I see life as a game

Chapitre VI

Vers 18h45, alors qu'il venait de se garer devant la boutique de fleurs de son ami, Nam Joon sourit un peu en voyant Tae Hyung raccompagner une cliente jusqu'à la porte. Celle-ci, certainement venue avec son fils, tenait un magnifique bouquet de pivoines dans les mains et elle semblait satisfaite de son achat. Le gamin sautillait autour de ses jambes en rigolant et le fleuriste lui caressa les cheveux avant de les regarder s'éloigner.

Lui, mannequin ? Alors qu'il adorait son métier ?

Vérifiant qu'une certaine petite boîte était bien dans la poche de sa veste, notre jeune homme sortit de sa voiture, récupéra la bouteille de champagne sur une des places arrière et il rejoignit son compagnon.

-« Pile à l'heure ! Si tu veux, on peut... ».

Mais le plus grand lui coupa la parole en l'attirant contre lui pour l'embrasser tendrement. Oui, il était totalement accro.

-« Qu'est-ce que tu viens de dire ? ».

Assis autour de la petite table de la cuisine, Kim Tae Hyung dévisagea son aîné comme s'il venait d'une autre planète, à tel point que sa fourchette s'arrêta en suspension dans sa main entre son assiette de nouilles et sa bouche.

-« Jeong Guk a eu l'idée que tu poses en tant que mannequin pour promouvoir notre nouvelle collection.

-... Et toi ? Qu'est-ce que tu en penses ?

-Je suis d'accord avec lui sur le fait que tu serais parfait pour ce boulot, mais... Mais honnêtement, ça ne me plaît pas. Les types qui ont commis ces atrocités hier soir sont toujours en liberté et rien n'indique qu'ils ne vont pas tenter à nouveau de m'atteindre. J'aimerais donc que tu restes éloigné de l'agence autant que possible pour le moment. Et puis...

-Et puis ?, demanda le cadet.

-Eh bien... Tu sais... Il y a de grandes chances pour que tu te fasses une renommée et que tu reçoives de nombreux contrats mais... Tu es à moi et je ne veux pas partager ».

Voilà, c'était dit. Il s'agissait typiquement des paroles d'un mec possessif mais Nam Joon s'en fichait. Il aperçut un petit sourire étirer les lèvres de Tae Hyung puis il l'observa venir s'installer sur ses cuisses, face à lui, et passer ses bras autour de son cou.

-« Répète ce que tu viens de dire.

-... Tae Hyung sérieux...

-Allez s'il te plaît, murmura le cadet en venant mordiller la lèvre inférieure de Nam Joon ».

Ce geste électrisa le plus vieux de la tête aux pieds et il sentit une agréable chaleur se propager à l'intérieur de son corps. Comment arrivait-il à le faire réagir ainsi aussi vite ?

-« Tu es à moi et je ne veux pas partager.

-Encore une fois, insista Tae Hyung en déboutonnant un à un les boutons de la chemise de l'aîné.

-Tu es à moi et je ne veux pas partager ».

Satisfait, le plus jeune se jeta sur ses lèvres et il acheva de lui retirer son haut. Nam Joon serra davantage l'autre garçon contre lui, malaxant par la même occasion son postérieur rebondit, et il sourit en sentant son souffle s'accélérer. Il savait exactement où mais aussi de quelle façon le toucher pour lui faire perdre pieds, et il adorait en abuser. Les mains du cadet glissèrent lentement sur son torse nu, lui procurant de délicieux frissons, avant de s'arrêter sur la boucle de sa ceinture. Ce soir, ni l'un ni l'autre n'avait envie de perdre son temps ; ils voulaient oublier le cauchemar pourtant bien réel de la veille, oublier qu'ils auraient pu se perdre à tout jamais en un claquement de doigts mais ils voulaient surtout s'abandonner l'un à l'autre. Sans perdre une seconde de plus, Nam Joon se leva sans lâcher son partenaire et il se dirigea dans la chambre. Il déposa Tae Hyung sans réelle délicatesse sur le lit et revînt immédiatement se placer au-dessus de lui. Il le délesta de son tee-shirt ainsi que de son pantalon, et il prit quelques longues secondes pour l'observer. Bien proportionné et légèrement musclé, il était magnifique.

Et oui, il était hors de question que quelqu'un d'autre le voit ainsi.

Leurs lèvres se retrouvèrent pour une nouvelle danse endiablée tandis que leurs mains palpaient le corps de l'autre avec avidité et la température augmenta un peu plus entre eux. Nam Joon fit glisser sa bouche sur le torse du plus jeune, écoutant avec délice chacun des gémissements qui lui échappait, et il lui mordilla doucement la peau du ventre.

Mais, alors qu'il allait lui retirer son sous-vêtement, le téléphone portable de notre directeur se mit à sonner et il jura tout bas. Qui pouvait bien l'appelle à cette heure-ci ? Il choisit de l'ignorer et retourna embrasser son partenaire, mais le petit appareil commença à se manifester. Il se redressa sur les genoux, l'extirpa de la poche de son pantalon et son expression se figea lorsqu'il découvrit le nom affiché sur l'écran.

-« Qui est-ce ?, demanda Tae Hyung dans un soupir.

-... Maître Min, mon avocat.

-Alors décroche, c'est certainement important.

-Désolé bébé ».

Se levant, Nam Joon appuya sur le bouton vert de l'écran du téléphone portable et il se rendit dans la cuisine. Si son amant à moitié nu restait dans son champ de vision, il n'arriverait jamais à se concentrer correctement sur la conversation.

-« Bonsoir Monsieur Kim. J'espère que je ne vous dérange pas et je m'excuse déjà de vous appeler aussi tard, mais j'ai reçu tous les documents du commissariat dans l'après-midi et je dois vous parler ».

Je comptais juste m'envoyer en l'air pensa notre jeune homme en se pinçant l'arête du nez.

-« Bonsoir maître. Je vous écoute, que puis-je pour vous ? J'espère que notre cher capitaine Kwon n'a pas oublié de vous raconter la façon dont il m'a traité la nuit dernière. Je sais bien qu'il doit envisager toutes les possibilités mais je le pensais plus malin que cela.

-Ne vous en faîtes pas, je me suis fais un plaisir de lui rappeler où se situe exactement sa place. Et il est peut être un peu intelligent qu'il ne le laisse paraître parce que, et je suis de son avis, il y a quelque chose de louche concernant ce massacre.

-Comment ça ?

-Il y a de fortes chances pour qu'il y ait une taupe dans votre entreprise monsieur Kim.

-Pardon ?!, s'exclama Nam Joon stupéfait.

-Ecoutez, il serait préférable que vous passiez à mon bureau demain matin afin que nous parlions de cela à vive voix ».