Chapitre 8

351 29 18
                                        




Je pouvais rester ici, à le regarder pendant des minutes, des heures, des jours... Une éternité. Le revoir un jour n'avait même pas traversé mon esprit, or il était là, en face de moi à me regarder. J'étais tout d'un coup si radieuse que je ne réussie pas à parler. J'avais sans doutes rougis, et il l'avait immanquablement remarqué. Était-il en train de me sourire ? Ou était-ce qu'une illusion ? Il y avait comme une bombe qui avait explosé dans mon ventre. Une bombe d'amour. Il était aussi beau que la première fois lorsque je l'avais vu sous la pluie, dans le terrain de sport. C'était comme un rêve. Mais un rêve qui était bien réel. Frau Eckert nous accompagna jusqu'à l'extérieur, ou la neige avait envahit la nature. Nous étions arrivés devant une voiture noire à l'extérieur du camp. L'automobile ne possédait aucune rayure et luisait comme les bottes de l'homme sous l'aurore.

- Herr Unterscharführer, j'ai quelque mot à vous dire. Dit Frau Eckert. Le SS me regarda avant de regarder à nouveau la Führerin. Ils commencèrent à s'éloigner de la voiture afin de discuter. Ils s'arrêtèrent loin de moi. Assez loin pour que je ne puisse pas les entendre. Je voyais les lèvres de Frau Eckert bouger, tandis que celles de l'homme bougeaient rarement. Les sourcils légèrement foncés, il tâchait de l'écouter attentivement. De temps en temps, leur regard se dirigeait vers moi, mais le blond posait ses yeux sur moi à peine quelque seconde. Je ne sais pas si je le mettais mal à l'aise, car moi aussi je n'osais le regarder. Ah cette sensation... Je ne saurais la décrire. Ma valise entre mes mains, le froid me mordant les joues, j'attendais. Des minutes plus tard, leur discussion avait pris fin. Je ne sentais plus mes doigts, ni tout le reste de mon corps d'ailleurs. Je tremblais comme une feuille sur une branche d'un arbre en plein automne. Ils avancèrent vers moi, et je n'ai pu m'empêcher de regarder l'homme. J'étais plus que séduite par son physique.

- Fraülein, donnez-moi vos bagages, je vous prie. Sans le quitter des yeux, je levai ma main. Il ouvrit le coffre de la voiture et prit la valise. Sa main frôla la mienne, et mon cœur commença à changer de rythme. Frau Eckert fit une action à laquelle je ne m'attendais pas. Elle me serra contre elle. Je fermai les yeux. C'était magique. J'essayai d'imaginer ma mère à sa place, mais ce fut un échec. Ces bras qui m'enlaçaient, cette main qui caressait ma tête, ne pouvaient être les siens. Car je n'ai aucun souvenir d'une chose pareille. Ce n'est pas le moment de pleurer.

Elle sortit une enveloppe brune de sa poche et me la tendit.

- Qu'est-ce ?

- Ouvre-la quand tu seras seule. Je pris l'enveloppe et la fit glisser dans ma poche.

- Merci Frau Eckert...

- Oh, nous ne sommes plus au camp tu sais, tu peux m'appeler Gerda. Dit-elle d'une voix si douce que je ne la reconnaissais pas. Pourquoi toute cette gentillesse ? Pourquoi toute cette affection ?  Il y avait quelque chose d'anormal, je le sentais dans sa voix et dans son regard. Prends soin de toi Hilda. Elle m'inquiétait, mais je ne m'en souciais guère davantage. C'était sûrement la fatigue qui me rendais ainsi. J'eus un sourire simulé, puis j'avançai vers la voiture. Assit au volant, le blond avait déjà démarré la voiture. J'ouvris la portière arrière de celle-ci, puis je montai. Je me tournai afin de regarder la femme à travers la vitre arrière. Les bras croisés, l'expression facial inquiet, elle avait l'air d'une mère qui se tourmenter du départ de sa fille. Elle était très jeune pour pouvoir être ma mère, mais je voulais penser ainsi, juste un instant du moins...

Mes yeux restèrent rivés sur elle, jusqu'à que l'automobile s'éloigna du camp. J'avais choisis de m'asseoir à droite afin de pouvoir regarder l'homme discrètement.



L'Ange de l'Enfer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant