Poirot : Une Pause À Helmsley (1ère Partie)

Blanc(he) comme neige....

- Vous l'aimez très sucré, je crois. sourit Amelia.

- En effet. Avec cinq carrés.

La jeune femme déposa délicatement et un à un les petits cubes roux dans le breuvage doré sous le regard transi du détective.

Elle le sentait et n'osait relever les yeux.

Elle se versa une tasse également. Mais ni sucre ni nuage de lait.

- Comment va votre épaule ? demanda-t-elle lui offrant enfin ses jolis yeux.

- Mieux. Demain il n'y paraîtra plus rien.

- Votre dos, il y quatre jours et maintenant votre épaule. Vous êtes soumis à rude épreuve. soupira-t-elle en s'asseyant au bureau face à lui.

- J'ai connu bien plus lourde blessure.

- Votre jambe... remarqua-t-elle en agitant lentement sa cuillère dans sa tasse sans qu'il n'y ait réelle raison de le faire.

Poirot se raidit et fronça les sourcils.

- ...Oh. Pardon. Je ne voulais pas... C'est que j'ai vu que... Et votre canne... C'est si maladroit. Pardon.

Elle avait pali et maintenant elle rosissait.

- Il n'y a pas de mal... Un éclat d'obus lors d'une opération sur un village... J'ai eu la chance d'être rapidement pris en charge puis expatrié en Grande-Bretagne... La guerre a fait des ravages et nombreux de mes compagnons ont perdu bien plus encore.

- Oui. La guerre nous prend tant... murmura-t-elle la gorge nouée.

- ...Et au final, c'est elle qui m'a amenée moi aussi sur cette île. Nous avons quelques points communs.

Son visage s'illumina à nouveau. Et Poirot en était fort aise.

Amelia faisait la météo sur son for intérieur. Quand elle souriait, il lévitait. Quand elle était triste, il suffoquait. Si elle s'absentait, il dépérirait.

Il n'avait pas l'habitude de dépendre ainsi de quelqu'un. Il était perdu. Il avait toujours eu coutume de masquer ses émotions et de regarder les femmes tel un spectateur au loin.

Mais Amelia l'obligeait à se découvrir, à monter sur scène pour jouer un rôle.

***

On sonna à la porte. Et déjà la voix de Japp retentit dans le couloir.

- Bonjour Inspecteur. sourit Poirot qui glissait nonchalamment les documents dans son grand tiroir.

- Où est-il ? grogna le policier suivi de Miss Lemon qui n'avait pu le contenir.

- Qui donc ? répondit avec détachement le détective.

- Personne ! Je parle du dossier !

- Quel dossier ? poursuivit Poirot.

Miss Lemon et Amelia retenaient leur souffle.

- Quel dossier ?! Mais celui que je vous ai remis avant hier, grand Dieu.

Les deux femmes se regardèrent rassurées.

- Mais pourquoi, Diable, êtes-vous si pressé de le récupérer ? Cette vieille affaire...

- ... Fait des petits ! Et justement vous vous penchez sur le sujet, Poirot !

Japp était remonté comme un coucou suisse.

- Fait des petits ? répéta Poirot qui venait de se lever et avançait vers le salon pour rejoindre l'inspecteur toujours debout entre le fauteuil et le canapé. Il s'assit et lui fit signe d'en faire autant.