- Où est-ce que nous sommes ? Murmurai-je au sergent. Cependant, il n'avait pas l'air de m'entendre, ou peut-être qu'il ne voulait pas me répondre puisque après avoir récupéré ma valise, il s'avança vers ce qui me semblait être une porte d'entrée. Il était difficile de voir en cette nuit sombre et glaciale, néanmoins, je distinguai que derrière le grand portail, se trouvaient des champs. Il n'y avait pas de doutes, nous étions bien à la campagne. Mais pourquoi ? N'étions-nous pas censés allés à Berlin ? Etions-nous arrivés dans une auberge ? Non l'endroit ne serait pas aussi sécurisé que cela. Le vent hiémal me faisait trembler en outre de l'anxiété qui me trémulait. Je reculai soudainement après avoir ressenti un contact physique. Non, ce n'étaient pas ses mains... C'était le garde. L'homme fronça alors les sourcils face à mon geste involontaire.- Tout va bien Fräulein ? Il était évident que rien n'allait pour moi. Mais pour simple réponse, je secouai ma tête.
- Monsieur, où sommes-nous ? Instantanément, le sergent arrêta de marcher et se retourna. Alors, le garde le regarda avant de me regarder à mon tour. Le blond baissa sa tête. Pourquoi personne ne répondait ?
- Venez Fräulein, venez. Le garde me prit le bras gauche d'un geste délicat afin de me faire avancer. Je ne m'insurger pas. A quoi bon ? Je marchais avec la peur au ventre, or, cette peur s'amenuisa une fois entrée dans le bâtiment. Je n'en croyais pas à mes yeux. Pour la première fois depuis mon existence, je faisais face à un tel luxe. Nous avançâmes jusqu'à un bureau où était assise une secrétaire.
- Heil Hitler ! La voix du garde résonna laidement dans le hall.
- Heil Hitler. Répondit la femme aux cheveux gris-blonds. Voici donc notre Schwester ! S'exprima-t-elle en se levant de sa chaise. Elle fit le tour du bureau avant de s'immobiliser devant moi pour me reluquer de haut en bas. Quelle charmante demoiselle vous nous ramenez ! Occupée à regarder autour de moi, je ne l'écoutais pas vraiment. Un sol brillant, des meubles somptueux, des lustres rayonnants, des tableaux de notre grand Führer accrochés au mur... C'était un conte de fée. Merci Konrad, vous pouvez disposer. La femme prit le dossier que le garde lui tendait. Elle l'ouvrit et feuilleta les pages de celui-ci.
- Bien Frau Amberg. L'homme salua la femme en levant son bras droit, avant de disparaître.
- Pardonnez-moi, mais je crois que vous faites erreur. Dis-je en m'approchant davantage de la femme. Je devais aller à Berlin pour...
- Il est indiqué dans votre dossier que vous voulez exercer la profession d'infirmière, n'est-ce pas le cas ?
- Oui mais je...
- Donc il n'y a pas d'erreur, vous venez de me le confirmer. Elle referma d'un geste bref le registre en cuir brun.
- On m'a dit que j'allais pouvoir revoir ma famille. Réprimandai-je d'une voix perplexe. Tout d'un coup, des pas lourds se firent entendre des escaliers accompagnés d'hurluments. Je fus surprise de voir une femme vêtue d'une longue chemise de nuit blanche qui dévoilait son ventre arrondi. Une main sur la rampe, et l'autre sur ses lombes, elle descendait en grimaçant. C'est alors que je vis que le bas de sa chemise était toute trempée. La blonde était en train d'accoucher. Impossible de ne pas se poser des questions. Où étais-je ? La dame courra vers celle-ci en appelant des infirmières. Le sergent Falkenbach et moi restions figés en regardant la scène se dérouler sous nos yeux. Deux infirmières apparurent dans le hall. Aussitôt, elles l'accompagnèrent loin d'ici. Tout s'était déroulé si rapidement, que j'étais à présent seule avec le sergent. Lui, moi et le silence. Je lui en voulait avec Frau Eckert. Pourquoi ce mensonge ? Moi qui avait un espoir... A présent, néant. Au bout de quelques minutes écoulées en silence, la femme aux cheveux gris-blonds réapparut accompagnée d'une infirmière.
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L'Ange de l'Enfer
Historical FictionC'est l'histoire d'une adolescente dont la naïveté la condamnera à vivre les horreurs de la guerre, et de l'après-guerre. Contrainte d'abord de donner des enfants au Reich par sa pureté raciale, elle découvrira les terreurs d'une maternité, celles...