4/ Tout entière

439 22 6
                                    

«Le Démon, dans ma chambre haute,
Ce matin est venu me voir,
Et, tâchant à me prendre en faute,
Me dit : " Je voudrais bien savoir,

Parmi toutes les belles choses
Dont est fait son enchantement,
Parmi les objets noirs ou roses
Qui composent son corps charmant,

Quel est le plus doux. " - Ô mon âme !
Tu répondis à l'Abhorré :
" Puisqu'en Elle tout est dictame,
Rien ne peut être préféré.

* *

Clémence Di Marzio

L'heure sur mon téléphone indique 19h22. La soirée a lieu à 20h00. En prenant en compte, le fait que j'ai quinze bonnes minutes de marche jusqu'à chez Ken, alors je vais être en retard. Je suis assise sur mon lit depuis bien trop longtemps à fixer mon dressing ouvert. Comme vous l'avez deviné, je ne sais pas comment m'habiller. Je sais que c'est une simple soirée de présentation et pas un gala mais je voudrais pas avoir l'air d'une cruche avec un simple jean. Mais en même temps, une robe pourrait donner l'impression que j'en fais trop. Je secoue la tête. Je suis pas possible à me prendre la tête pour des trucs aussi futiles.

Finalement, je me lève en un bond et attrape un chemiser blanc au manches transparentes et un jean sans trou noir. Je laisse mes cheveux s'évader sur mes épaules et applique une touche de mascara. Je ne suis pas du genre à me maquiller. Le seul truc que je mets c'est du mascara. Ça fait ressortir mes yeux verts mais c'est tout.

Je sors de ma chambre et vais dans l'entrée de mon appartement pour enfiler mes traditionnelles Converses hautes blanches pour ce soir.

Je vais ensuite m'assurer que la gamelle d'eau de Gibbs est pleine ainsi que celle de croquettes puis je lui fais quelques caresses. Il se colle à moi et je crois bien qu'il ne veut pas me laisser partir. C'est peut-être étrange de dire cela, mais Gibbs et moi avons une relation fusionnelle. Il comprend quand je ne suis pas bien et cela se fait ressentir sur son attitude.

-Je vais pas rentrer très tard, lui dis-je.

Il aboie et je lui embrasse le museau avant de me relever et d'aller enfiler mon manteau pour ne pas être plus en retard que je ne le suis déjà. J'enroule mon écharpe autour de mon cou et passe mon sac en bandoulière autour de mon corps.

Je peux enfin partir. Je descends les escaliers à vive allure et une fois dehors, je suis claquée par le froid qui m'attaque aussitôt. Je ferme bien mon manteau pour ne pas être malade et commence mon petit périple à travers les rues parisiennes.

La nuit de ce vendredi soir de novembre est tombée depuis déjà presque deux heures et seule la lumière des lampadaires éclaire mon chemin. Au bout de dix bonnes minutes, je tourne dans une rue et commence à regarder les numéros pour ne pas louper celui que Ken m'a indiqué. Le n°12.

Mon premier jour de travail pour Seine Zoo Records a lieu lundi. J'avoue que je stresse un peu parce que je vais passer de l'univers de la boxe à celui du rap et c'est quand même vachement différent. Après d'une manière générale, mes tâches seront les mêmes bien que Ken m'en a confié en plus. J'ai vraiment remarqué qu'il me faisait entièrement confiance et je ne voudrais pas le décevoir en faisant mal mon travail. J'ai toujours été perfectionniste et il faut que je le reste.

N°12.

J'entre le code que le rappeur m'a confié et pousse la grande porte de l'immeuble. Aussitôt, l'ascenseur me fait face. Mon regard dévie automatiquement sur les escaliers et j'avance vers eux.

Je commence à monter les escaliers et alors que je suis rendue à la deuxième marche, j'entends la porte de l'immeuble s'ouvrir derrière moi.

-T'es vraiment sûre de vouloir te taper six étages par les escaliers ? me demande une voix que je ne connais que trop bien.

Les Fleurs du Mal  // DEEN [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant