Cela sent le cramé !

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- Et vous la laissez partir ?

- Hastings, si cela vous importe tant, proposez-lui de l'héberger !

Le capitaine soupira. Poirot n'était plus du tout raisonnable. Mais que lui prenait-il ?

- Et que direz-vous à Lord Raoding ? Je présume que cela va le contrarier au plus haut point. Il n'allait pas confier sa nièce à n'importe qui. Il doit avoir une immense confiance en vous.

- Comme l'a dit mademoiselle Perrier, elle n'est plus une gamine. Elle n'a donc pas besoin d'être confiée !

Poirot avait appuyé sur certains mots, trahissant sa vive colère.

Il était toujours assis à son bureau et ne semblait pas décidé à en bouger. Pas plus qu'il n'était décidé à changer de position quant au départ de la jeune femme.

- Vous n'êtes qu'un vieux grincheux têtu !

Hastings avait osé.

Poirot était sonné. Les propos puissants de son associé avaient eu l'effet d'une bombe dont le souffle l'avait propulsé au fond de son fauteuil. Jamais Hastings ne lui avait parlé ainsi. Jamais personne ne lui avait parlé ainsi.

- Poirot n'est pas un vieux grincheux têtu !

- En tout cas, il se comporte comme tel... Le message a volé. Nous ne l'avons pas vu... Cela méritait-il tant d'énervement ?... Si vous laissez partir Amelia maintenant, plus jamais vous ne la verrez.

Hastings se dirigea vers la fenêtre. Il l'apercevait du haut de l'immeuble. Elle attendait sur le trottoir que le cab la récupère.

- Alors êtes-vous décidé ? insista-t-il.

Mais point de réponse. Il se retourna. Le siège était vide. Poirot avait disparu. Il jeta un œil par la fenêtre.

Il devina le crâne dégarni de son ami qui sortait rapidement du bâtiment.

Un sourire s'afficha sur le visage de Hastings. Poirot avait retrouvé la voie de la raison. Ou plutôt avait-il accepté d'écouter la voix de la passion...

***

- Que puis-je encore pour vous, monsieur Poirot ? lança-t-elle froidement, relevant le menton et regardant au loin si son taxi n'arrivait pas.

- Hercule. Pas monsieur Poirot... Je me suis inquiété tout à l'heure.

- Il n'y avait aucune raison !

- Permettez-moi d'en être juge. Londres est une grande ville avec ses dangers...

- Je ne suis allée qu'au marché...

- Laissez-moi vous faire découvrir Mon Londres.

Un klaxon annonça l'arrivée du cab qui stationna juste devant eux.

Amelia ne répondit pas et ouvrit la portière. Poirot mit une résistance et la referma aussi vite.

- Je vous prie d'excuser mon emportement. Vous n'étiez pas là... et Poirot a paniqué. Je... balbutia-t-il.

- C'est moi qui suis désolée... coupa-t-elle.

- ... Je n'aurais pas dû tenir de tels propos et j'aurais pu attendre votre retour pour sortir plutôt que m'en aller ainsi...

Tous deux étaient confus.

- Y'a une course à faire ou pas ? grommela le chauffeur.

Poirot posa un regard tendre sur Amelia.

- Non, il n'y a plus de courses. dit-elle.

- Bah, ça sera quand même cinq shillings pour le déplacement, faut pas se moquer du monde !... s'énerva le type.

Poirot : Une Pause À Helmsley (1ère Partie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant