Le Repaire des Sorcières

Chapitre 14

Des résultats intéressants venaient d'être trouvés. Il y avait bien une substance organique anormale sur la plupart des plants que les sorcières récoltaient lors de leurs missions. Ce produit n'était pas présent sur les plants récupérés en ville ou dans des terrains éloignés de terres cultivées. À partir de nombreux plants de pâquerettes fournis au laboratoire de Maria, les scientifiques avaient réussi l'exploit d'extraire et d'analyser les composés chimiques anormaux.

D'un autre côté, après une analyse approfondie des cultures où apparaissaient le plus de spectres, il en était ressorti que tous utilisaient le même pesticide. Celui-ci avait été également analysé et contenait la substance organique découverte par les scientifiques sur les plants de pâquerettes. Le GrowMore était une toute nouvelle gamme développée par une entreprise française. C'était la première année qu'il était commercialisé et sa vente se limitait à la France. Si ce produit était effectivement le coupable, cela expliquait qu'il n'y ait qu'un pays touché par la déferlante de spectres.

- On fait des recherches sur les cultures et on se renseigne, pour savoir si certains terrains sont traités avec le même pesticide, sans le problème de prolifération de ces abominables créatures. Tout est passé au peigne fin pour s'assurer que ce pesticide est un coupable sérieux, expliqua un statisticien à une Mélody passionnée.

- Afin de pouvoir incriminer le GrowMore de manière certaine, la dernière étape consiste à traiter des plants sains avec ce pesticide en laboratoire, sous contrôle, afin de vérifier s'il est bien la cause d'une multiplication anormale des mutations, ajouta Maria. Mon laboratoire a créé une installation afin de faire ce test en toute sécurité. Des sorcières surveillent les plants nuit et jour pour détruire tout spectre qui apparaîtrait dès sa formation.

Il y avait enfin un coupable potentiel à ce problème de taille. Même s'il fallait encore le confirmer, c'était déjà une nouvelle très encourageante pour l'ensemble de la communauté qui travaillait d'arrache-pied. Bien sûr, même si ces suppositions étaient avérées, il resterait encore beaucoup à faire, mais au moins ils sauraient à quoi s'en prendre. Toute avancée était la bienvenue. La petite blonde suivait tout cela avec beaucoup d'intérêt. Plus les scientifiques faisaient de découvertes et expliquaient comment il les avaient faites, plus son envie de devenir biologiste grandissait. Elle ne savait pas que c'était possible d'être encore plus impatiente qu'elle ne l'était déjà au moment de choisir son orientation.

La grande majorité du temps, Mélody partait en mission avec Clara, qui en profitait pour la former sur le terrain. Mais l'étudiante était bien moins expérimentée que sa professeure, et se fatiguait plus rapidement. La gérante du Repaire des Sorcières alternait entre de nombreuses coéquipières au cours de la journée.

Un spectre était apparu non loin d'une ferme avec du bétail. Clara, Nina, Mélody et Alexia formaient l'équipe chargée de l'éliminer. Le voyage aller était toujours un peu tendu. Dans ce cas en particulier, les sorcières avaient peur de se retrouver face à un spectre de taille conséquente. La brunette donna donc quelques conseils de dernières minutes à son élève, pour s'assurer qu'elle était prête à toute éventualité.

Arrivées sur place, elles eurent la bonne surprise de constater que le spectre n'avait tué qu'une seule chèvre. Les quatre sorcières encerclèrent rapidement le nuage iridescent pour éviter qu'il ne s'en prenne aux bêtes affolées qui couraient dans tous les sens. Elles modelèrent un dôme résistant qu'elles placèrent au-dessus de la créature. Elle se débattit, mais sa prison était résistante. En quelques minutes, l'être cauchemardesque fut vaincu. Se débarrasser de cette chose avait été plus simple que prévu. Comme d'habitude, les sorcières et leurs chats déracinèrent le plant de pâquerettes muté. Le retour était bien plus enjoué que l'aller. Les sorcières souriaient et étaient d'humeur à plaisanter. Nina en profita pour se confier à son amie d'enfance.