Chapitre 18: ...rien n'est vraiment différent

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Le bruit des branches battues par le vent devient de plus en plus présent alors que la reine des Enfers s’avance dans la forêt de Greendale. Ce bruit, elle avait l’habitude de l’entendre, avant son couronnement, alors qu’elle vivait encore sur Terre. 

C’était celui qui l’accompagnait constamment lorsqu’elle allait au lycée, lorsqu’elle rentrait chez elle, où ne serait-ce que lorsqu’elle se reposait dans le jardin du manoir Spellman. Mais ce son avait été remplacé par le cri des âmes en souffrance qu’elle devait châtier tous les jours. Le bruit de la nature avait été remplacé par celui de la douleur. 

Et alors que le jeune fille avance dans la forêt aux côtés des mortels qui étaient autrefois ses amis, elle se demande pourquoi est-ce que ce bruit de feuille qui la rendait habituellement si heureuse la rendait à présent si… triste. 

C’est comme si elle n’avait plus le contrôle sur ses émotions. Elle détestait l’humanité, tout ce qui y était relié, et elle détestait avoir un jour été assez faible pour laisser ses sentiments s’exprimer, ou encore pour aimer qui que ce soit. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir mélancolique, de regretter. C’est comme si un fantôme de son passé restait constamment à ses côtés pour lui rappeler ce qui lui manque, sans qu’elle ne s’en rende compte. 

Ce sentiment de manque s’intensifie petit à petit, de plus en plus fréquemment alors qu’elle avance dans le forêt, et alors qu’elle repense à tout ce qu’elle y a vécu, et tout ce qu’elle n’y vivra plus jamais. Et en grandissant, il lui ramène d’autres souvenirs, des souvenirs qu’elle pensait avoir enterrés pour toujours. 

Les moments de joie lorsqu’elle était encore avec Harvey. Les blagues de son cousin Ambrose, qui la faisait toujours tellement rire. Les petits plats de sa tante Hilda. Le côté dédaigneux mais si attentionné de sa tante Zelda. Son amitié si précieuse avec Roz. Tout ce qu’elle avait partagé pendant ces dernières années remonte à la surface, et alors qu’elle pensait tout avoir abandonné, que tout ça n’était plus rien pour elle, elle perd le contrôle. En réalité, elle n’a jamais eu le contrôle sur ses sentiments, elle essayait juste de s’en persuader, pour ne pas souffrir.  

Elle s’arrête au bout de quelques instants, sentant une chaleur inconnue se déplacer sur sa joue, sans même comprendre ce qu’elle signifie. 

“Sabrina… tu pleures ?” lui demande Rosalind, étonnée à la vue de la larme unique qui coule le long de la joue de la reine, habituellement si froide. Tout cela n’a aucun sens, Sabrina prétendait constamment n’avoir plus aucun lien avec la Terre, plus aucune attache, alors pourquoi pleurait-elle ? 

“Non… enfin, oui, mais je ne sais pas pourquoi. C’est comme si… c’était quelqu’un d’autre qui pleurait à ma place.” dit-elle d’un ton si froid qu’on croirait entendre une machine parlait. Elle était réellement dans l’incompréhension, et ne savait pas d’où pouvait venir cette larme. 

Mais elle finit par simplement la balayer, refouler tous les sentiments et souvenirs qui venaient de remonter à la surface, et se remet à marcher en compagnie des mortels en direction du manoir Spellman, où le monstre dont ils lui avait parlé était censé se trouver. 

Cependant, quoi qu’elle fasse, ces sentiments qui la rongent de l’intérieur sont si puissants qu’elle ne réussit pas à les faire disparaître totalement. Et même si elle essaie de se persuader qu’elle s’en est débarrassé, ils sont toujours là pour la hanter. Tout ce qu’elle peut faire, c’est avancer la tête haute, et prétendre que ce qui se passe autour d’elle ne l’atteint pas, et qu’elle est aussi froide que les gens le pense. 

Prétendre. Encore et toujours prétendre. Depuis qu’elle s’est planté cette satanée flèche de Cupidon dans le bras, tout ce que Sabrina fait est synonyme de mensonge et de manipulation. Tout ce qu’elle voulait à l’origine, c’était faire disparaître ses sentiments pour le prince des enfers, car elle n’arrivait pas à vivre avec. Mais en réalité, elle en souffrait bien plus à présent. Ils étaient toujours présent, mais elle n’en avait pas conscience, et elle ne les comprenait plus.

En avançant vers la résidence des Spellman à travers la nuit noir, les cris du monstre se font de plus en plus présents, et ils ressemblent presque à des mots. Au premier abord, la jeune reine ne les voit que comme des cris animaux, mais petit à petit, alors qu’ils deviennent plus clairs, elle finit par leur trouver quelque chose de familier, comme si elle connaissait cette voix torturée. 

Mais c’est impossible, pourquoi la reine des enfers connaîtrait-elle la voix d’un monstre ? En fait, ce serait logique, étant donné que le monstre est censé être à sa poursuite.

Au bout de quelques minutes, ils arrivent devant le manoir Spellman, qui n’a plus rien de similaire à celui dont Sabrina se souvenait. La belle demeure du passé semble désormais en ruine, comme si quelque chose l’avait attaqué. Un trou énorme se trouve en particulier au-dessus de l’ancienne chambre de la reine. 

Tout cela n’est pas si étonnant que ça, puisque les soeurs Spellman doivent désormais s’occuper de l'Église de la nuit à plein temps, et qu’avec tous les problèmes que leurs causent les Païens, elle n’ont plus le temps de se rendre dans leur maison familiale. 

A la vue de ce paysage de cauchemar, le visage de la jeune Spellman passe par de nombreuses émotions sans qu’elle ne s’en rendre compte: surprise, tristesse, doute, regret, peur. La maison où elle avait passé presque toute sa vie était désormais en ruine, et elle avait l’impression qu’on lui avait arraché tout son passé d’un coup, sans lui demander la permission. 

Cependant, la chose qui surprit le plus la jeune femme ne fut pas la maison de son enfance en ruine, mais bien la silhouette qui se trouvait devant. Ce qu’on lui avait décrit comme un monstre avait une forme humaine. Mais en se rapprochant de lui, il y avait quelque chose de différent. 

Ce n’était pas exactement un humain. Enfin, plus exactement un humain. Il en avait le corps sous bien des aspects, mais sa démarche bancale et ses tremblements compulsifs n’étaient pas ceux d’un homme.

Il avait de long cheveux noirs négligés et salis par la boue, et une tenue déchirée en tous points. Mais malgré tout cela, son regard ne pouvait mentir, et la reine des enfers l’avait immédiatement reconnu. Il ne s’agissait pas d’un simple monstre, mais d’un sorcier. Un sorcier qu’elle avait fait souffrir inutilement, et pour qui tous ses anciens sentiments avaient disparus. 

Le monstre de Greendale n’était autre que Nicholas Scratch. 

***

Voila enfin le 18ème chapitre ! Je suis vraiment désolé de tout ce retard, j'avais un peu perdu la motivation.

Je ne sais pas vraiment quoi penser de ce chapitre. J'aurais probablement pu le travailler un peu plus, mais je vous avoue que je n'avais pas vraiment le courage de passer des heures et des heures dessus ^^'

Dans tous les cas, l'histoire suit le cours que j'avais prévu à l'origine ! Est-ce que vous avez été surpris par l'identité du monstre ? Vous découvrirez dans le prochain chapitre ce qui lui est arrivé :)

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