Ersatz d'hululement

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Poirot grogna. Là, il avait vraiment fait fort. C'était bordélique au possible. Le détective faisait toujours très attention à son vocabulaire châtié et jamais un gros mot n'effleurait ses lèvres. Mais c'était le seul qui lui avait traversé l'esprit. Bordélique !

Il ne voyait même plus le petit tapis de laine sur lequel il avait plaisir à déposer sa plante de pied le matin au sortir du lit. Il avait disparu sous le tas de vêtements qu'il avait jeté au sol.

Il n'osait imaginer Miss Lemon découvrant la chambre dans cet état. Elle avait blêmi à la vue de la cuisine. Là ce serait l'apoplexie pour sûr.

Il avait poussé l'expérimentation un poil trop loin, pensa-t-il. Amelia ne serait pas à ce point désorganisée... envahissante... obsédante...

De toute façon, nul n'entrait dans la chambre de Poirot, dans son intimité. Pas un homme. Pas... une femme. Depuis si longtemps... Il soupira et alla enfiler ses chaussures qu'il agrémenta de ses blanches guêtres à boutons.

***

- Lady Jasmine.

Un immense sourire envahit le visage de Hastings resté seul avec la jeune femme.

Miss Lemon avait rejoint la cuisine où elle devait s'activer à faire du rangement. Et il y avait de quoi faire. On entendait les casseroles et les faitouts s'entrechoquer.

- Madame.

Lady Jasmine et le capitaine se retournèrent sur un Hercule Poirot fringant. Hasting soupira de satisfaction à la vue des chaussures étincelantes de son ami. Il retrouvait Son Poirot.

- Monsieur Poirot. Veuillez excuser ma venue si matinale... sans le moindre rendez-vous. Mais j'avoue m'être décidée sur un coup de tête.

- Aucun souci. Asseyez-vous. proposa le détective lui indiquant le canapé crème en bois de rose.

Elle alla s'asseoir, suivie de près par Hastings.

Poirot s'installa à son tour dans le fauteuil assorti qui faisait face.

- En quoi Poirot peut-il vous être utile ?

Lady Jasmine dodelina. Elle semblait très embarrassée.

- N'hésitez pas à parler. Poirot est un homme de confiance et d'une extrême discrétion. tenta de rassurer Hastings qui lui avait saisi la main et la serrait fermement.

- J'ai quelques soucis avec... un homme...

- Edward Pritchard. coupa Poirot, le visage impassible.

- Oui. murmura-t-elle.

- Poursuivez. invita-t-il.

- Et bien... Tout a commencé il y une petite semaine...

- C'est à dire ? coupa à nouveau Poirot.

Hastings fronça les sourcils. Il ne comprenait pas et surtout n'appréciait guère la froideur de son ami envers cette jeune femme aux abois auquel il n'était pas insensible.

- C'était il y a six jours...

- Samedi dernier. précisa le détective.

- En effet, j'assistais à la British Empire Exhibition de Wembley pour y retrouver Paul Poiret. Il m'avait demandé de porter une de ses dernières créations... C'est un grand couturier français. Très talentueux ! On le dit précurseur en cette période d'émulation créatrice...

- Poiret, Poirot... Comme c'est cocasse. intervint Hastings.

- Je ne trouve pas. Deux grands talents qui ont des noms très semblables. sourit le détective.

Poirot : Une Pause À Helmsley (1ère Partie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant