Chapitre 9

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- Ellie Samuel -

La bombe que j'avais lâché avait mis un temps à être digérée, la plupart avait choisi de se murer dans le silence, peut-être que c'était plus facile d'accepter la réalité dans la solitude. Peut-être... Mais cela ne m'aidait aucunement à relativiser, ils ne me détestaient pas malgré les mensonges et les non-dits, ils étaient surtout...tristes...

Enfin, je ne pouvais que le supposer, car la douleur m'avait clouée à mon lit durant des jours à la suite de cet événement, me poussant à la rétrospection involontaire de mes idées les plus obscures. Elles tournaient en boucle, ricochaient contre les parois de mon cerveau. La migraine avait raison de ma lucidité, les anti-douleurs commençaient doucement à me pousser aux abîmes de la folie. Raven était le seul à faire acte de présence, cependant, ma clairvoyance atrophiée m'avait petit à petit fait perdre la notion du temps et la grande majorité de mes sens. Le plus dur a certainement été de me découvrir sourde, ne plus rien entendre du monde autour de moi n'avait fait qu'accentuer mon pessimisme naturel.

Une semaine avait fini par passer sans que rien n'évolue, ni ma santé, ni mon humeur. Et puis... Alors que tout semblait perdu, la fameuse rémission a fait son entrée dans l'équation. D'un jour à l'autre, tout est allé mieux. Je me suis levée un matin sans difficultés et je suis parvenue à marcher sans trébucher. La Voix savait aussi bien que moi que ce n'était pas durable, le calme avant la tempête, la pause avant que tout n'empire...

Raven, qui n'avait pas bougé de mon chevet, est resté bouche bée devant cet apaisement soudain. Dans son élan de joie, il m'a serré dans ses bras et m'a embrassé. Sur le moment, j'ai brièvement reculé, mais il m'a retenu contre lui en me murmurant des mots dont je n'aurais jamais cru Raven Stall capable.

-Ellie, tu te souviens de ce soir-là, à l'armurerie ? Où je t'avais dit que tu ne cherchais qu'à combler le manque d'Aiden... Et bien je crois que j'essayais surtout de me convaincre qu'une fille telle que toi ne pouvais pas tomber amoureuse d'un mec comme moi.

-Raven... Qu'est-ce que tu... Je ne peux pas, je ne veux pas que tu me vois comme un fantôme bouffé par ses propres souvenirs, c'est ce qui va arriver, ce n'est que provisoire, je ne peux pas te laisser souffrir pour moi...

Il a resserré la pression autour de mes poignets, comme s'il désirait laisser son empreinte sur ma peau. Je n'ai plus bougé, restant stoïc et attendant qu'il se décide à parler de nouveau :

-Quoiqu'il arrive, je serai là. Si tu dois mourir, je serai là, si tu dois vivre, je serai là, si tu dois te battre, je serai là. Je t'en fais la promesse, sur ma vie, je resterai toujours près de toi. Peu importe ce que tu dois endurer et à quel point ça fera mal, je t'aiderai à faire face.

-Oh Raven, me suis-je exclamée, sur le point de défaillir, tu es devenu complètement...

La porte s'était ensuite ouverte sur Xavier et Irina Stall, dont les visages se trouvaient à mi-chemin entre le dégoût et la joie. J'avais immédiatement su que quelque chose n'allait pas, je ne savais dire quoi, mais je le sentais, c'était là, au fond de mes tripes.

-Ellie... Il s'est passé quelque chose, on la tient, ça y est !

Nous avions tous accourus dans la salle informatique où attendaient déjà les autres membres du Conseil, enfin... Il manquait Arashi, mystérieusement absente.

Xavier a sorti une clé USB de sa veste et l'a inséré dans le port de l'ordinateur, à cet instant, sans comprendre pourquoi, j'ai ressenti une vive douleur à la poitrine, comme si l'on me lacéré le cœur à l'aide de griffes acérées. Par fierté, j'ai fait en sorte de masquer les symptômes d'une pénible suffocation.

Âme d'Argent : La CibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant