestiques avaient témoignés. Sa sœur également. Et par dessus tout, les preuves qu'ils étaient venus chercher attestaient de la dangerosité du père Goldberg dont la dépouille déjà froide avait été emporté sans plus de cérémonies.

Ils avaient réussi. Mais à quel prix ? Une main franche vint se poser sur son épaule et Thomas se retourna brusquement, sur la défensive. Il se détendit en reconnaissant Victor et sourit tristement. Le trentenaire était resté avec lui depuis la mort de Goldberg deux jours plus tôt. Il l'avait épaulé durant les longs interrogatoires des agents, les détails des obsèques, de la gérance familiale mais aussi lors des fréquentes crises de Madame Goldberg. Cette dernière avait d'ailleurs quitté le manoir quelques heures plus tôt en traitant ses enfants de monstres et de meurtriers. 

Elle s'en remettrait. Sa part d'héritage suffirait à la calmer songea amèrement le jeune Goldberg.

Il comptait même lui laisser le manoir quand les derniers détails avec le notaire seraient réglés. Il refusait de continuer à vivre dans ce lieu qui avait caché tant de drames et de secrets. Victor prit place à ses côtés sur le canapé du petit salon. Il désigna les policiers qui discutaient entre eux.

-Combien de temps vont-ils rester ?

-Ils ont encore des fouilles à faire. Il semblerait que mon père n'ait pas livré tous ses secrets à Florian. Depuis sa mort, le ministère est en ébullition et les langues se sont déliées. Il était loin d'être aussi populaire qu'il le pensait, conclutThomas dans un soupir.

-Est-ce que tu tiens le coup ? Demanda doucement l'autre homme.

-Je vais bien... Je crois. Ce n'est pas moi qui souffre le plus actuellement.

Ils se turent tous les deux, ruminant les mêmes pensées. Florian était resté très digne. Il avait témoigné, attesté, confessé des heures durant au commissariat. Il avait déballé de A à Z son implication et les actes affreux de son supérieur. 

Les siens aussi. 

Thomas avait insisté pour qu'il accepte un avocat et l'ancien assistant avait bien été obligé de céder face à l'insistance de ses deux amants réunis. Il avait de bonnes chances d'en ressortir blanchi. Il avait pour lui des circonstances atténuantes. 

Mais l'homme ne semblait pas de cet avis. Il était retourné au manoir Goldberg mais n'avait pas quitté sa chambre depuis, refusant de voir Thomas ou Victor, arguant d'une fatigue trop intense et d'un besoin de solitude accru par ses actes. Maurice, qui avait été chargé par Thomas de veiller à ses besoins avait confessé à son maître que l'homme ne mangeait presque pas, et que, malgré ses airs distants, il avait pu remarquer ses yeux rougis et ses tremblements.

-Il lui faudra du temps, finit par murmurer Victor. Il vous en faudra à tous les deux.

Thomas acquiesça et laissa sa tête tomber contre l'épaule de son aîné. Ce dernier se raidit en jetant un œil vers la porte.

-Thomas... On va nous voir...

-J'en ai rien à foutre Victor... Maintenant que je n'ai plus à me soucier de préserver l'honneur des Goldberg, je ne compte pas cacher mes sentiments. Il est temps de vivre enfin comme je l'ai toujours voulu et de pouvoir fréquenter mes amants comme n'importe qui...