« J'ai des problèmes, trop même, dans ma tête c'est le bordel
J'aimerai partir loin d'ici mais j'reste quand mêmeLe cœur touché j'ai plein de problèmes
J'm'esquive le soir, j'vois des gens qui se promène
Un peu d'espoir je m'accroche à la vie »* *
Clémence Di Marzio
La semaine a défilé à vive allure. Je n'ai quasiment pas vu les jours passer. Mes journées au studio ne m'ont pas paru longues et interminables. J'ai toujours eu quelque chose à faire comme Ken me l'avait promis. Le matin j'arrive vers 8h00 et je repars le soir entre 19h00 et 20h00.
Pendant la semaine, j'ai croisé tous les garçons à plusieurs reprises. Ils m'ont invité à une soirée demain soir. J'ai compris qu'ils n'avaient pas perdu cette habitude de faire des soirées pour tout et tout le temps. Déjà à l'époque, ils ne souciaient pas si le lendemain nous avions cours ou pas. Sauf que, ma mère, elle, elle savait que nous étions en pleine semaine et elle m'empêchait de sortir. En parlant de ma mère, cela fait trois jours qu'elle ne cesse de m'appeler et que je fais la morte en refusant l'appel. L'affront est inévitable, je le sais. Je repousse juste le moment.
En ce vendredi, il est 19h30 lorsque je ferme la session de l'ordinateur. Je suis en week-end. J'ai proposé à Ken de travailler le samedi mais le grec me l'a formellement interdit.
J'attrape mes affaires au moment où mon téléphone sonne. Je soupire et tente de l'attraper. Comme je ne suis pas ce qu'on pourrait appeler une fille douée, je décroche sans avoir vu qui tente de me joindre.
Putain de merde.
-Clémence ! Enfin tu daignes répondre à ta mère !
Je souffle déjà d'agacement et envisage de lui raccrocher au nez. Seulement, je crois que ça serait mille fois pire après. Je me prépare donc mentalement à passer les cinq minutes les plus horribles de la journée.
Je ne réponds pas et la laisse continuer. De toute façon, ma mère n'a pas besoin que je parle pour me sermonner. Je sais très bien ce qu'elle va me dire.
-ça fait une semaine que j'essaie de te joindre ! Tu refuses et ignores mes appels ! Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?
Je lève les yeux au ciel. Vas-y qu'elle joue les innocentes maintenant.
-Je sais pas, cherche bien, je suis sûre que tu vas trouver.
-C'est encore cette histoire avec Nonna ?
-T'inquiète pas pour ça, je te pardonnerai jamais ce que t'as fait ! je m'exclame alors que mes ongles s'enfoncent dans la paume de mes mains. Nan, cette fois c'est encore autre chose. T'aurais pas oublié de me donner un faire-part pour un mariage par hasard ?
Il y a un long silence pendant lequel je me demande même si elle n'a pas raccroché.
-Tu les a revu ? demande-t-elle presque horrifiée. Je savais que tu n'aurais jamais dû retourner à Paris. Tu vas revenir ici, à Strasbourg jeune fille !
J'écarquille les yeux.
-Maintenant tu vas m'écouter parce que je le répéterai pas deux fois. Ma vie est à Paris, avec mes amis et les gens que j'aime. Ensuite, j'ai 26 ans, pas 16, donc je fais ce que je veux. Je suis indépendante financièrement, je te dois rien. Donc, si tu veux m'appeler pour autre chose que m'engueuler, c'est tout à ton honneur mais moi c'est terminé. Je t'appelle plus. Au revoir.
Je raccroche et pose violemment mon téléphone sur le bureau. Je crois qu'en 26 ans, c'est la première fois que j'ose répondre ainsi à ma mère. Certes, quand j'étais adolescente il y a eu plusieurs fois où je me suis rebellée mais je n'ai jamais dit quelque chose de ce genre. Du genre, je coupe les ponts. Si elle n'a pas compris, c'est clairement ce que je viens de faire. Je sais que malgré mes mots, je vais encore avoir le droit à des appels et des messages me stipulant que si je ne m'excuse pas je n'aurai pas un sous de leur héritage, qu'ils s'arrangeront pour tout léguer à des associations.
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Les Fleurs du Mal // DEEN [TOME 2]
Fanfic"Toute rencontre est un risque; à la première minute, aux premiers mots échangés, l'histoire, déjà, est en marche." Raphaële Billetdoux Deen allait bientôt prendre conscience de cette phrase. A l'aube de ses 30 ans, le rappeur marseillais cherchait...