9/ Le poison

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« Le vin sait revêtir le plus sordide bouge
D'un luxe miraculeux,
Et fait surgir plus d'un portique fabuleux
Dans l'or de sa vapeur rouge,
Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.

L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes,
Allonge l'illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l'âme au delà de sa capacité
.

**

Clémence Di Marzio

Comme je l'avais prévu, ma mère n'arrête pas de m'appeler depuis hier soir. J'ai fini par mettre mon téléphone en silencieux. Elle m'a aussi envoyé des messages que j'ai lu et donc je sais qu'elle a vu que je les avais vu mais que je n'ai pas répondu. Toute la journée, elle a probablement dû se plaindre à ses patients de sa fille indigne et malpolie.

Pour ce qui est de ma journée, j'étais tellement énervée et en colère que j'ai dû me défouler. Alors j'ai fait le ménage dans tout l'appartement. Maintenant, il est nickel. J'ai aussi fait du tri en jetant des trucs inutiles dont je ne me sers pas. J'irai donner toutes ces choses à des associations quand j'aurai le temps la semaine prochaine.

Je suis dans ma cuisine réfléchissant à ce que je pourrai bien avoir le courage de cuisiner pour ce soir lorsque la sonnette retentit. Gibbs aboie. Généralement quand il aboie c'est que la personne derrière la porte n'est jamais venu ici.

Mon chien est très intelligent.

Je m'essuie les mains et me dirige vers la porte d'entrée. En ouvrant, je suis surprise de voir Hakim. Les mains dans les poches, il me sourit.

-Hakim ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Je m'écarte pour le faire entrer et referme la porte derrière lui.

-Je venais d'inviter à une soirée, annonce-t-il.

-T'aurais pas pu m'envoyer un message ? je demande.

Il esquisse un demi-sourire.

-Je voulais voir où tu habitais.

Je fronce les sourcils.

-D'ailleurs, comment tu as trouvé mon adresse ?

Il se gratte l'arrière du crâne, avant d'avouer, gêné :

-Il se pourrait que j'ai fouillé dans les papiers du studio pour trouver ton contrat et donc ton adresse, avoue-t-il.

J'explose de rire face à cet aveu. Face à quelqu'un d'autre, j'aurai probablement eu peur d'avoir à faire à un psychopathe mais là il ne s'agit que d'Hakim.

Je baisse les yeux et remarque alors que Gibbs est collé à la jambe d'Hakim. Il n'a pas aboyé une seule fois depuis que mon meilleur ami est entré. C'est vraiment étrange et en même temps ça veut dire qu'il aime bien Hakim, qu'il a senti qu'il ne me ferait pas de mal.

-Bon et c'est où cette soirée alors ? je demande soudainement intéressée par le fait de ne pas devoir faire à manger.

-Chez Deen. C'est à 10 minutes de là.

J'acquiesce.

-Je vais me changer, j'en ai pour cinq minutes.

Je pars vers ma chambre avant qu'il ne me réponde et quand je suis dans le couloir, j'entends :

-Ouais, ouais, vous les meufs vous dites cinq minutes mais nous on attend trente minutes, grogne-t-il.

Je rigole et attrape rapidement un pull et un jean que j'enfile aussitôt. Je détache mes cheveux et enfile des Converses. Résultat, cinq minutes plus tard et pas une seconde de plus, je suis de retour dans le salon sous les yeux écarquillés d'Hakim.

Les Fleurs du Mal  // DEEN [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant