Chapitre 3

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Alexander

« When the lights fade out
All the sinners crawl
So they dug your grave
And the masquerade
Will come calling out
At the mess you've made »
Demons - Imagine Dragons

Je ne peux pas y croire, je ne peux pas croire que mon paternel ait légué une part des éditions à la princesse des glaces. Dans mon esprit, un nombre incalculable de sentiments - tout plus différents les uns que les autres - se bouscule dans mon esprit.
La colère, l'incompréhension et la hargne grondent en moi. Pourtant, au beau milieu de tout ça, je crois ressentir, caressant mon être et apaisant ma fulmination, un soupçon de fierté. Elizabeth mérite d'être propulsée vers les plus hauts sommets. Sa carrière mérite de briller à la manière de son aura étincelant, éblouissant.
Mais en dépit de tout ça, en dépit de ma volonté de me réjouir pour elle, je la hais. Elle, mon salaud de paternel, ce connard de notaire. Je les hais tous.
C'était ma gloire.
Je signe les papiers en vitesse, ignorant les protestations de la princesse des glaces ainsi que les sourires plus que ravis de mon frangin.
Il me faut un effort incalculable pour ne pas craquer et libérer toute la rage bouillonnant en moi. Et lorsque je me sens enfin capable de quitter cette pièce sans arracher la putain de porte de ce putain de bureau, je bondis de ma chaise. Il me faut de l'air, je dois prendre une bouffée d'air frais avant de faire quelque chose que je pourrais regretter.
Une voix fluette résonne derrière-moi tandis que je quitte l'immeuble comme un dératé. Je n'y prête pas attention. Trop occupé à me demander si je m'apprête à fumer une cartouche entière de clopes ou bien à me soûler jusqu'à ne plus tenir debout.
Au moins, proche du coma éthylique, je ne risquerais la vie de personne d'important pour moi. Autrement dit, je ne risquerai ; ni d'envoyer valser la princesse des glaces sur les bibliothèques de ma piaule ni de m'en prendre à Félix.

- Alexander, gronde la voix fluette dans mon dos.

- Tires-toi d'ici, Elizabeth.

Mon estomac se noue. Je suis dure avec elle, mais merde, je n'ai pas le choix. Je refuse de l'exposer de nouveau à la créature inhumaine partageant mon corps. Ça m'est impossible. La briser un peu plus me tuerait à petit feu.
J'accélère la cadence, bien consciente que les bottes à talons d'Elizabeth ne lui permettent pas de me suivre. Et lorsque je passe enfin la porte de cet immonde immeuble aux senteurs de renfermé, je respire enfin, me laissant retomber sur un petit muret, tremblant toujours de colère. Extirpant une clope de ma veste de costume, je manque de la faire tomber plus d'une fois avant d'enfin parvenir à la porter à mes lèvres. La première bouffée me provoque une quinte de toux libératrice, presque agréable.

- Ok, je ne veux pas de cette part, j'entends résonner dans mon dos. Je ne veux pas de cette maison d'édition. Elle ne me revient pas.

Je ne me retourne pas, parce que si je le faisais, je voudrais prendre Elizabeth dans mes bras pour ne plus jamais la laisser s'en aller. Je voudrais lui hurler à quel point je l'aime et à quel point sa petite tête blonde me rend fou depuis le premier jour où j'ai eu le malheur de poser un œil dessus.

- Là-dessus, on est d'accord.

Tu n'es qu'un connard, Alexander. Un sombre abruti.
Ma réplique est sèche, mais elle ne se démonte pas. Bien au contraire. J'entrevois sa main apparaître dans mon champ de vision avant qu'elle ne vienne se saisir de ma clope, l'envoyant valser au beau milieu de la route.

- Tu n'es qu'un con, Alexander.

Encore une chose sur laquelle la princesse des glaces et moi sommes d'accord.

Horns 2 - Breaking Point |en pause|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant